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Le Roman De Tristan Et Iseut

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n. Dès le début du texte, on peut noter la référence aux romans de chevalerie avec le vocabulaire utilisé pour la préparation au combat : « se fit armer pour la haute aventure » (l. 1 et 2), « le haubert et le heaume » (l. 2), le terme « preux » est aussi souvent employé pour décrire les chevaliers. La Cornouaille est aussi le lieu du mythe de la table ronde. Ensuite, le merveilleux fait référence au cycle arthurien : ici le gigantisme de Morholt et plus tard, le philtre d’amour font partie de ce registre.

De plus, l’expression « haute aventure » désigne l’épopée. Tristan a toutes les caractéristiques du héros épique, ses qualités sont soulignées : il est « jeune » (« belle jeunesse » l. 3), fort, courageux (« l’un de nous reviendra seul vivant d’ici » l. 12), d’autant que c’est le seul à oser affronter le monstre. Le héros est aussi mis en valeur l. 19 et 20 par une sorte de tableau : « le chevalier se dresse à la proue », en brandissant son épée. Les hyperboles participent également au registre épique : « au sommet d’une vague » (l. 19) et « si retentissants qu’on n’eût pas ouï Dieu tonner » (l. 27).

Si le personnage de Tristan a ses origines dans les légendes celtiques et la mythologie, on peut remarquer également que ses qualités et notamment la prouesse accomplie relèvent de la chanson de geste.

2)La chanson de geste

A/Caractéristique de la chanson de geste

Une chanson de geste est une épopée légendaire héroïque mettant en scène des exploits guerriers de roi ou de chevaliers. La geste est « une action d’éclat accomplie » qui est née au XIe siècle et a pris la suite des grandes épopées de l’Antiquité. C’est donc surtout l’exploit de Tristan qui est accentué ici : le combat n’est pas à proprement parlé décrit (« nul ne vit l’âpre bataille » l. 15), cela sollicite l’imagination du lecteur, mais on comprend qu’il s’agit d’une lutte sans merci (« trois fois […] un cri furieux » l. 15 et 16). Tristan avait précisé que ce serait un combat à mort : « l’un de nous deux reviendra seul vivant d’ici » (l. 12). En plus, les détails sanglants prouvent la dureté du combat : Tristan revient avec une preuve (« épée ébréchée, un fragment de la lame est resté dans le crâne du Morholt » l. 23 et 24) et il est grièvement blessé (« le sang ruisselait de ses blessures » l. 28). C’est donc un chevalier doué d’une force extraordinaire, capable d’endurer toutes sortes de souffrances physiques ou morales.

B/Un héros représentatif de la chanson de geste

De cette façon, ce héros épique est aussi représentatif de la chanson de geste, Tristan est exemplaire par sa fidélité à son seigneur (il va affronter le Morholt pour le Roi Marc), il est élu pour sa perfection et représentatif d’une collectivité dont l’existence est en jeu : dès lors, Tristan est mis en valeur également par la réaction de la foule qui l’entoure, par leur bouleversement ; le public est appelé aux grandes émotions collectives : « Les cloches sonnent, et tous, ceux de baronnie et ceux de la gent menue, vieillards, enfants et femmes, pleurant et priant, escortent Tristan jusqu’au rivage. » (l. 4 et 5), « en signe de deuil ; les femmes battaient leurs paumes en chœur » (l. 16), « vingt barques volèrent à sa rencontre et les jeunes hommes se jetaient à la nage » (l. 20 et 21), « les mères à genoux baisaient ses chausses de fer » (l. 21 et 22), « les enfants délivrés agitaient à grands cris des branches » (l. 25), « les chants d’allégresse, aux bruits des cloches, des trompes et des buccines, si retentissants qu’on n’eût pas ouï Dieu tonner » (l. 26 et 27). On peut noter pour ce dernier exemple l’hyperbole, propre au registre épique. Tristan, prêt à mourir, se montre donc supérieur, il a tenu bon pour le peuple et s’effondre à la dernière minute. Il fallait qu’il revienne en héros. Il y a un contraste entre la joie du peuple (l. 25 à 27) et l’état de Tristan (« le sans ruisselait de ses blessures »).

De plus, les autres personnages permettent aussi de souligner la bravoure du héros : les barons, par ex, n’ont pas osé défier le Morholt (« belle jeunesse, que n’ai-je, plutôt que toi, entrepris cette bataille ! ». En outre, le comportement des barons ne se résume pas à la lâcheté car ces vassaux du Roi Marc convoitent l’héritage de son pouvoir, ils sont jaloux de Tristan et l’envoient exprès risquer sa vie. Mais Tristan, en vainquant le Morholt, saura justement gagner l’amitié du Roi : si ce dernier conserve son pouvoir, c’est uniquement grâce à la vaillance de son neveu, qui ose affronter le Morholt sans qu’il n’ait osé le faire lui-même.

En ce sens, l’épée devient le symbole militaire de la bravoure : Tristan est reconnu par la brèche faite à son arme lors du combat (« Voyez mon épée

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