Crise de la démocratie
Dissertation : Crise de la démocratie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Hugo Moringue • 11 Avril 2017 • Dissertation • 2 375 Mots (10 Pages) • 949 Vues
Introduction :
La victoire de Donald Trump aux primaires républicaines américaines, après son succès dans l'Indiana le 6 mai, le vote en faveur du Brexit en Grande-Bretagne le 23 juin dernier, ou encore la montée du FN en France qui réalise de très bons scores électoraux, reflète un malaise entre le peuple et ses élites dans nos démocraties contemporaines.
La démocratie représentative qui s'est progressivement installée comme le régime dominant en Europe et outre Atlantique, se caractérise par le principe de l'élection.
Des représentants sont ainsi élus par le peuple, et sont censés représenter ses intérêts.
Cependant il aboutit aussi à la formation d'une « aristocratie élective », qu'on peut qualifier d'élites.
L'élite est donc une minorité qui se distingue du groupe auquel elle appartient et à laquelle on reconnaît une supériorité, une autorité morale.
Le rôle des élites dans nos démocraties a fortement évolué, on remarque qu'aujourd'hui leur activité s'est largement professionnalisée et technicisée.
Cependant elles sont de plus en plus contestées, et ce, par une partie croissante des électeurs, qui dénoncent la domination d'une catégorie sociale sur les autres, et finissent donc par contester leur légitimité au sein du régime démocratique.
Cette désaffection a conduit nos démocraties représentatives dans une véritable crise.
En quoi la démocratie représentative, par le principe de l'élection aboutit à la formation d'une élite ?
Comment expliquer la crise de la représentation politique actuelle, qui remet en question le rôle des élites au sein de nos démocraties ?
I/ Les élites démocratiques, produit et contradiction de la démocratie représentative
A) L'apparition du principe du gouvernement représentatif aboutit à la formation d'une « aristocratie élective ».
L'idéal démocratique émerge et se développe à Athènes du VI au IV ème siècle avant JC.
Les Athéniens mettent en place une démocratie qu'on peut qualifier de directe, c'est un système fondé sur l'ouverture de la participation politique au plus grand nombre.
Le système de sélection des dirigeants est fondé sur le tirage au sort, qui assure l'égalité entre les citoyens, et qui permet l'homogénéité du corps politique.
Le système démocratique ne connaîtra pas de transformation majeure avant sa réémergence sous la forme du gouvernement représentatif.
Le débat sur la manière de sélectionner les gouvernants va vivement reprendre au XVIIème et XVIIIème siècle, dans un contexte où s'impose la doctrine de la souveraineté populaire.
L'idée qui s'impose, à travers les révolutions américaines ou françaises notamment, chez les penseurs du contrat social, c'est que le fondement du pouvoir doit procéder du peuple.
Le modèle du régime représentatif va donc finalement voir le jour
Emmanuel-Joseph Sieyès, quant à lui, souligne la différence entre la démocratie dans laquelle les citoyens font eux-mêmes la loi et le régime représentatif dans lequel ils confient l’exercice de leur pouvoir à des représentants élus.
Dans un discours datant du 7 Septembre 1789, il énonce ainsi l’esprit du gouvernement représentatif, dont il est en partie à l'origine.
Ainsi pour lui les « les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi, ils n’ont pas de volonté particulière à imposer, s’ils dictaient des volontés , la France ne serait plus cet état représentatif , ce serait un état démocratique, le peuple, je le répète dans un pays qui n’est pas une démocratie et la France ne saurait l’être »
Le régime qui se met en place à cette époque n’est donc autre, selon Bernard Manin, que le gouvernement représentatif qui deviendra par la suite une démocratie représentative dans laquelle on confie le pouvoir à une « aristocratie élective » au nom de trois arguments :
- argument technique : les nations modernes sont trop vastes pour que la démocratie directe puisse y être pratiquée
- argument sociologique sur lequel s’appuie l’Abbé Sieyès dans son ouvrage Qu’est-ce que le tiers état ? « le fonctionnement des sociétés modernes, la disparition de l’esclavage en particulier, ne permette pas que l'ensemble des citoyens se consacre en permanence à la chose publique, il faut donc une fraction d’individus qui s'occupent de cette tâche.
- argument politique : le peuple, comme le dit Montesquieu, « n’a pas suffisamment de lumière pour se gouverner lui-même, il doit donc se désigner des représentants et pour se désigner des représentants, là il est suffisamment éclairé pour le faire. Il est en mesure de bien choisir ses représentants. »
B) La double dimension de l'élection, principe central de la démocratie représentative
Bernard Manin montre que le système représentatif mêle des éléments démocratiques mais également aristocratiques dans le sens où l'exercice du pouvoir est réservé aux « meilleurs » souvent les plus aisés.
En réalité, lorsque l’on considère les citoyens en tant que candidats, l’élection apparaît comme une procédure profondément inégalitaire et non démocratique.
En effet contrairement au sort, elle ne donne pas à n’importe qui le souhaitant une chance d’accéder aux fonctions publiques.
L'élite est ainsi issue des classes sociales supérieures qui partagent un capital économique, culturel et symbolique élevé.
Ces-derniers sont nécessaires à la poursuite de grandes études, comme Science po ou l'ENA,et la formation d'une réseau qui permettent d'accéder aux centre décisionnels du pouvoir.
Ainsi on remarque un très fort problème de représentation à l'assemblée.
Par exemple alors que les employés et les ouvriers représentent la moitié de la population active, seul 3 % des députés proviennent de leurs rangs.
On constate alors que l'élection présente un caractère aristocratique indéniable.
Cependant, lorsque l’on envisage les citoyens en tant qu’électeurs, l’élection apparaît, dans ce sens, démocratique car ce processus offre à tous citoyens l’égale possibilité de choisir les gouvernants.
De plus les citoyens ont la possibilité de faire part de leur mécontentement grâce au vote en ne réélisant pas les représentants.
Ainsi selon Bernard Manin, « l’élu n’est jamais le double ni le porte-parole de l’électeur ».
C) L'évolution du régime représentatif, qui voit se succéder différentes formes d'élites
- le premier est le parlementarisme : l’individu vote pour un notable, il fait le choix d’une personne de confiance. Le député vote selon sa conscience, il n’est donc pas lié par les volontés des électeurs, il n’y a pas de coïncidence entre l’opinion publique et l’expression électorale.
L’avènement du suffrage universel qui a considérablement accru l’étendue du corps des citoyens, a, dans le même temps, favorisé l’avancée des partis de masse qui vont donner naissance à la
- la démocratie de partis : elle se caractérise par la confiance que l’individu accorde à un parti, c’est l’expression d’une appartenance de classe, composée d’homme d’appareil et de militant.
C’est ce qui correspond au clivage gauche-droite en France.
Les élites politiques sont libres de fixer les priorités au sein du programme mais ils doivent tout de même respecter la ligne du parti.
Il y a, dans ce cas, une coïncidence entre l’opinion publique et l’expression électorale.
- démocratie du public : système qui correspond au système actuel.
La plupart des électeurs vont voter différemment en fonctions des élections ; C’est ce que Bernard Manin appelle la personnalisation du choix électoral.
L’électeur va ainsi choisir une personne de confiance, répondant à l’offre électorale au détriment des programmes.
Les partis deviennent alors des instruments au service des leaders, qu'ils utilisent afin de remporter la bataille électorale.
Les partis sont ainsi aujourd'hui composés d’experts en communication, en effet les hommes politiques font désormais appel à des professionnels en marketing politique, afin se mettre en avant dans le débat politique.
L'arrivée de la télévision a donc un impact déterminant dans
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