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Bataille, je pose en principe

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e première affirmation, Bataille annonce qu'il fonde le mouvement du texte sur un "principe", un point de départ d'une suite, solide, parce qu'il n'est pas déduit. Un principe c'est pour Descartes une vérité de fait (l'existence est la première des vérités) à partir de laquelle on déduit tout un ensemble de vérités nouvelles: un "fait" porte en lui même sa preuve s'il est de l'ordre de l'expérience, de ce qui s'éprouve, de ce qui n'est pas fabriqué: c'est donner au principe un caractère absolu puisqu'il a sa raison d'être en soi, alors que la suite de la déduction sera relative, aura sa raison d'être hors d'elle, dans le principe, bien entendu si la déduction est rigoureuse.

"que l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie." Le principe distingue l'homme de l'animal: pour l'animal le donné naturel extérieur, pour le dire simplement le milieu, l'environnement, est suffisant. Il l'"accepte", prend pour satisfaire ses besoins ce qui lui est offert par les saisons, "simplement" c'est à dire sans faire de manières, sans se dédoubler, réfléchir, faire la fine bouche ou évoquer l'absence. (c'est mieux ailleurs dit le désir). Ce faisant l'animal satisfait ses besoins et ne désire pas. L'homme au contraire "nie" la nature extérieure, la refuse et la rejette. L'homme est désir et le désir se sépare du besoin, préfère à la présence de l'objet donné, l'absence d'un monde humain à inventer et à réaliser.

"Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain." Par "ainsi" l'auteur annonce l'explicitation du processus de négation: "changer" signifie effectivement rendre autre, donne un autre forme: grâce à ce que Bergson appelle la structure naturelle de l'homme, une intelligence fabricatrice, l'homme invente des instruments et donne à ses instruments la permanence en les fabriquant avec un matériau qu'il tire de la nature: le bois, le fer... Les instruments lui permettent de produire des objets fabriqués, une table par exemple dont la forme vient de sa conscience et la matière de la nature: comprenons que l'homme travaille et transforme la nature par son travail.

"L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n apporte pas de réserve." Comme deux parallèles sont liées, suivent leur chemin en même temps, l'une n'allant pas sans l'autre, l'homme en même temps qu'il nie le donné naturel extérieur en travaillant se nie lui même, nie son donné naturel intérieur en refusant de se laisser aller à satisfaire ses besoins pendant qu'il travaille: cela revient souligne l'auteur à s'éduquer soi même, à s'élever au dessus de l'animalité en refusant de s'abandonner aux appétits pendant le temps du travail: il s'impose de ne pas manger, de ne pas boire, de ne pas dormir, ce qui suppose qu'il ait mangé, qu'il ait bu, qu'il ait dormi selon un rythme qu'il s'est fixé et auquel il a obéi, premier pas vers l'autonomie d'un sujet. Le "s" de s'éduquer est capital: c'est l'homme qui s'éduque, c'est l'homme qui se libère: la liberté ne se donne pas, elle se prend.

"Il est nécessaire encore d'accorder que les deux négations que, d'une part, l'homme fait du monde donné et, d'autre part, de sa propre animalité, sont liées." Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. Si les deux négations sont liées c'est que l'une ne va pas sans l'autre: comment travailler à modifier la nature extérieure si on n'est pas capable de faire attention à ce qu'on fait? Comment faire attention à ce qu'on fait si on ne s'y est pas exercé en travaillant? c'est un peu l'histoire de la poule et de l'œuf.

"Il ne nous appartient pas de donner une priorité à l'une ou à l'autre, de chercher si l'éducation (qui apparaît sous la forme des interdits religieux) est la conséquence du travail, ou le travail la conséquence d'une mutation morale." La voiture qui avait la "priorité" est passée en premier. Par quoi l'homme a-t-il commencé? Qu'est-ce qui est venu en premier, une mutation morale ou changement brusque grâce auquel l'homme est parvenu à se dominer et alors il a pu travailler ou le travail, venu en premier qui aurait exercé l'attention? L'auteur refuse de répondre parce que d'une part il est difficile de concevoir l'une des deux négations sans l'autre comme si chacune était la condition de possibilité de l'autre, et que d'autre part il n'y a aucun donné historique sur le devenir passé réel de l'humanité, sur le passage de la nature à la culture, du besoin au désir. Bataille se trouve dans les mêmes conditions que Rousseau quand il réfléchit sur l'origine des langues: une langue en effet, pour être constituée exige que l'homme parle.

[Ne pourrait-on pas dire que le travail naît de cette puissance d'altérité (vouloir être autrement et vouloir être ailleurs) qu'est l'existence comme désir, que le désir lui même naît d'une manque éprouvé,

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