Synthèse Personnage Roman

guliers qui font d'elle un personnage idéalisé qui laisse place à l'imagination. La technique du monologue intérieur associée à un narrateur omniscient qui connait tous les sentiments de la princesse et qui programme les évenements à suivre, aide le lecteur à s'identifier au personnage. Ce roman marque la fin du XVIIème siècle par son analyse pertinente des moeurs de l'époque qui est aussi présente dans Manon Lescaut.

Au XVIIIème siècle, «siècle des Lumières», le roman est moins apprécié car ce siècle où la raison est le maître-mot n'affectionne pas le roman fictif, mensongé du siècle précédent. Les auteurs écrivent donc une préface pour persuader le lecteur de la véracité de l'histoire, ce procédé est appelé la fiction du «non fictif». Avec la catharsis, les écrivains veulent instruire le lecteur en montrant les conséquences de l'excès des passions. Les romans-mémoires comme Manon Lescaut écrit en 1731 par L'Abbé Prévost est un nouveau genre qui porte sur le monde un regard personnel. Dans l'oeuvre de l'Abbé Prevost, on assiste à un ''«je»-objet'', c'est-à-dire à un personnage qui ne semble pas contrôler son destin, allant même jusqu'à dire que «c'est la volonté du ciel» (l.28). Le narrateur raconte une histoire passée, il connait déjà le dénouement, une vision subjective est donc donnée. Dans le texte, en décrivant Manon, le personnage se présente d'une manière dévalorisante, il ne cache pas au lecteur sa naïveté. À travers de cette présentation le narrateur veut donc montrer au lecteur l'importance de se méfier des apparences, plusieurs indices comme le moment de silence, à la ligne 25, qui montre un moment de réflexion où elle prépare sa comédie. En effet Manon veut être sauvée de l'Amérique par un mariage avec ce beau chevalier pour échapper à sa place de prostituée. Le roman-mémoire présente donc des exemples d'évolution sociales avec le «moi» qui est au centre du récit.

Le XIXème siècle est présenté comme l'âge d'or du roman, l'échec des conquêtes napoléoniennes pousse les jeunes gens dans le «Mal du siècle». Les romans sont donc des reflets des boulversements qui touchent la population française, cependant de nouvelles technologies permettent la diffusion massive des livres qui s'adaptent donc aux attentes des nouveaux lecteurs. La représentation de l'Homme à travers les personnages est au coeur du débat et donne naissance à plusieurs courants littéraires. Les deux personnages de, Madame Bovary écrit en 1857 par Flaubert et Thérèse Raquin écrit en 1868 par Zola convergent sur un certain nombre de points. Dans ces deux oeuvres, l'histoire est centrée sur le parcours d'un personnage et de ses aventures dans un cadre spatio-temporel qui peint la société où toutes les classes sociales sont représentées, d'ailleurs le titre des deux textes est le nom du personnage qu'il met en scène. Les romanciers s'interressent à des situations banales et quotidiennes. Le point de vue omniscient et l'utilisation de la troisième personne du singulier montrent la volonté de l'auteur d'écrire d'une vision objective. Par une description beaucoup plus poussée que dans la Princesse de Clèves par exemple, l'auteur privilégie les détails réalistes à la beauté pour concourir à un effet de réel. L'utilisation des champs lexicaux des couleurs, des matières, du corps et du caractère aide à donner l'illusion d'un personnage réel. Par la description de scène immorales comme l'adultère d'Emma Bovary ou de scène macabres dans Thérèse Raquin, les deux romans furent la proie de scandales et de procès. Emma Bovary est victime d'ironie liée à son tempérament qui se nourrit de ses rêves comme on peut le voir tout au long de la métaphore filée avec la fleur, tandis que Thérèse Raquin donne lieu à une étude des tempéraments et de l'influence des milieux avec une intériorisation du personnage due à une vie passée à côté d'un malade. Ce siècle romanesque marqué par la présence essentielle d'un personnage est en réel contraste avec le siècle suivant frappé par le «Nouveau Roman».

Au XXème siècle, à partir de 1950, un nouveau genre de roman est proclamé par un groupe de romanciers, le «Nouveau Roman» dont le chef de file est Robbe-Gillet qui cherchent à se libérer des conventions du réalisme avec des innovations destabilisantes comme avec l'emploi constant de la deuxième personne cherchant à impliquer le lecteur. Dans La Modification de Butor écrit en 1957, le personnage joue le rôle de conscience et le roman se présente sous forme de dialogue, le lecteur assiste donc à un dialogue entre le personnage et sa conscience. Au cours du trajet en train, le personnage va se «modifier», d'où le titre, grâce à un procédé psychologique qui est montré par le monologue intérieur avec les questions qui montrent le doute du personnage.