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L'Éducation Des Femmes - Laclos

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te à suivre sa démonstration : « on est tenté de croire»

B.Et qui passe à une narration qui présente comme avérée l'hypothèse première:

On remarque qu'ensuite le locuteur passe progressi­vement d'un raisonnement hypothétique, et donc d'une reconstitution fictive de l'histoire de l'humanité, à un récit, comme s'il retraçait une réalité. Le passage de l'un à l'autre s'opère dès la deuxième phrase du texte, comme le montre le recours aux temps du récit (passé simple et imparfait). S'ensuit un enchaînement d'actions, dont les péripéties sont mar­quées par des adverbes temporels:« cependant » (l. 14) et « bientôt» répété plusieurs fois (l 15, 18 et 22), qui indiquent une certaine accélération dramatique.

C.Laclos s'attache donc à imaginer les grandes étapes de la socialisation de l'homme.

On peut en distinguer trois

les premières regroupements uniquement mas­culins (l. 6)

puis les premières communautés mixtes : « ils sentirent bientôt le besoin qu'ils avaient des femmes». Ces communautés sont présentées comme un temps d'équilibre et de juste partage, repo­sant sur des besoins et des tâches partagés soulignés par les mots : « aucune propriété exclusive » « partageait » « en commun » « chasse générale » « cette communauté de travaux et de fruits». Elles sont caractérisées aussi par une grande liberté de mœurs « toutes étaient à tous » découlant de l'absence de propriété et de toute forme de contrat.

Enfin, la troisième étape est l'aliénation de la femme, mise en parallèle avec la naissance de la propriété: « les hommes éten­dirent bientôt jusqu'à elles cette même idée de pro­priété». historique.

2.Une dénonciation indignée de l'inégalité entre hommes et femmes

Au travers de cette fiction historique, Laclos s'em­ploie à dénoncer les rapports entre hommes et femmes tels qu'ils existent encore à son époque. Repre­nant l'expression de Rousseau de «contrat social » (l. 3), il montre qu'il repose non sur une libre approbation des deux partis, mais sur un coup de force: c'est la thèse qu'il défend, dans une phrase essentielle du texte, qui évoque la rupture de l'égalité première entre sexes, grâce à une antithèse riche de sens:

«elles n'ont que cédé et non pas consenti au contrat social ».

Il s'agit donc d'un pacte social injuste et Laclos dénonce avec vigueur la domination des hommes sur les femmes, ce qu'il appelle « la loi du plus fort» et qui n'est en rien une loi bien sûr, comme le montre tout le lexique de la violence et de la force: « subjuguées », «conquête», «contrainte», «force», «contraindre ».

L'expression«telle fut en général l'ori­gine du droit » résume de la même manière le fon­dement abusif de l'inégalité entre sexes.

Toute la compassion du locuteur va donc vers les femmes dont la situation d'oppression est présentée avec beaucoup d'émotion. On peut évoquer en particulier la formule finale, qui repose sur une double anti­thèse «compagnes de nom, elles devinrent bientôt esclaves de fait ». Et cette comparaison des femmes avec les esclaves sur laquelle se termine le texte a été préparée par tout un champ lexical de la soumis­sion :« subjuguées», «chaînes », «assujetties».

Synthèse :

Bien que le caractère hypothétique de la démonstration soit clairement exposé dans le début du texte, cette démonstration est cependant convaincante, parce qu'elle s'appuie sur des intuitions, et parce qu'elle se déroule suivant une chronologie bien précise, dans un

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