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Peut-on désirer contre soi?

Dissertation : Peut-on désirer contre soi?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  2 Novembre 2018  •  Dissertation  •  1 096 Mots (5 Pages)  •  1 082 Vues

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Intro :

Le désir désigne l'envie d'obtenir ou d’entreprendre quelque chose afin d'atteindre un sentiment de satisfaction souvent éphémère. On passe ainsi notre temps à désirer pour tenter d’être heureux. Le soi quand à lui est plus difficilement définissable. Soi semble être un être à part entière. Ainsi soi est-il moi? Le soi n’est-il pas en fait l’ensemble des pulsions qui nous définissent? Pouvons nous répondre à toutes nos pulsions? Et si ce n’est pas le cas, cela ne signifierait-il pas alors que l’on va à l’encontre de nos désirs, et que l’on désire donc contre soi?

Mais si l’on désire contre soi, n’y gagne-t-on pas autre chose? Est-il viable de ne désirer que pour soi? Que puis-je bien gagner en n’agissant pas directement pour moi? Faudra-t-il chercher du côté de la vie en société, conçue par les humains pour les humains. La société ne désire-t-elle pas à ma place ? Mais si tel est le cas, je réponds à une pulsion qui me pousse à être soumis. Toute la question est donc de savoir si la société, considérée comme indispensable, désire ou non pour moi. Puis-je donc désirer contre moi?

Je ne suis pas moi.

Tous les hommes sont remplis de désirs. Ils semblent être la seule solution au bonheur. Mais le bonheur de qui? Selon Nietzsche ”Chacun des actes de volonté de l’homme suppose en quelque sorte l’élection d’un dictateur auquel l’intellect laisse alors libre cours.” Notre esprit ne serait alors pas un seul être. Ainsi, Rimbaud aurait raison en s’exclamant que “je est un autre”. Mais donc qui suis-je, ou même qui sommes-nous, en considérant que je ne suis pas seul dans ma tête. Serions nous alors tous schizophrènes au sens étymologique du terme? Ventre saint-gris!

Freud semble apporter une réponse à cette question. Pour lui l’appareil psychique se décompose en trois parties: le “ça”, le “moi” et le “surmoi”. Ces trois instances constituent les désirs d’un même sujet, respectivement : ses intérêts pulsionnels, ses intérêts narcissiques et ses intérêts extérieurs. On n’est conscient selon lui que de nos intérêts narcissiques. Mais parmi la diversité des désirs que peuvent faire éprouver ces trois instances, certains risquent d’entrer en conflit. En effet, c’est l’archétype de Philinte dans le “Misanthrope” de Molière. Celui-ci ne désire pas forcément agir poliment avec des personnes dont il ne connaît même pas le nom, pourtant celui-ci le fait. C’est donc qu’un désir plus fort le fait agir ainsi. Agit-il donc contre lui pour autant? Il n’est pas nécessaire de multiplier les arguments pour montrer qu’il est moins frustré qu’Alceste, qui lui ne semble agir pourtant que pour lui même, et non pour quelqu’un d’autre. A-t-on donc un intérêt à aller à l’encontre de nos pulsions conscientes définies par le moi? La réponse ici se trouve dans l’attitude adoptée par Philinte.

La société désire pour moi et alors?

La possibilité de penser contre nos désirs n’est peut-être pas le problème, elle n’est peut-être pas un problème du tout. C’est en tout cas ce que pose Platon dans “République”. Celui-ci suppose que chacun a un rôle dans une société: “on produit toutes choses en plus grand nombre, mieux et plus facilement, lorsque chacun, selon ses aptitudes et dans le temps convenable, se livre à un seul travail, étant dispensé de tous les autres”. Cela signifie donc que l’on peut se nuire en ne réalisant pas tous ses désirs, mais pour finalement en obtenir plus. Platon affirme même “qu’en chaque homme, il y a une partie supérieure, qui doit commander à la partie inférieure, afin de rester maître de soi, la Cité est maîtresse d’elle-même” ce qui signifie d’après lui que “les désirs de la foule des hommes de peu sont dominés par la sagesse du plus petit nombre des hommes vertueux”. Ainsi, il démontre que le sujet n’est pas maître de ses désirs, mais que ses désirs sont dictés par la société.

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