Psychologie Des Foules Et Analyse Du Moi (Résumé Chapitre 5 À 7)

foules paradigmatiques : l’église (catholique en l’occurrence) et l’armée. Il développe donc son analyse sur la base de ces deux types de foules hautement organisées (c'est d’ailleurs cette organisation qui assure sa cohésion), durables, stables et artificielles (on qualifie de foule artificielle lorsque une contrainte extérieur empêche la modification structurale). Le point central de cette analyse c'est la présence d’un meneur, d’une présence illusoire, invisible, qui aime d’un amour égal tous les membres du groupe et qui remplit ainsi la fonction de substitut paternel (Le Christ pour l’église, le commandant pour l’armée). Ce sont les liens qui unissent les membres à ce chef, à ce meneur, qui assurent le maintient de la foule en tissant une toile, une sorte de « réseau serré » à la fois entre les membres et leur chef mais aussi entre les membres entre eux (ainsi, il y a des « frères » chrétiens et des « camarades » d’armée). « Dans ces deux foules conventionnelles, chaque individu est rattaché par des liens libidinaux au chef d’une part et tous les 2 autres individus composant la foule d’autre part » Ce sont donc ces attachements affectifs solides en ces deux centres différents (d’une part le chef et d’autre part les autres membres) qui permettent les modifications et limitations que l’on observe chez l’individu absorbé dans une foule.

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FREUD Sigmund, 1921, Psychologie des foules et analyse du moi, Essais de psychanalyse, tr.fr. Petite bibliothèque Payot, Paris 1971, page 104 2 FREUD Sigmund, 1921, Psychologie des foules et analyse du moi, Essais de psychanalyse, tr.fr. Petite bibliothèque Payot, Paris 1971, page 115

b. La panique : phénomène révélateur des liens libidinaux Les phénomènes de panique notamment observables au sein de l’armée fournissent un matériel particulier à l’étude de la psychologie des foules : ils permettent de vérifier la nature libidinale des liens qui unissent les membres d’une armée entre eux. En effet, c'est à la perte de ses liens que l’on doit le surgissement d’une angoisse massive caractéristique de la panique. Pour McDougall, déjà, le phénomène de panique constituait un exemple typique du phénomène de contagion, cette même contagion serait ainsi la cause l’effondrement des liens libidinaux. Si l’on pousse le plus loin, on en arrive ainsi à la conclusion, pour le moins étrange, que le groupe périrait par la manifestation de sa caractéristique principale. A partir de ce constat, Freud poursuit ce raisonnement en profondeur et par là même, va démontrer que la panique n’est pas la cause mais le résultat de l’effondrement de la structure libidinale. Il note que l’angoisse qui surgit dans les phénomènes de panique, n’est pas en lien avec le danger lui-même, ce qui déclenche la peur massive face au danger, c'est la disparition de ce qui faisait jusqu’alors écran entre le danger et l’individu. C’est en fait lorsque disparaissent les liens libidinaux qui assuraient la cohésion du groupe, laissant ainsi l’individu seul face au danger, que se déclenche l’angoisse massive caractéristique des phénomènes de panique (angoisse qui prend des proportions impressionnantes de par le phénomène de contagion des affects, décrit pas Mc Dougall). La panique n’est donc pas la cause de la dissolution des liens libidinaux mais bien sa conséquence, c'est la raison pour laquelle la panique peut être considérée comme l’angoisse de foule, par analogie avec l’angoisse névrotique. « La peur du l’individu est provoqué ou par la gravité du danger ou par des liens affectif … ; ce dernier cas est celui de l’angoisse névrotique. De même la panique se produit soit à la suite de l’aggravation du danger qui menace tout le monde, soit à la suite de la suppression des liens affectifs qui assuraient la cohésion de la foule, et, dans ce dernier cas, 3 l’angoisse collective présente des analogies avec l’angoisse névrotique » La désagrégation de la foule religieuse est plus difficile à observer. Pour traiter cette dernière Freud part de la trame d’un roman Anglais, When It was dark, qui relate un complot dans lequel Joseph d’Arimathie avoue avoir pris, trois jours après sa mort, le corps du Christ pour le déposer dans un caveau. Cette révélation provoque alors l’éclatement du dogme de la résurrection entrainant dans sa suite une recrudescence de la violence, la désagrégation du système culturel. Vraisemblablement, ce qui ressortirait de la dislocation d’une instance religieuse, ce n’est pas l’angoisse due à la perte des liens libidinaux mais les tendances hostiles de l’homme jusqu’alors maintenues, contenues, bordées par, dans, l’amour du Christ. Si ces tendances semblent aujourd’hui atténuer, il est important de comprendre qu’il n’en est rien, cet affaiblissement n’est que la conséquence de la perte de puissance du sentiment religieux mais qu’une autre instance vienne la remplacer et ces tendances hostiles reprendront leur pleine puissance (tout comme ce fut le cas pour le parti « extrémiste »). 2. Nouveaux problèmes et nouvelles orientations des recherches

Ce qui est frappant, selon Freud, c'est l‘absence totale de manifestations des tendances hostiles de l’être humain dans la foule. Nous avons vu précédemment que l’entrée de l‘individu dans la foule entrainait le renoncement de l’individu à ses tendances narcissiques. La foule est ainsi le seul lieu où l’individu sacrifie son intérêt personnel au profit de l’intérêt collectif, sacrifice qui s’explique par la nature des liens qui unissent l’individu aux autres membres de la foule. Selon Freud, le seul facteur capable de limiter le narcissisme de l’individu se trouve dans les liens libidinaux qui s’établissent dans la foule. En effet, les recherches psychanalytiques ont montré que tout lien intime porte en lui des affects refoulés « Toute relation affective intime […] laisse un dépôt de sentiments hostiles ou, tout au moins inamicaux dont on ne peut se débarrasser que par le

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FREUD Sigmund, 1921, Psychologie des foules et analyse du moi, Essais de psychanalyse, tr.fr. Petite bibliothèque Payot, Paris 1971, page 117

refoulement » (Freud prend comme exemple le cas du mariage entre deux familles, dont l’une se sent toujours supérieure à l’autre). L’hostilité et l’amour coexistent donc dans toute relation mais dans la foule, cette intolérance disparaît (ou tout du moins s’atténue) de façon durable. Les liens libidinaux qui agissent assurent donc la limitation, la restriction du narcissisme des individus qui la compose. C'est l’amour, l’attachement libidinal à d’autres personnes, qui permet de maintenir la cohésion à l’intérieur de la foule. La question qui se pose ensuite est de préciser quelle est la nature de ces liens affectifs : il ne s’agit pas de pulsions à but sexuel direct mais de tendances sexuelles qui ont été détournées de leur but et qui deviennent alors préjudiciables au moi (en tant que les investissements libidinaux sont dirigés vers un objet extérieur et non vers le moi, tendances que l’on observe déjà de manière tout à fait analogue dans l’état amoureux). « Il est évident qu’en ce qui concerne la foule, il ne peut pas être question de buts sexuels. Nous nous trouvons ici en présence de tendances érotiques qui, sans rien perdre de leur énergie ont dévié de leurs buts primitifs. Or, même dans le cadre de la fixation sexuelle ordinaire à des objets, nous avons observé des phénomènes qui peuvent être interceptés comme une déviation de l’instinct de son but sexuel. Nous avons décrits ces phénomènes comme autant de degrés de l’état 5 amoureux et nous avons vu qu’ils comportaient une certaine limitation du moi. » Après ces observations, il reste à déterminer quels sont les différents types de liens qui permettent la formation et la cohésion de la foule. De ces recherches, Freud distingue deux types de liens qu’il va développer dans les deux prochains chapitres de son essai : le premier, et celui que nous allons étudier est l’identification, le second est le lien amoureux de type hypnotique (qui sera traité ultérieurement). 3. L’identification

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Dans ce chapitre, Freud tente d’établir une théorie des identifications à partir de la psychologie individuelle, qui puisse ensuite être appliquée à la psychologie collective. Il va ainsi, à partir ce ces travaux sur l’œdipe et sur la formation du symptôme névrotique définir le processus d’identification comme une introjection de l’objet dans le moi a. L’identification comme point d’entrée dans l’œdipe De ces travaux sur le complexe d'œdipe, Freud dégage l’identification comme un mécanisme psychique qui apparait aux premiers stades de la formation de l’œdipe. Le petit garçon cherche à tout prix à ressembler à son père, il le prend donc comme idéal. En parallèle, de cette identification au père, l’enfant dirige ces désirs libidinaux vers sa mère. On a donc deux liens parallèles qui se mettent en place aux premières phases de l’œdipe à savoir l‘identification au père et l’attachement à la mère (qui est alors prise comme objet sexuel). Ces deux sentiments évoluent côte à côte pendant un certain temps puis, avec l’évolution de la vie psychique, qui tend vers l’unité, ils se rapprochent et en viennent à se rencontrer. C'est de la rencontre entre cette identification et l’attachement