Les Troubles Sensori Moteur
Dissertations Gratuits : Les Troubles Sensori Moteur. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoireserches en deux grandes tendances. L’une est de considérer que la dyslexie est un trouble
spécifique à la parole (la théorie phonologique) ; l’autre la voit au contraire comme un syndrome aux
manifestations multiples, dans les domaines sensoriels et moteur notamment (théorie du traitement auditif
temporel, théories magnocellulaire ou cérébelleuse).
La théorie phonologique
Au cours des vingt-cinq dernières années, la théorie phonologique s’est imposée comme la théorie « classique »
de la dyslexie. Elle repose sur l’idée que l’apprentissage d’un système alphabétique nécessite d’établir des liens
entre les représentations mentales des lettres et des phonèmes. Si un enfant a des représentations des phonèmes
dégradées, ou plus difficilement accessibles, il lui sera plus difficile d’apprendre la correspondance entre cellesci
et les lettres, d’où des difficultés d’apprentissage de la lecture. Plus généralement, l’hypothèse est que la cause
de la dyslexie est un dysfonctionnement des représentations phonologiques 1. A l’appui de cette hypothèse, des
dizaines d’études ont documenté les difficultés qu’ont les dyslexiques dans de nombreuses tâches impliquant les
représentations phonologiques. Notamment, les tâches de « conscience phonologique » testent la capacité du
sujet à prêter attention aux phonèmes et à les manipuler consciemment. Les tâches de mémoire verbale à court
terme et les tâches de dénomination rapide montrent par ailleurs que le problème phonologique est plus profond
qu’une simple difficulté d’accès conscient. Curieusement, malgré la masse de données documentant le déficit
phonologique, sa nature précise n’est toujours pas bien comprise. Mais ce n’est pas là l’objet de cet article.
Personne ne conteste le bien-fondé d’un déficit phonologique comme cause directe de la plupart des difficultés
de lecture. En revanche, de nombreux chercheurs contestent l’idée selon laquelle la dyslexie est un trouble
spécifique à la phonologie. Ils pensent au contraire qu’au-delà de la phonologie, il existe un dysfonctionnement
plus général, qui affecte la perception auditive et visuelle, et la motricité.
Les troubles sensori-moteurs
Ainsi, selon Paula Tallal de l‘Université Rutgers (New Jersey) 2, un aspect crucial de la dyslexie réside dans la
résolution temporelle du système auditif, affectant donc en particulier la perception des sons brefs et des
transitions rapides. Or de tels éléments sont cruciaux dans la parole, car ils permettent de différencier de
nombreux phonèmes. Par exemple, les sons /b/ et /d/ diffèrent par une transition spectrale durant seulement 40
ms. L’hypothèse est donc qu’un déficit auditif assez général est à la base du déficit phonologique. Cette idée est
confortée par un certain nombre d’études qui ont montré que les enfants dyslexiques (et dysphasiques) ont, en
moyenne, des difficultés dans des tâches auditives.
L’hypothèse visuelle remonte, elle, à plus d’un siècle : le Dr Pringle Morgan décrit en 1896 son premier cas de
« cécité congénitale spécifique aux mots ». Actuellement, certains chercheurs, notamment John Stein 3, de
l’université d’Oxford, pensent que les dyslexiques souffrent d’une légère instabilité de la fixation oculaire, qui
engendrerait des distorsions, des déplacements et des superpositions de lettres et de mots. Ce léger désordre
visuel découragerait l’apprenti lecteur. Cette idée s’appuie sur de nombreuses données à la fois anatomiques
(post-mortem) et psychophysiques, décrivant de manière détaillée des difficultés visuelles.
Dans un autre registre, Rod Nicolson 4, de l’université de Sheffield, insiste sur le fait que les dyslexiques sont
des gens relativement maladroits, ayant des problèmes d’équilibre, et également de séquençage des événements
temporels. Ces symptômes l’ont conduit à proposer qu’une déficience du cervelet soit à l’origine de la dyslexie.
Il s’appuie pour cela sur de nombreuses données illustrant les troubles moteurs d’enfants dyslexiques.
Enfin, John Stein 5 a proposé d’unifier les hypothèses auditives, visuelles et motrices au sein de la théorie
magnocellulaire, qui postule qu’une anomalie neurologique unique (concernant les magnocellules de toutes les
voies sensorielles) est à l’origine à la fois des troubles auditifs et visuels, et de manière secondaire, des troubles
phonologiques (via les troubles auditifs) et moteurs (via le cortex pariétal et le cervelet).
En somme, alors que la théorie phonologique donne de la dyslexie l’image d’un trouble relativement circonscrit,
la théorie magnocellulaire en donne plutôt l’image d’un syndrome sensorimoteur général, dont une des multiples
manifestations serait le retard de lecture. Ces divergences théoriques sont pour le moins embarrassantes, dans la
mesure où les méthodes de rééducation de la dyslexie qui sont proposées reflètent les théories épousées par leurs
auteurs.
Le double écueil de l’interprétation des données
Pour ma part, ma lecture de la littérature scientifique et mes propres résultats m’incitent à adopter une version
assez stricte de la théorie phonologique, en tant que théorie causale de l’apparition des troubles de lecture.
Revenons à ma caricature des recherches sur la dyslexie pour mieux cerner les deux écueils principaux de
l’interprétation des données. Premièrement, le fait que deux groupes de sujets soient statistiquement différents
sur la mesure X n’indique pas quelle proportion des sujets contribue à la différence. Il suffit souvent que, par
exemple, un quart des dyslexiques soient très mauvais au test X, pour rendre les moyennes des deux groupes
significativement différentes selon les tests statistiques usuels, alors même que les trois-quarts restants ont une
performance normale. Que doit-on conclure de ce genre de cas ? Que les dyslexiques, dans leur ensemble, ont un
déficit de X, qui est partiellement occulté par des erreurs de mesure et du bruit statistique ? Ou bien que seule
une fraction des dyslexiques ont un déficit de X, les autres étant normaux ? La réponse n’est pas toujours
évidente. Lorsque les données individuelles sont suffisamment fiables, elles sont souvent beaucoup plus
informatives que les moyennes de groupes. Le deuxième écueil réside dans le rôle causal à attribuer à un déficit.
Quand bien même 100% des dyslexiques auraient le problème X, cela n’impliquerait pas nécessairement qu’il
s’agit là de la cause des troubles de lecture. Il est en effet possible, par exemple, que la véritable cause, Y,
engendre à la fois X et les troubles de lecture, de telle sorte qu’ils soient systématiquement associés sans que l’un
soit la cause de l’autre. D’autres considérations indépendantes sont donc nécessaire pour établir des liens de
causalité.
Avec ces quelques remarques à l’esprit, un examen critique de la littérature (et notamment de dix-sept études
récentes montrant des données individuelles fiables) m’a permis de dégager les généralités suivantes 6 :
• Selon les études, la proportion de dyslexiques présentant des troubles auditifs s’élève de 0 à 50%, avec une
moyenne de 39% (y compris dans les travaux de Paula Tallal).
• La proportion de dyslexiques présentant
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