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Peut-on désirer ce qui est ?

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Par   •  23 Mars 2020  •  Dissertation  •  2 307 Mots (10 Pages)  •  602 Vues

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Peut-on désirer ce qui est ?

À première vue, on désire tjrs ce qui est, je désire par exemple posséder tel vêtement et ce vêtement est, il existe, il est réel, je le vois devant moi. On pourrait alors en déduire que notre désir se fixe sur ce qui est, sur ce que l’on voit et qui existe. Il paraitrait alors évident que l’on est capable de désirer ce qui est car je peux désirer ce vêtement que je vois devant moi. Si je désire un objet, c’est parce qu’il est, c’est parce que je le vois et que je sais que je suis capable de le posséder. De plus, comment pourrais-je désirer quelque chose qui n’est pas, qui n’existe pas ? Quel est l’intérêt de désirer un objet dont je sais pertinemment que je ne pourrai jamais le posséder. L’homme désire toujours un objet en fonction de son utilité, de ce qu’il peut lui apporter, par exemple comme un moyen de tendre vers le bonheur. Par conséquent je ne peux désirer quelque chose qui n’existe pas puisque comme je ne pourrai jamais la posséder, cet objet ne contribuera jamais à améliorer mon existence.

Cependant on pourrait distinguer le désir en deux catégories, un désir que l’on rapprocherait de la nostalgie, dans le passé et un désir semblable à de l’espoir, dans le futur. Si par exemple je désire posséder un nouveau téléphone, je désire en arriver au moment où je le possède, je me projette à l’instant où ce téléphone est à moi et je me vois avec. Par conséquent le désir s’assimile à une volonté de possession mais dans le futur. Par analogie quand je désire récupérer ce jouet que je possédais quand j’étais petit, ce jouet je ne le possède plus et je me vois avec dans un futur plus ou moins proche. Par conséquent on ne désire pas ce qui est, on désire en arriver au moment on l’on possède cet objet, dans le futur, le désir est alors une projection. Par conséquent on ne pourrait désirer ce qui est puisque le désir n’est en fait qu’un moyen de tendre vers la possession d’un objet ou d’une chose.

On en arrive alors à un paradoxe puisque d’un côté je ne peux désirer que ce qui existe et de l’autre mon désire me projette dans le futur et fait ainsi abstraction de l’objet dans le présent pour me mener à moi possédant cet objet dans le futur.

Ainsi, le désir est- il figé dans le présent, ou est-il au contraire un vecteur vers le futur ?

  1. Le désir est une aspiration à la possession d’un objet qui existe dans le présent
  2. Cependant le désir projette l’individu dans un futur plus ou moins proche où il se voit satisfaire son désir
  3. Le désir est toujours maître de l’individu qui l’éprouve.

  1. Le désir est une aspiration à la possession d’un objet qui existe dans le présent.

Que je désire quelque chose qui soit matériel ou non, je le désire à un instant T, instant T qui se situe dans le présent. Lorsque je vois un objet qui me plait et que je le désire, je désire précisément cet objet que je vois dans le présent. Si par exemple je vois quelqu’un avec un objet qui me plait ou désirant lui-même un objet, et bien comme le dit René Girard dans La Violence et le Sacré, je vais moi aussi désirer cet objet ou chose dès que je le vois. Cette notion qu’il appellera « désir mimétique » est la représentation du caractère instantané du désir. Pour illustrer la théorie de Girard, nous pouvons prendre la nouvelle de la Princesse de Montpensier, de Madame de Lafayette, où cette même princesse en avouant à Chabannes, qui était son confident, son amour réciproque envers un autre homme, voit Chabannes lui avouer instantanément les siens. Cette mise en mot de son désir illustre parfaitement le fait que le désir est dans le présent, qu’il s’éprouve instantanément.

De plus, comment pourrait-on désirer une chose qui n’existe pas ? Comme nous l’avons vu précédemment, l’homme a une fâcheuse tendance à faire preuve d’utilitarisme et donc désirer en fonction des intérêts que cela peut lui apporter. Si je désire une chose qui n’existe pas, comme par exemple un dragon, je ne pourrai jamais le posséder donc il n’y a aucune utilité pour loi de le désirer. C’est une notion qui a été introduite par Jeremy Bentham dans Principes de la morale et de la législation. Selon lui les actions des hommes sont guidées par leur quête de bonheur et par conséquent ces derniers voient le monde et ce qui les entoure en fonction de ce que cela peut leur apporter de bénéfique pour converger vers cet idéal. Ainsi, il semble impossible de désirer ce qui n’est pas et l’homme serait alors contraint de désirer un objet qui est, dans le présent.

Ensuite, on peut aussi se dire qu’un dragon n’existe pas en soi mais qu’on peut toujours le désirer comme une sorte de rêve ou de fantasme. Cependant, un dragon n’est en réalité qu’un assemblage d’attributs d’autres animaux ou objets déjà existants, lorsque l’on désire posséder un dragon, on désire en réalité le mélange de plusieurs objets déjà existants. Comme le dit Descartes dans les méditations métaphysiques, tout ce qui peut être imaginé par un individu est toujours inspiré de la réalité. Ainsi désirer un objet qui n’existe pas au sens propre c’est quand même désirer ce qui est car prises une à une, les inspirations à l’origine de l’objet du désir sont réelles et existent. Par conséquent, peu importe ce que l’on désire, on désire toujours un objet qui est.

Cependant, lorsque je désire un objet, peu importe sa nature, je ne le désire pas en lui-même, lorsque je désire un vêtement, je désire avoir ce vêtement en ma possession, donc ce désir s’inscrit alors dans une temporalité différente, je désire en réalité le moi du futur possédant cet objet.

  1. Par conséquent le désir projette l’individu dans un futur plus ou moins proche où il se voit satisfaire son désir.

En effet, le désir projette l’individu vers son futur. Cela signifie qu’il permet à l’individu de se voir et de s’imaginer dans un futur lointain ou même très proche en possession de cet objet. Dans le Banquet, de Platon, Diotime par le biais de Socrate évoque le désir et Éros comme un daïmon qui serait un intermédiaire entre une forme d’ignorance et de connaissance, entre un vide et un plein, c’est-à-dire qu’il permet d’atteindre un état où l’on est en possession de cet objet. Selon elle, la notion de temporalité dans le désir est essentielle, lorsque je désire l’amant que j’ai déjà, c’est que je désire l’avoir encore dans le futur donc au cœur du désir il y a une projection temporelle. Le désir nous mène à l’enfantement et ainsi à une forme d’immortalité et donc par cela il n’est pas figé dans le présent puisque c’est une puissance qui nous permet de tendre vers l’infini et pour Diotime, tout désir n’est en fait que la traduction du désir d’immortalité.

 On en conclue alors que le désir n’est pas figé dans le présent, mais il ne se situe pas non plus au moment où ce désir est satisfait, en effet c’est un intermédiaire, il est toujours entre les deux. En effet, on n’est toujours plus heureux à l’idée de posséder un nouvel objet que lorsqu’on le possède enfin. Comme le dit Jean-Jacques Rousseau dans la Nouvelle Héloïse : « On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux ». Le bonheur procuré par l’espoir de détenir un objet est plus fort que le bonheur éprouvé en l’obtenant.

Grâce à ces deux théories, on peut en conclure que le désir n’est pas figé dans le présent.  C’est au contraire un vecteur pour tendre vers une immortalité synonyme de bonheur.

Cependant, la question de savoir si l’on peut désirer ce qui est nous interroge sur notre capacité à désirer. En effet, nous allons montrer qu’il est impossible de désirer quoique ce soit car nous sommes soumis au désir.

  1. Le désir est toujours maître de l’individu qui l’éprouve

Si l’on reprend la théorie du désir mimétique de René Girard, on remarque que notre désir se forge en fonction de celui des autres, lorsque l’on voit quelqu’un désirer un objet, on copie ce désir et donc par mimétisme on désire nous aussi cet objet comme avec l’exemple de Chabannes dans la princesse de Montpensier. Girard nous montre que l’on ne choisit pas ce que l’on désir c’est lui qui choisit pour nous, lui étant le désir en tant que puissance, pouvant s’appuyer sur celui des autres. Ainsi le désir est maître de l’individu qui l’éprouve.

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