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Peut-on échapper au temps ?

Dissertation : Peut-on échapper au temps ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  18 Mars 2023  •  Dissertation  •  1 980 Mots (8 Pages)  •  375 Vues

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Si le temps peut être perçu comme un allié, car il nous permet de murir, de guérir ; il est toutefois considéré le plus souvent comme un obstacle. Et ce parce que nous ne le maitrisons pas toujours, car il passe soit trop vite soit trop lentement, et nous rapproche de la mort. De plus, l’espace peut être parcouru dans tous les sens (on peut revenir sur ses pas) mais le temps ne se parcours que dans un sens (on ne peut pas remonter le temps). On ne peut pas non plus arrêter son flux, tandis qu’il est possible de rester immobile. Pour l’Homme, il est difficile d’accepter ces conditions. Peut-on échapper au temps ? Certes, il est impossible d’échapper au temps, comme il faudra d’abord le démontrer. Dans la même idée, nous étudierons ensuite nos rapports ambigus au temps. Néanmoins, il sera finalement possible d’aborder les moyens de le maitriser.

        Après avoir définit ce qu’est le temps, il sera intéressant de comprendre le lien entre temps et existence.

Avant de vouloir combattre le temps, il faut le connaitre. Pour Kant il n’y a pas de réalité objective du temps. Dans le cas contraire, nous aboutirions à une antinomie. Car s’il existait il aurait un commencement. Ce qui suppose un temps avant le temps, ce qui est absurde. Donc il n’y aurait pas de commencement au temps. Mais s’il y a l’infini temporel avant nous, on ne pourrait théoriquement pas arriver à l’instant présent. Or nous y sommes, donc c’est aussi absurde. Ainsi, d’après Kant, le temps n’existe pas : c’est une forme apriori de la sensibilité. Et notre perception se fait à travers le prisme spatio-temporel. Puis nos sensations sont interprétées par les catégories de l’entendement comme la causalité, la quantité. Ce qui signifie qu’on ne perçoit pas la réalité, la chose en elle-même mais le phénomène. C’est-à-dire la réalité une fois filtrée par l’espace, le temps et les catégories de l’entendement. Pour d’autres le temps existe mais pas tel qu’on se le représente. Bergson pense que notre concept du temps est hybride entre la durée et l’espace. Par exemple pour évaluer une distance on répond indistinctement en temps parcouru, en durée (5 minutes) ou en espace (500 mètres). Et on se représente le temps comme un milieu homogène, c’est-à-dire divisible en unité égale les unes aux autres et dont l’écoulement serait uniforme. Ce raisonnement est déconstruit par les paradoxes de Zénon d’Elée qui sont l’absurde négation du mouvement. Il s’explique par le principe de la dichotomie : si on imagine un segment [AB], un mobile qui part de A ne devrait jamais arriver en B. En réalité pour Bergson, l’espace est divisible et homogène, la durée ne l’est pas. Au contraire, elle est indivisible, incompressible, et hétérogène. Par exemple, le temps à l’air de passé plus lentement quand on s’ennuie, et inversement. La physique moderne irait plutôt dans le sens de Bergson, puisque le rythme du temps est relatif. Néanmoins, l’espace non plus n’est pas un milieu homogène car les distances s’allongent et rapetissent aussi en fonction de la vitesse. Ces définitions du temps doivent maintenant nous permettre de mieux comprendre le rapport de notre existence avec celui-ci.

Dans la philosophie classique on distingue le temps, qui est un écoulement par lequel le passé devient le présent puis le futur : il concerne ce qui est de l’ordre de l’existence matérielle ; de l’’éternité qui concerne ce qui est de l’ordre de l’essence ou de la divinité, elle ne s’écoule pas. Pour Platon le temps est « l’image mobile de l’éternité immobile ». Le monde intelligible est éternel et donc immobile, contrairement au monde sensible. Pour Aristote le temps est « le nombre du mouvement selon l’avant et l’après ». D’après lui, le temps est mesuré par un mouvement (la rotation des aiguilles d’une horloge, la rotation des planètes, l’évolution d’un objet). Et notre planète se trouve au centre de l’univers et sous la lune (le petit luminaire). Notre monde est le monde sublunaire : notre nature est soumise au temps qui passe, à la génération et à la corruption, c’est-à-dire à la naissance et la mort. Au-dessus de nous, de la lune, les astres font partie du monde supra lunaire. Le mouvement des étoiles est parfait parce qu’il est circulaire, il revient au point de départ. Enfin, Dieu est en dehors du temps, bien qu’il insuffle le mouvement aux astres. Il est le premier moteur immobile. Et notre temps essaie d’imiter le mouvement des astres (cycle de l’eau, des saisons, ...) qui lui-même veut reproduire l’immobilité de Dieu. Bien que la nature se régénère, l’individu continue de vieillir. On retrouve cette conception chez les modernes : pour Leibniz par exemple, Dieu a créé le temps et l’espace mais lui-même n’est ni dans le temps, ni dans l’espace.

        Ainsi le temps comprend plusieurs définitions qui s’accorde néanmoins sur l’impossibilité d’y échapper. Le temps est lié à notre existence finie par son écoulement qui empêche qu’elle soit cyclique. Il faut encore analyser notre manière de l’aborder.

        

        De façon générale, notre rapport au temps est ambigu. Nous traiterons donc successivement de ses bénéfices puis de ses inconvénients.

Le temps peut être synonyme d’expérience, et elle nous apporte la maturité, la sagesse, le savoir-faire, la connaissance de nous-même.  Il amène aussi à la guérison, physique ou psychologique, à l’atténuation de la douleur de l’âme. Nietzche trouve des vertus à l’oubli : il permet de profiter de l’instant présent, du fait qu’on ignore une partie de ce qu’il y a dans notre conscience. Pour l’humanité, le temps qui passe est synonyme de progrès et donc d’amélioration du confort. A ce propos, Kant parle de sacrifice des générations. En effet, nous vivons mieux que les générations précédentes, et moins bien que les suivantes. Et certes le bonheur est individuel, mais pour Kant, l’Histoire évolue progressivement vers les conditions du bonheur : des droits universel, une paix perpétuelle, ... Pour l’expliquer, il définit le principe de finalité qui doit permettre de comprendre le rôle et la place de chaque évolution. Alors il s’aperçoit que la nature ne fait rien en vain : lorsqu’une espèce reçoit une nouvelle faculté, soit elle la développe soit elle disparait. L’Homme a reçu spécifiquement la raison, mais aucun ne l’a développé pleinement. Donc peut-être est-ce la finalité de l’Histoire, de développer pleinement ce que Kant appelle la culture. Cela semble plausible si on étudie le passé, et permet de déterminer la direction de l’Histoire. Cependant, notre vision du temps est le plus souvent négative.

En effet, de nombreux poèmes mettent en scène la fuite du temps. A titre d’exemple, les sonnets pour Hélène de Ronsard abordent les ravages du temps, notamment dans « Quand vous serez bien vieille » où le poète invite Hélène à profiter de sa jeunesse. La Martine (« Le lac » sur la mort de son amante), Baudelaire (« L’ennemi » sur la perte d’inspiration) et Verlaine (« colloque sentimentale » sur l’oubli) évoquent également ce thème cher à la poésie. La littérature en prose aussi met en scène la cruauté du temps. Montaigne dans les Essais, montre que le temps qui passe est une mort progressive. Et Proust, dans Le temps retrouvé, raconte qu’il revoit ses amis de jeunesse, qui ont tant changé qu’il a l’impression d’assister à un bal masqué, ou qu’ils se sont déguisés. Pascale voit dans le temps ce qui témoigne de notre inconséquence. Il explique que nous ne pouvons être heureux sans divertissement (ce qui nous occupent l’esprit). Il remarque que nous avons un rapport difficile au temps, que l’Homme a tendance à vivre plutôt dans le passé ou l’avenir. Enfin le temps créer des sentiments désagréables par rapport au futur : la peur ou l’impatience. Le temps apparait alors inéluctable et incompressible ; et par rapport au passé : le remord et le regret. Le regret porte sur un passé qui a été heureux, donc l’évoquer est toujours douloureux car il a pris fin. Le remord porte sur une action qui implique notre responsabilité. Ces sensations désagréables présentent le caractère irréversible du temps.

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