Sentir Est-Ce Penser ?

e l'imagination qui est l'embryon de l'action de pensée. Le sentir serait donc le début du penser. Ce serait la base de notre pensée.

On peut donc faire un rapprochement avec les empiristes, tel Berkeley, pour qui le monde extérieur n'est qu'une construction à partir d'impressions sensibles. Notre pensée se développerait donc à partir de nos sensations. Cette thèse est celle de Hume. En effet, dans Traité de la nature humaine, Hume explique la genèse de la connaissance humaine. Pour lui, toute la pensée est réduite à des lois de contiguïté dans le temps et dans l'espace, de similitude et de causalité. Or ces lois sont inconscientes, l'association entre elles est spontanée (ni réfléchie, ni volontaire). Il est donc évident selon cette thèse que la sensation est la base de la pensée. Seulement elle n'en est que la base.

On l'a donc vu, la pensée peut être dans certains cas réduite à une sensations. Cependant, la sensation est surtout la base de la pensée. Le penser serait donc complètement différent du sentir.

En effet, la première différence que l'on peut percevoir entre la pensée et la sensation est le fait que le sentir est un acte instantané en contradiction avec le penser qui est lui un acte qui demeure. Dans le Théétète de Platon, Socrate expose cette thèse dans un dialogue. Ainsi, l'homme qui a une sensation, cela sera rapide or une pensée reste ancrée dans l'esprit humain. La perception établit un lien immédiat entre le sujet et l'objet tandis que la pensée établit un lien mais qui est réfléchi et volontaire. En effet, la pensée est une construction de l'esprit , qui peut mettre du temps à se mettre en place. La sensation est quant à elle uniquement la réceptivité d'informations du monde extérieur qui ne sont pas triées : on les reçoit sans pouvoir les refuser ou les rejeter, on y est contraint. Au contraire, la pensée est un acte volontaire, qui échappe à toute contrainte.

On peut donc différencier la pensée de la sensation. C'est ce que fait notamment Kant, qui sépare la perception de l'entendement. Pour lui, penser c'est produire des concepts et sentir veut dire recevoir une diversité sensible. Ainsi, l'opposition est évidente. L'activité de sentir est uniquement passive, elle reçoit. Or la pensée est une production, un raisonnement de l'homme donc elle est active. En effet, lorsque quelqu'un entre dans une pièce, il n'y a aucune activité de pensée, il y a seulement la diversité sensible qui me donne ce quelqu'un. Je ne pense pas qu'il arrive, j'en ai seulement la sensation.

Enfin, la sensation est en opposition avec la pensée car elle ne permet tout simplement pas de manière générale de penser. C'est une activité qui nous est donné sans notre accord. Ainsi, quelqu'un qui se brûle aura la sensation de chaleur mais il ne l'aura pas pensée, il sera soumis à cette sensation. Mais cette sensation lui apprendra que la chaleur peut brûler. On peut donc penser que la sensation serait à l'origine de notre pensée, qu'elle nous permettrait d'apprendre quelque chose mais serait tout de même en opposition avec la pensée au niveau de l'action.

Finalement, après avoir vu que la pensée pouvait correspondre à la sensation dans une certaine mesure, nous avons vu que le sentir ne correspondait pas au penser car l'action qui en découlait n'était