Vaincre ses passions

GLDF  - REAA

Vénérable maître,

et vous tous mes frères,

Le thème de ma réflexion ce midi, est  « Vaincre ses passions »

        L’étymologie du mot passion nous renvoie au latin qui l'associe à la douleur et  à la souffrance. Ce terme décrit le supplice qui conduit le Christ à la crucifixion. Dans son acception plus contemporaine, le mot passion désigne une vive émotion, « un cri instinctif », selon Aristote qui est constamment mis en opposition avec la raison. L'emploi du pronom possessif « ses » nous donne à réfléchir quant à l’origine de ces souffrances . Il s'agit de faire une introspection pour connaître, puis s’affranchir de ses propres obstacles. Il apparaît un peu plus clair que cette recherche spirituelle ou philosophique a comme préalable l'abolition de nos préjugés, qui sont des obstacles qui nous entravent.

Si dans le monde profane il est d'usage de considérer qu'il est mieux de raisonner en ayant la « tête froide », il en est de même dans l'univers du sacré où il faudra apprendre à vaincre ses préjugés pour accéder à la compréhension des secrets maçonniques. Dans le REAA que nous pratiquons au grade d’apprenti, il y a de nombreux gestes et comportements qui nous invitent à cette maîtrise. Je me propose de tenter d'analyser sur deux aspects, comment notre rituel nous conduit vers cet objectif. (1'12mn)

1. Les outils de l’apprenti pour vaincre ses passions

Lors de la tenue nous nous devons d’observer la rituelie, les gestes et postures. Cette acception est parfois mal comprise.  Le silence de l’apprenti est intéressant à analyser du point vu de la maîtrise de soi. S’exercer au silence ne signifie pas entraver une quelconque liberté mais plutôt une invitation à la  réflexion. Nous devons considérer cela comme l’expression de l’instruction du franc-maçon qui doit réfléchir avant de prendre la parole. Ce silence devient donc un mode de d'apprentissage, celui du contrôle de soi. Le silence de l’apprenti est donc un outil de son instruction, la méthode qui lui apprend à contenir l’effervescence de sa jeunesse. (0'34mn)

Le deuxième élément est le signe distinctif. Se mettre à l’ordre, c’est s’engager à pratiquer la vertu en dominant ses passions et en faisant prédominer la raison. Le signe de l’ordre revêt ainsi un sens symbolique dans son exécution. Il véhicule un sens de discipline intérieure, et de modération de soi-même. En ayant la main contre le cou avec le pouce en équerre, on exprime notre volonté d’écraser nos passions bouillonnantes pour laisser l’ordre prendre le dessus. Il s’agit de taire nos bouleversements intérieurs.  Dominer ses passions est le devoir du franc-maçon. (0'32mn)

Il est un geste également très fort que l’apprenti ne vit lors de l'initiation. Le compas pointé sur le cœur est une mise en garde, le symbole violent de la vigilance que nous devons toujours avoir pour réprimer nos passions. Cela nous rappelle cette citation de Sénèque : « Être asservi à soi-même est le plus pénible des esclavages. » Il faut se libérer, se dégager de soi-même, image qui nous rappelle l'allégorie de la pierre brute à dégrossir, cette pierre qui n’est autre que nous même. Le rituel nous incite à nous séparer de la gangue de nos préjugés. (0'46mn)

2. La démarche initiatique

La symbolique que la pierre brute nous dit que nous sommes prisonniers de notre propre matière. Le travail de la pierre brute est dur, il est manuel, il se fait avec des outils archaïques, il demande du temps et de l’assiduité. Le rituel, nous apprend grâce à cette image que nous devons,  avec humilité et force, nous libérer de nos certitudes dogmatiques car elles nous empêchent d’accéder à la lumière qui permet de comprendre le monde maçonnique.  C’est en ce sens que notre démarche doit être une démarche initiatique,  la vérité ne peut être découverte que pas après pas. C’est ainsi que l’observation et l’écoute doivent être privilégiés et que l'effort doit prévaloir sur les croyances. (0'41mn)