Strophes Pour Se Souvenir
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Il souligne aussi la peur à laquelle était soumise la population et les procédés par lesquels l’ennemi l'imposait. L'Affiche Rouge est comparée à une "tâche de sang". Le poète indique ainsi comment les nazis tentaient d'associer l’action des résistants à des actes criminels et barbares. Cette affiche diabolise ainsi la résistance dont le sombre portrait est renforcé par les photos figurant sur l'affiche : " noirs ", " nuit " et " menaçants " servent le champ lexical du danger et de la peur qui invite à se méfier de ces résistants. La nuit tend à représenter un mouvement clandestin et obscur : l'écho " noir "/"nuit " et " hirsutes "/" menaçants " vient amplifier l'idée de mal à laquelle on tentait d'associer ces hommes.
De plus l’auteur souligne qu'ils étaient étrangers avec ce vers « parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles ». On comprend aisément l’intention xénophobe de l'affiche qui tente de créer un sentiment de méfiance de la population à l’égard de ces résistants, sentiment reposant sur la peur de l’étranger.
Ainsi le poète en associant l’idée de l’inconnu à la métaphore de la tâche de sang et à la descriptions de portraits sombres et peu engageant dénonce les procédés utilisés pour effrayer la population et discréditer le mouvement résistant comme le suggère ce vers :
« Y cherchait un effet de peur sur les passants »
Cependant, Louis Aragon fait un réel éloge de ces résistants. Il les présente comme des hommes courageux, des hommes guidés par leurs convictions et qui ne craignent pas de donner leur vie au nom des valeurs qu’ils défendent.
« La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans ».
Ils n’attendent en retour ni gloire, ni honneur.
« Vous n’avez réclamé ni la gloire ni les larmes »
Par le sacrifice de leur vie, ils ont donné un sens à la notre
« MORTS POUR LA FRANCE »
Leurs combats, leurs vies données ont changé l’Histoire « Et les mornes matins en étaient différents »
Le poète utilise un registre pathétique, quasi lyrique dans sa dernière strophe. En plus de les admirer pour leurs exploits, leurs émotions sont suscitées, compassion, affection... les lecteurs sont amenés à s’attacher à ses hommes.
Les résistants au seuil de la mort ayant donné leur cœur voient le but de leur lutte face à eux -la quête de liberté-, très poétiquement exprimé par l'antithèse " amoureux de vivre à en mourir ". En accord avec la chronologie des événements, Aragon effectue une mise en scène : la chute des résistants devient celle du poème.
Mais au-delà des résistants en général, c’est à ces étrangers, « ces français de préférence » qui se sont battus pour la France à qui le poète rend hommage. Leur amour et leur attachement à ce pays est souligné par « français de préférence » qui montre bien que malgré leur nationalité étrangère, ils ont choisi ce pays par amour, pour ses valeurs... Ce fait est accentué encore par leur sacrifice évoqué avec « MORTS POUR LA FRANCE » et « Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant ». Ainsi leur combat prend une tournure plus héroïque encore, ils se sont battus pour un pays qui n’était pas le leur, avec plus d’acharnement et de conviction qu’un bien grand nombre de Français. Ils ont tout donné jusqu'à leur propre vie.
Aragon, à la fin du poème fait de ces hommes nos frères. « Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant ». D’étrangers, il leur confère le statut de frère.
Ainsi le poète nous rappelle l’Histoire, la deuxième guerre mondiale, ses temps sombres, ses héros mais il nous rappelle aussi qu’avant même d’être des héros, ces résistants sont des hommes, des hommes pleins d’espoir et de rêves.
L’auteur donne la parole à Manouchian. Le passage est une sorte de poème dans le poème: c'est une adaptation de la dernière lettre de du résistant sous forme d'un discours direct introduit par « Et c’est alors que l’un de vous dit calmement ».
Manouchian dévoile ses rêves et ses regrets.
« Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant » Il n’a pu avoir d’enfant, il dit à sa femme d’en avoir un, d’être heureuse. « Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent ». Il joue sur le registre pathétique pour susciter l’émotion du lecteur. Ce passage a pour rôle premier d’humaniser ces hommes. Aragon nous fait rentrer dans leur intimité pour nous faire comprendre qu’ils sont plus que de simples portraits sur une affiche, que des résistants au courage exemplaire, ce sont des hommes avec une vie propre et des rêves… Malgré cela, ils ont donné leur vie au nom des valeurs qu’ils défendaient. Ils nous apparaissent alors comme de réels héros.
L’auteur recourt au registre lyrique.
Un lyrisme qui s'établit tout d'abord entre le résistant et l'ensemble des hommes, comme le suggèrent " à tous " et " à ceux " qui ne s'adressent à toute l'humanité.
Puis il adresse un adieu à la vie, à la nature, empreint de mélancolie : le mot " adieu ", répété trois fois semble montrer comment le résistant prolonge la séparation en s'adressant à chaque élément qu'il a pu chérir. On y retrouve aussi la tristesse et la douleur à l’idée de quitter la vie " que le cœur me fend ".
Dans cet adieu apparaît certes la tristesse de Manouchian mais aussi sa sérénité face à la mort
« Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand ». Aucune peur ne transparaît. Aucun doute. Jusqu’au dernier moment il a la foi. A l’aube de sa mort, son combat semble prendre tout son sens. Il a lutté pour le bonheur à venir et il s’en va, convaincu que « La justice viendra »,
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