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Analyse Le Rouge et Le Noir, Livre II, Chapitre 9 « La scène de bal », Stendhal, 1830

Commentaire de texte : Analyse Le Rouge et Le Noir, Livre II, Chapitre 9 « La scène de bal », Stendhal, 1830. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  7 Mai 2020  •  Commentaire de texte  •  1 765 Mots (8 Pages)  •  14 639 Vues

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Étude Linéaire et Commentaire n°7

Texte 7 : Le Rouge et Le Noir, Livre II, Chapitre 9

« La scène de bal », Stendhal, 1830

(Extrait allant de : « Mais Mr. Sorel » à « empressement marqué.»)

Introduction :

Stendhal, de son vrai nom Marie Henri Bayle, est un auteur romantique français du XIXeme siècle né en 1783. Ces ouvrages les plus connus sont Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme, deux romans d’apprentissage. Fervent défendeur, supporter de Napoléon Bonaparte et son idéologie, il s’engage dans son armée avant de devenir écrivain. Écrit en 1830, Le Rouge et le Noir, Chroniques de 1830 est un roman romantique et réaliste, qui narre l’ascension sociale et la chute de Julien Sorel, un jeune paysan qui rêve de gloire. Au début du roman, Julien Sorel est engagé comme Précepteur chez la famille Rénal. Après son aventure avec Mme. De Rênal à Verrière et un bref séjour à Besançon, on retrouve Julien à Paris où il est le secrétaire du marquis de la Môle.

L’extrait étudié est situé dans le livre II au chapitre IX intitulé « Le Bal » Dans ce chapitre, qui est une continuité du précédent, les personnages, en particulier Mathilde et Julien évoluent parmi les invités au bal de M. de Retz, à Paris. On y voit Mathilde tomber en admiration devant Julien, qui la méprise pourtant.

Cet événement est très important pour l’ascension sociale de Julien, il y découvre le luxe des soirées de la haute société.

Plan :

Dans un premier temps, nous verrons la scène racontée du point de vue de Mathilde, puis dans un second temps, le regard que porte le narrateur sur les attitudes de Julien.

Problématique :

-Dans quelle mesure pouvons nous dire que Mathilde est une parfaite illustration du concept de la cristallisation stendhalienne ?

(-De quelle manière Stendhal arrive-il à symboliser un amour naissant, tout en exprimant ; bien qu’implicitement, une opinion politique défendue, taboue, dans le milieu aristocrate (surtout) à cette époque ?)

Analyse :

1er Mouvement : de « Mais Mr. Sorel »à « empressement marqué. » met en scène l’action du point de vue de Mathilde

-La focalisation zéro du chapitre précédent se fait remplacer dès le début par une focalisation interne, que nous repérons avec « se dit-elle » « se dit » et « je crois ». Cela nous montre que Mathilde est absorbée et concentrée sur Julien.

-Grace à des CCL et des verbes d’action, « lorsqu’elle l’aperçut dans un autre salon »

« Julien se rapprochait de la place où elle était », « comme il passait près d’elle », « Julien était encore assez près d’elle ». À travers les pensées de la jeune femme, la narration retranscrit le déplacement de Julien dans l’espace, on voit bien qu’elle observe ses moindres faits-et gestes.

-On relève dans le texte d’autres indications de l’assurance de Mathilde avec les hommes, inhabituelle pour une jeune fille de la haute société avec « elle n’hésita pas à l’appeler ».

-Mathilde connaît parfaitement les codes mondains et sait tenir quand il le faut son rôle de jeune fille de bonne famille modeste et bien élevée. Mais distraite par Julien, elle oublie dans cet extrait ses bonnes manières : elle le dévisage, on le voit avec l’adverbe « fixement » dans « elle le regardait fixement ».

-En écho avec le point de vue de Mathilde, on voit aussi son intérêt pour Julien grâce à un champ lexical de la vue et à des verbes de perception notamment « le cherchait presque des yeux » « son regard » et « regardait ».

-De plus, pour restituer paroles ou pensées de Mathilde, Stendhal utilise le discours indirect libre, qu’on remarque avec « mon condamné à mort » « O ciel ! serait-il un Danton » et enfin « je crois »

• L’utilisation des verbes de perception et du discours indirect libre permet d’illustrer la vie psychique du personnage avec un grand réalisme. On a donc l’impression de vivre la scène de l'intérieur, au rythme des pensées de Mathilde.

-Le déterminant possessif « mon » dans « mon condamné à mort » utilisé par Mathilde pour designer Altamira est informel, car c’est un homme noble, valeureux et bien plus âgé qu’elle.

-On voit également qu’elle écoute les conversations et s’y immisce avec impolitesse, notamment avec une phrase à tournure négative « elle n’hésita pas à l’appeler »

-Les noms communs et adjectifs mélioratifs « Prince déguisé » « hautes qualités » et « figure si noble » valorisent la noblesse de l’allure de Julien et montrent que Mathilde est totalement subjuguée.

-Le nom féminin pluriel « hautes » est polysémique puisque il peut être associé à la forme elliptique de la haute bourgeoisie ou plus simplement à une possession de grandes qualités. Cela montre donc l’aisance qu’a Julien à s’adapter à un milieu social qui n’est pas le sien.

2ᵉ Mouvement : de « Danton n’était-il pas » à « empressement marqué » met en scène le narrateur qui porte son attention sur les attitudes de Julien.

-Le narrateur s’attarde encore un peu sur l’admiration de Mathilde avec la comparaison « Elle [...] avait l'air de son esclave » ce qui contraste avec la suite de l’extrait, qui reflète la totale avanie de Julien pour Mlle. De la Môle.

-En parlant de Danton, grand révolutionnaire, Mathilde a animé l’apathie de Julien envers elle, puisqu’ils partagent de nombreuses similitudes ; notamment leur origine sociale et leur opinion politique. Julien se montre très insolent et fait preuve d’une grande brutalité lorsqu’il répond à cette orgueilleuse que « Oui, aux yeux de certaines personnes » Danton était juste boucher. En effet, l’utilisation du déterminant indéfini « certaines » à l’antonomase « personne », pour qualifier les Aristocrates, ici plus précieusement Mathilde, fait prendre une valeur humiliante et cynique à sa remarque. Par ses mots, Julien a établi une distinction claire entre leurs positions politiques et idéologiques.

-On peut repérer une répétition du nom « air ». Ces nombreuses occurrences soulignent avec une remarquable économie de moyens l’existence d’un règne de l’apparence dont Julien a enregistré les codes, mais qui n’est pas nécessairement le reflet d’une vérité intérieure. Le motif du mépris traduit en réalité le désir qu’a Julien d’inverser le rapport hiérarchique et de faire expérimenter à Mathilde l’humiliation dont lui-même souffre : c’est donc à une analyse très riche et dense de leur relation que se livre l’auteur.

-Le point de vue est maintenant omniscient et Stendhal s’attarde sur le mépris qu’il ressent, après cette intervention maladroite de Mathilde. On remarque bien l’animosité et l’irrévérence de Julien envers elle, grâce à une propositions circonstancielles de manière « avec l’expression du mépris le plus mal déguisé »

-Il cherche à subjuguer Mathilde, c’est-à-dire, au sens littéral, à la mettre sous le joug, à lui faire baisser la tête. Son entreprise est couronnée de succès. Pour cela, Stendhal utilise la comparaison « elle avait l’air de son esclave »

-L’oxymore

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