La Notion De « Justice Transitionnelle »
Rapports de Stage : La Notion De « Justice Transitionnelle ». Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresbilisés. Mais la multiplication aujourd’hui des Etats en crise ou en sortie de
crise conduit à compléter la problématique de la « justice dans l’Etat » en
s’interrogeant sur un autre volet de celle-ci : la justice transitionnelle. Car à
côté de la justice « traditionnelle-institutionnelle », régulatrice et
sanctionnatrice du « quotidien », émerge une justice « transitionnelle »
régulatrice et sanctionnatrice de « l’exceptionnel ». Si la première est
facilement identifiable, la seconde est plus difficilement saisissable. Preuve en
est, la définition retenue par les Nations-Unies dans le Rapport du Secrétaire
général présenté devant le Conseil de sécurité : « [la justice transitionnelle
est] l’éventail complet des divers processus et mécanismes mis en oeuvre par
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une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans
le passé, en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de
permettre la réconciliation »1.
Cette communication tentera donc de réfléchir à la notion de justice
transitionnelle, qui loin de faire l’unanimité en doctrine ou au sein des
organisations internationales suscite beaucoup de divergences d’appréciations.
Car dans un contexte international de lutte contre l’impunité et de sanction
attendue des violations à grande échelle des droits fondamentaux, la justice
transitionnelle bénéficie d’un statut dérogatoire qui la fait coexister avec une
Justice au statut déjà spécifique.
La préhension de la justice transitionnelle par le système constitutionnel
conduit alors à soulever plusieurs questions qui conditionnent sa recevabilité et
partant, son efficacité dans la construction ou la consolidation de l’Etat de
droit auquel aspire la société en transition.
Sous cet angle, s’interroger sur le statut de la justice transitionnelle,
c'est-à-dire sur sa dimension institutionnelle, semble être un préalable
nécessaire à une approche plus substantielle et matérielle de cette justice
dans l’Etat. Car comme pour la justice « traditionnelle », l’acceptation d’un
processus de sanction-réparation repose avant tout sur son intériorisation, tant
par les auteurs que par les victimes, autrement dit sur sa légitimité. Or en
matière de justice transitionnelle comme en matière de justice ordinaire ou
constitutionnelle, la légitimité repose sur deux fondements : en amont, le
statut des organes (et plus largement leur « stature ») ; et en aval la fonction
de ces organes (leur « activité »).
C’est sur le premier pilier de cette légitimité que nous insisterons
davantage aujourd’hui à travers quelques brèves réflexions sur le concept
même de justice transitionnelle dont la délimitation (I) conditionne son
articulation avec les (autres) composantes du pouvoir juridictionnel (II)
I - Signification
Si la question de la délimitation du champ de la justice transitionnelle
est évoquée ici et non en introduction, comme les us universitaires devraient le
suggérer, c’est que la notion même de justice transitionnelle est discutée, dans
ses fondements et dans sa pertinence (A), de sorte qu’il n’est pas aisé de
s’accorder sur une définition unanimement acceptée, même si un certain
nombre de principes forts guidant l’exercice de la justice en période de
transition semblent émerger et recueillir une certaine adhésion collective (B).
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