Peut-on faire de la physique sans philosophie ?

Sujet : Peut-on faire de la physique sans philosophie ?

« The philosophy is dead ». Voici les mots du célèbre physicien Stephen Hawking tiré de son dernier livre The Grand Design paru en 2010. En effet, en première page de son livre il affirme que, bien que les questionnements sur la nature des choses dépendent de la philosophie, selon lui la philosophie n'a su s’adapter à son temps et suivre les développements actuels des sciences. Les scientifiques et plus particulièrement les physiciens sont les seuls capables de découvrir de nouvelles connaissances. La philosophie est donc morte à ses yeux. Cette rhétorique, Hawking n’est pas le seul à l’avoir. De nombreux scientifiques ont des positions similaires vis -à -vis de la philosophie, nous pouvons notamment citer Steven Weinberg (prix Nobel de physique) ou Neil deGrasse Tyson, célèbre astrophysicien. Toutes les positions de ces scientifiques influencent cette position dans l’inconscient collectif. La philosophie ne permettrait plus et n’interviendrait plus dans l’apport de nouvelles connaissances sur la nature et la réalité de ce qui nous entoure.

Cependant si nous reprenons l’exemple de Stephen Hawking, dans la suite de son ouvrage il est question de discussion autour du réalisme scientifique. En effet, le physicien va défendre une certaine conception de la connaissance scientifique, ce qu'il appellera « réalisme modèle indépendant ». Cette question ne dépend pourtant pas du domaine de la physique. Mais bel est bien de celle de la philosophie. Plus spécifiquement la philosophie des sciences ou la philosophie de la connaissance/ l’épistémologie d’ailleurs. Le réalisme scientifique est pourtant une notion importante en physique surtout en physique théorique, c’est-à-dire ce qui touche à la relativité générale ou à la mécanique quantique. En effet, le réalisme scientifique est une façon de concevoir ce que les sciences nous disent du monde. Le réalisme scientifique défend la thèse selon laquelle la science est capable de nous apprendre des connaissances sur la réalité du monde qui nous entoure. Il existe des théories scientifiques fiables, solides qui apportent une description du monde à laquelle nous serons justifiés à croire puisqu’elles sont vraies car correspondantes à la réalité qui nous entoure. Au contraire, les anti réalistes défendent la thèse qui affirme qu’il ne faut pas donner tous crédits à nos théories scientifiques puisqu’elles ne seront jamais capables de nous donner accès à la connaissance du monde réel. En effet les partisans de l'anti réalisme affirment que nous ne pouvons pas, par essence, connaître le fonctionnement précis du monde et bien que les théories proposent des résultats concordants avec nos observations, ce ne sont que des suppositions. Nous voyons donc ici, que ces considérations dépendent bien plus du domaine de la philosophie que de la physique. Ces questionnements sont d’ailleurs toujours d’actualité et très discutés dans le monde scientifique. Ces questionnements participent notamment à l’avancée et à l’émergence des théories scientifiques.

Nous pouvons également citer la naissance de la physique découlant clairement d’une partie de philosophie qui s’appelait la philosophie de la Nature. Mais nous pouvons également trouver de nombreux exemple de l’utilité de la philosophie dans la physique actuelle. Notamment la physique quantique qui est né à partir d’une intuition philosophique chez Heisenberg qu’il explicite dans un article de 1925 « The aim of this work is to set the basis for a theory of quantum mechanics based exclusively on relations between quantities that are in principle observable. » Si nous continuons avec la prisme de la mécanique quantique, la physique a besoin de la philosophie pour guider les réflexions scientifiques. En effet, prenons l'exemple de la fonction d’onde, elle représente l’état quantique d’une particule. Cependant celle-ci est indéterminée et basée sur des probabilités. Le célèbre chat de Schrödinger en est une allégorie. La question centrale de cette théorie est: cette fonction d’onde représente-elle la réalité telle qu'elle est ou bien est-ce juste une représentation de ce que nous savons. Le principe d'indéterminisme de Heisenberg soulève également cette question. En effet, nous savons qu’en mécanique quantique, la mesure d’une particule influence sont état. Nous ne pouvons pas connaître à la fois sa position et sa vitesse de manière précise. Cela ne relève pas des appareils de mesure mais bien de la structure fondamentale des particules. Les philosophes ont ici un rôle à jouer pour aiguiller les réflexions des physiciens. Le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein va même jusqu’à dire que « La physique moderne devient une épistémologie ». La fameuse querelle entre Einstein et Schrödingger sur le fait que Dieu joue au Dés ou non en est la représentation. Cette implication de la philosophie en tant qu’aiguilleur des réflexions nous pouvons également la retrouver dans les théories de la gravitation telle que la relativité générale. En effet, le concept de temps est un concept très complexe qui concerne à la fois les scientifiques et les philosophes. L’approche que le célèbre physicien Albert Einstein a eu pour développer sa théorie de la relativité générale vient d’une nouvelle intuition sur la conception de l’espace et du temps, ou bien encore la vitesse de la lumière comme liant la vitesse et le temps dans les équations de la relativité ne sont que des théorie non empirique. Pour finir, je rajouterai que la plus grande preuve que la philosophie a un intérêt en physique, notamment des particules, est la découverte du Boson de Higgs le 4 juillet 2012. Cette particules fut prédite en 1964. En effet, cette particule est représentative de l'intérêt de la philosophie en sciences car elle remet en cause des principes fondamentaux que l’on pensait acquis au particule. Le travail de la philosophie a permis de prédire cette particule qui a finalement été découverte.