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Analyse linéaire le Musée Grévin, Aragon, 7 dernières strophes

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é national des écrivains pour la zone Sud et le journal La Drôme en armes. Il s’engage aussi par ses poèmes, publiés dans la clandestinité, dans lesquels l’amour de la femme (Les Yeux d’Elsa, 1942) rejoint l’amour de la patrie (« Le Musée Grévin », 1943 ; « La Rose et le Réséda », 1944).

1945-1982. Aragon reste fidèle à la ligne générale du Parti, et fonde Les Lettres françaises. Anéanti par la disparition d’Elsa Triolet (juin 1970), il décide de léguer au CNRS ses archives personnelles ainsi que celles d’Elsa. Il meurt le 24 décembre 1982.

Louis Aragon laisse une œuvre considérable qui explore les ressorts classiques ou novateurs, lyriques ou politiques, de l’écriture romanesque et poétique.

Le Musée Grévin

Participant actif de la Résistance, Aragon a publié clandestinement de nombreux textes pendant la guerre. Parmi ceux-ci, Le Musée Grévin, a été imprimé à Lyon sous le pseudonyme de François la Colère, puis à Paris sous forme de tract. Lors de la libération de Paris, il fut publié en volume par les Editions de Minuit alors clandestines.

Titre du poème : Le Musée Grévin fait référence au musée présentant des personnages de cire = responsables de la guerre perçus comme des fantômes (nazis + collaborateurs)

« Tout le monde peut voir le réveil noir des traîtres

Quand le soleil soufflette enfin leur désarroi […]

Et dans ce jour de cire au front des automates

Ils se groupent déjà pour le Musée Grévin »

Structure : 7 parties, chiffre symbolique.

Partie I : 42 distiques qui annoncent la fin des tyrans.

Partie II : 30 tercets, qui commencent tous ainsi « Fantômes fantômes fantômes » et qui dressent le portrait des tyrans en les peignant comme des automates, puis le poète s’adresse à eux.

Partie III : 20 quatrains, Aragon s’en prend directement à Laval et à sa politique de collaboration, il établit des parallèles avec exemples historiques.

Partie IV : 20 sizains d’octosyllabes, Aragon dresse le portrait des sinistres personnages de cire et annonce la fin du régime nazi « Ô petit homme à la moustache / Quand ton tour viendra tu seras / Fait comme un rat »

Partie V : 14 distiques et 1 quatrain, fustige Mussolini.

Partie VI : 14 quintils qui font une violente critique de Pétain, sous une forme originale, puisque focalisation interne et utilisation de la 1° personne qui donne à entendre voix du maréchal sur un registre particulièrement satirique.

Partie VII : 45 quatrains. Portrait d’une France souffrante et souillée avec anaphore en début de quatrain « j’écris dans ce pays ».

« Comment voudriez-vous que je parle des fleurs / Et qu’il n’y ait des cris dans tout ce que j’écris »

Evocation d’Auschwitz, qui a été découvert en 1943 (prisonnier évadé qui a témoigné et qui a notamment raconté à Eluard la mort de deux femmes qui étaient ses amies dans le camp), adresse aux femmes prisonnières d’Auschwitz, cette adresse est encadrée par « Je vous salue Marie ». Ici Marie représente ces femmes résistantes et martyres.

Puis 7 dernières strophes, construites autour de la répétition « Je vous salue ma France ».

Avec ce long poème, Aragon renoue avec le genre de l’épopée : Une épopée est un long poème d’envergure nationale narrant les exploits historiques ou mythiques d’un héros ou d’un peuple. Ce mot est issu du grec ancien ἐποποιΐα / epopoiḯa (de ἔπος / épos, « récit ou paroles d’un chant » et poieîn, « faire, créer ») et désigne « l’action de faire un récit ». On parle également de tonalité épique, ou de registre épique, pour des œuvres non poétiques, ou des poèmes brefs dont le style et la thématique sont proches de l’épopée. Dans sa préface, Arma virumque cano (je chante les combats et les armes)– formule empruntée à l’incipit de l’Énéide de Virgile –, le poète s’inscrit dans la lignée d’Homère et de Virgile et justifie l’assimilation entre poésie de circonstance et épopée.

Structure de l’extrait : 7 quatrains composés d’alexandrins, rimes croisées, alternance rimes féminines / masculines.

 Forme fixe, classique, poème peut être rapproché d’un hymne qui serait chanté, répétition fonctionne comme refrain avec différents couplets.

1ère strophe :

Anaphore qui construit le poème : « Je vous salue ma France », fait écho au « Je vous salue Marie ». Prière dédiée à la Vierge Marie, fondatrice pour les catholiques. Vierge Marie, mère des catholiques, analogie => personnification, France mère-patrie de tous les français.

L'Angelus est une prière de l'Église catholique d'Occident qui commémore l'Annonciation. Elle tire son nom de ses premiers mots, « Angelus Domini nuntiavit Mariæ ». Elle constitue trois textes décrivant le mystère de l'Incarnation. Elle est récitée en réponse avec la salutation « Je vous salue Marie ! »

Cette dévotion est récitée dans l'Église latine trois fois par jour, à 6 h, à 12 h et à 18 h mais ces heures peuvent varier selon le travail et les régions. À ces heures une cloche de l'Angelus est sonnée.

De plus, la strophe fait référence au Carillon de Vendôme est une comptine française du XVIe siècle dont le texte est le suivant :

Mes amis,

Que reste-t-il

À ce Dauphin si gentil

Orléans, Beaugency,

Notre-Dame de Cléry,

Vendôme, Vendôme !

À Vendôme (Loir-et-Cher), on entend toutes les heures ce carillon, qui précède les coups de l'horloge Saint Martin.

Au XVe siècle, Charles VII de France, après avoir été déshérité, se retrouve en possession des villes d'Orléans, Beaugency, Cléry-Saint-André (où se trouve Notre-Dame de Cléry), Vendôme et Bourges.

1ère strophe fait donc écho au passé de la France et à la victoire de Charles VII sur les Anglais.

Charles VII : Roi indissociable de l'épopée de Jeanne d'Arc, il réussit à renverser une situation compromise pour se faire sacrer à Reims le 17 juillet 1429. Il met fin en 1453 à la guerre de Cent Ans sur une victoire française.

Très contesté dans sa légitimité même, Charles devient roi en 1422 en pleine guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, compliquée d'une intervention militaire anglaise victorieuse depuis la bataille d'Azincourt (1415). Chef de fait du parti Armagnac, il est déshérité par son père au traité de Troyes (1420) au profit du roi Henri V d'Angleterre puis du fils de ce dernier, Henri VI. Replié au sud de la Loire, le « roi de Bourges », comme on le surnomme par dérision, voit sa légitimité et sa situation militaire s'arranger nettement grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc, et de Gilles de Montmorency-Laval dit Gilles de Rais qu'il fait maréchal de France en 1429. Ceux-ci délivrent Orléans et conduisent Charles à la cérémonie du sacre à Reims.

Souvent critiqué par la postérité pour avoir ralenti la reconquête de la France commencée par Jeanne d'Arc et pour l'avoir abandonnée à son sort après la victoire, Charles la fait néanmoins réhabiliter solennellement en 1456 et laver de toute accusation d'hérésie. Achevant de chasser les Anglais du royaume, il s'emploie également à rétablir l'économie grâce à Jacques Cœur, le gallicanisme et l'autorité royale.

Référence à un épisode glorieux de l’Histoire de France : Jeanne d’Arc délivrant Orléans et menant le roi de France Charles VII à son sacre à Reims.

« fantômes » sont ici les Anglais, qui ont envahi la France à cette époque, renvoie également aux ennemis de 1943.

Référence historique fonctionne ici comme annonce prophétique de la victoire à venir : « paix », « pays qui chante ». « Vaisseau sauvé des eaux » métaphore, référence à l’épisode du déluge, destruction de tout, punition divine, nouveau départ pour descendants de Noé, seul juste. Idée reprise au vers 28.

Strophe 2 :

Personnification de la France vue comme la femme aimée. « yeux de tourterelle » = idée d’une couleur changeante. v.6 : chiasme, renforcé par coupure de l’alexandrin en deux hémistiches, qui établit un parallèle entre le tourment et l’amour. Lieu commun de la poésie amoureuse, vision paradoxale de l’amour qui apporte bonheur et malheur. Lyrisme : expression des sentiments, forte présence de la 1ère personne avec les déterminants possessifs. Ici la France est perçue comme une maîtresse adorée, « mon ancienne et nouvelle querelle », fait écho aux combats passés et au combat présent (querelle : polysémie, sens classique plainte + combat). Lie amour et guerre comme deux éléments indissociables,

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