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Aqmi est elle une menace pour le tourisme saharien ?

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algérienne appelée à l’origine GSPC (Groupe Salafiste pour la prédication et le combat) est une sorte de « franchise » de la nébuleuse Al Qaïda qui malgré un enracinement en Algérie va s’étendre à pratiquement toute la région désertique du sahélo-saharienne (cf carte annexe) à partir de 2007. AQMI serait composée d’environ 800 membres et développe un mode opératoire qui lui serait aujourd’hui propre : attentat suicide, prise d’otage, et guet-apens avec des financements provenant des rançons et du trafic de drogue dans la région.

La question que l’on pourrait se poser est de savoir comment l’action d’AQMI impacte sur le secteur touristique au Maghreb et dans la région Sahélo-saharienne ?

Dans un premier temps nous jaugerons le potentiel d’attraction touristique de Sahara et nous verrons comment AQMI s’est introduite dans la région puis nous verrons en quoi AQMI représente une menace et un facteur déstabilisateur pour le secteur touristique.

I- La région sahélo-saharien : un pôle d’attraction face à la montée récente d’AQMI

A- Les spécificités du tourisme dans la région

Il est tout d’abord à noter que le phénomène du tourisme saharien est récent car jusqu’en 1919, seules le Nord du Sahara et du Sahel avaient été explorés et il aura fallu attendre que des missions menées par Citroën puissent explorer le désert en automobile. L’immensité du Sahara était une opportunité pour certains (Renault, Citroën) d’y organiser des rallyes, c’est ainsi que des centaines de compétiteurs venaient concourir permettant de faire connaitre cette région, de la développer et d’y installer les infrastructures nécessaires à son nouveau statut. Le développement du tourisme lié à celui des transports ont donc permis d’accueillir de nombreux voyageurs et des entreprises comme Shell qui va installer des postes de ravitaillement en eau et en essence à chaque 400 km au niveau des axes transsahariens. C’est en ce sens que la promotion touristique de la région commença et l’on voyait déjà en 1936 le Guide du tourisme au Sahara promouvoir le désert comme la terre de prédilection du tourisme automobile et aérien, «Nombreux sont désormais ceux qui, chaque hiver, parcourent le Sahara en tous sens. Plus nombreux sont encore ceux qui voudraient le connaître mais que rebutent les obstacles qu'il présente à première vue ... Nous avons désiré vous aider à préparer votre voyage et à parcourir l'hallucinant Désert en vous débarrassant de la plupart de vos soucis.». Le dessein pour les pays du Maghreb est simple, il est d’essayer de faire du Sahara une destination de vacances prisée, celle de l’évasion et du dépaysement. On parle dès lors de « Féerie Saharienne » pour qualifier un changement de l’environnement avec un nouveau type de voyage qui attirent de plus en plus de monde.

B- La genèse d’AQMI

Considérée depuis 2007 comme une franchise d’Al Qaida, AQMI a su s’imposer en transformant et regroupant les organisations terroristes et notamment le GIA (Groupe Islamiques Armés) en perte de vitesse et le GSPC dans le but ultime de se constituer une image de marque.

Il faut souligner que l’Algérie est le point de départ des mouvements islamistes terroristes au Maghreb. Le GIA dans les années 1990 en Algérie tombait littéralement en désuétude suite à de nombreuses querelles idéologiques avec le FIS (Front islamique du Salut) notamment. Les méthodes barbares utilisées par le GIA ont poussé de nombreux combattants à se retirer et à d’autres de ne pas y adhérer laissant profiler l’urgence d’une « modernisation » des méthodes pour mener la Guerre Sainte. Cette transition s’effectuera par Hassan Hattab et le GSPC dont la ligne directrice reste la même : lutter contre les mécréants occidentaux, juifs ou chrétiens. Suite à des querelles internes, Hattab quitte le GSPC et laisse son poste à Abdelmalek Droudkal qui prend la tête et défend une position un fondamentalisme radical. Il envoit une partie de ses troupes combattre en Irak et essaye de renforcer les réseaux à l’étranger.

Ce qu’il faut noter par ailleurs est qu’AQMI n’agit pas seulement au Maghreb et dans les régions sahariennes mais aussi dans le Sahel et notamment au Mali, Mauritanie, Senegalais… L’organisation voit dans ces pays un moyen de renflouer les rangs des moudjahidines situés dans le sud de l’Algérie.

II- AQMI : une montée des périls rapide et une menace qui est facteur d’instabilité

A- Le mode opératoire : une menace sécuritaire grandissante…

Concernant la capacité opérationnelle d’AQMI, elle repose sur les pratiques du racket, de la contrebande et de la criminalité hérités du GIA et GSPC. Le financement provient par ailleurs des propres adhérents à AQMI car contrairement à il y a quelques années, les donateurs salafistes avaient peur pour leur image et se sont tournés vers le financement de mosquées à l’étranger au lieu d’apporter une aide substantielle à cette branche d’Al Qaïda. D’un point de vue matériel, l’armement d’AQMI vieillit et le manque de financement ne permet pas une modernisation et un réarmement. L’utilisation d’anciennes kalachnikovs et de quelques lances roquettes agrémente le trafic illicite mené par AQMI avec un transit régulier d’armes via les frontières maliennes et mauritaniennes.

En outre, l’une des missions principales d’AQMI est de recruter des jeunes et les convaincre de devenir des martyrs les précipitant ainsi à sacrifier leurs vies pour le jihad en se faisant exploser au milieu des foules ou en procédant à la technique de la voiture piégée. Le marasme économique algérien des années 1980 face un sentiment de déliquescence sociale, a permis à AQMI de recruter de nombreux jeunes algériens désespérés. Aujourd’hui, AQMI a beaucoup plus de mal de recruter au niveau du Maghreb et se tourne vers l’Afrique noire

Parmi le vaste champ opératoire propre à AQMI, ce qui caractérise le mieux cette mouvance et qui est devenue sa marque de fabrique est le kidnapping de touriste qui lui confère une forte visibilité et impact de manière négative l’économie maghrébine et sahélienne par le biais du secteur touristique. Cette action consiste à détenir quelqu’un et s’en emparer par la force, contre sa volonté. Pour les ravisseurs d’AQMI, les touristes sont une mine d’or dans le sens où ils constituent avant tout une cible facile et bien choisie. Le touriste n’est pas familier à l’endroit qu’il visite et ne connaît personne susceptible de l’aider ; et étant souvent accompagné de sa famille, le touriste est facile à impressionner et menacer ce qui par conséquent, le pousse à se montrer coopératif pour éviter tout risque. Le voyageur est aussi vu comme disposant aussi de moyens financiers lui permettant de payer une rançon. Le but d’AQMI est de faire pression sur les autorités dirigeantes d’un pays ou sur celle d’un autre pays. Ainsi, les kidnappeurs ont un moyen de pression direct sur le gouvernement, car un kidnapping n’est jamais très bon pour l’image d’un pays. Surtout quand le pays a un potentiel touristique. Le kidnapping a donc pour finalité un but exclusivement économique car les ravisseurs négocient avec le pays de la nationalité représentée par la personne enlevée une certaine somme d’argent. Seulement, ce qui est important à souligner c’est que ces pratiques ont des répercussions sur le tourisme et qu’une baisse de la fréquentation touristique est due à ce mode d’action du groupe terroriste. Cependant, affecter le tourisme n’est plus une conséquence mais bel et bien un moyen de pression directe. AQMI a fait valoir sa réticence au tourisme dans leur pays et mettent en avant une très forte volonté de dissuasion. C’est ainsi que pour éviter que les touristes ne viennent et afin de mettre un terme à la présence occidentale, AQMI procède à des enlèvements afin de générer une crainte et détourner les touristes vers d’autres destinations que celles liées au tourisme saharien. Par conséquent, les enlèvements orchestrés par AQMI procurent une certaine notoriété à la mouvance par les biais des ravisseurs et leurs démonstrations de force.

Pour illustrer notre propos, le 24 décembre 2007, à 200km de Nouakchott, sur cinq touristes français, quatre ont été tués dont deux enfants, par des extrémistes mauritaniens, membres de la branche Al Qaïda au Maghreb. Les trois meurtriers ont surpris les cinq français prendre une collation et les ont sommés de remettre de l’argent. Une fois le butin en poche, les meurtriers ont tiré une rafale de balle. Ce kidnapping a été perpétré sur une base purement idéologique. D’après l’Islam, « il faut nettoyer les terres du Maghreb des Français et Espagnols pour y rétablir l’Islam comme à l'époque de l'Andalousie du XVIIe siècle. Cet exemple est révélateur des différentes motivations qui muent AQMI dans la région sahélo-saharienne obéissant à la fois à des logiques de besoins économiques et financiers mais aussi idéologiques et religieux.

B- … dont l’impact est sensible au niveau du secteur touristique

L’ancien ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubey Maiga considère qu’AQMI est une menace importante et un risque stratégique pour tous les pays sahélo-saharien. Le terrorisme d’AQMI a une très forte capacité de nuisance et empoisonne le climat

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