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Catharsis - Pourquoi la violence au théâtre et au cinéma

Cours : Catharsis - Pourquoi la violence au théâtre et au cinéma. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  20 Novembre 2015  •  Cours  •  3 364 Mots (14 Pages)  •  1 920 Vues

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Introduction

Arrivant à l’âge de 13 ans, l'enfant américain moyen aura regardé 100.000 actes de violence télévisée dont 8.000 représentations de meurtre (http://www.abelard.org/). Tant à travers le cinéma, la télévision, le théâtre que la musique, la représentation de la violence est devenue monnaie courante à notre époque, si bien que nous y sommes tous exposés. Difficile alors d’en relativiser les apports dans une société prônant la paix.

Afin de comprendre le besoin éprouvé par l’homme de représenter et de regarder la violence, nous sommes revenus aux premières représentations avec la tragédie grecque. C’est Aristote, un philosophe grec du IVe siècle avant JC qui le premier décrivit le besoin qu’éprouve l’Homme d’épurer ses passions, se défouler grâce à la représentation de la violence. Définissant ainsi la catharsis, ce penseur met au jour un phénomène toujours présent 2000 ans plus tard. Donner à l’Homme le moyen de libérer sainement ses pulsions dans la tragédie offre selon ce penseur une opportunité saine d’éduquer, d’amener à réfléchir et adopter un comportement citoyen.

Depuis l’invention des frères Lumière, le théâtre a progressivement été substitué par le cinéma. C’est pourquoi nous avons choisi d’étudier le septième art pour révéler l’existence d’une catharsis « moderne ».

Ainsi, en traçant un parallèle modeste entre la catharsis grecque et les représentations violentes actuelles, nous nous sommes demandé si ces représentations, fondées sur des codes nouveaux, étaient vouées à la réflexion, l’éducation et pouvaient mener à une catharsis ?

Nous commencerons par définir rapidement la catharsis selon Aristote afin d’établir les fondements de notre comparaison. Ensuite, nous chercherons à démontrer que certaines œuvres cinématographiques ont une vocation cathartique. Nous finirons par vous expliquer pourquoi la catharsis  n’a de sens que si elle est reçue en tant que telle par le spectateur, prêt à s’ouvrir sur une réflexion.


II. Catharsis moderne

Une violence qui traverse les époques

Comme nous l’a expliqué Théo, Aristote définit la catharsis dans son ouvrage Poétique et explique que « nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes de choses dont la vue nous est pénible dans la réalité ». Un théoricien anglais du début du XVIIe, Thomas Heywood, raconte lui dans son Apology for actors (1612) que César, qui était fou de théâtre, était parfois rendu véritablement fou par sa passion : en jouant l’Hercule furieux de Sénèque, il a été une fois emporté par la fureur d’Hercule au point de tuer vraiment l’acteur qui incarnait Lycus. Heywood ajoute que les empereurs romains faisaient monter sur scène des condamnés à mort pour que les tragédies puissent s’achever sur de vrais carnages. On pourrait penser que nous avons, aujourd’hui, rompu avec ce pur phantasme, qui confond les gladiateurs du cirque et les acteurs de tragédie. Mais rien n’est moins sûr, car le monde contemporain a donné corps à des phantasmes équivalents, simplement ils se sont déplacés du théâtre au cinéma, avec les snuff movies (film clandestins mettant en scène la torture et le meurtre d'une ou plusieurs personnes qui ne sont pas des acteurs mais des personnes véritablement assassinées), témoins d’un voyeurisme sadique. Heureusement, tous les journalistes qui ont enquêté sur ces prétendues affaires à ce jour ont conclu à ce que les sociologues appellent des « légendes urbaines ».

  • Ainsi, si les spectacles de gladiateurs n’existent plus de nos jours, ce n’est pas pour autant que le spectacle et l’art se sont affranchis de toute violence.

Quel intérêt retrouve-t-on dans la représentation de la violence aujourd’hui ?

Bien que le théâtre contemporain puisse servir de catharsis actuellement, nous pouvons nous demander si elle ne s’exerce pas surtout par le cinéma aujourd’hui.

La tragédie antique connaît son apogée au temps de la démocratie grecque (Ve siècle avant Jésus-Christ). En ces temps, la tragédie a un réel impact dans la vie quotidienne de la Cité : les théâtres sont un haut lieu de sociabilité. Considéré comme un service public obligatoire, le théâtre était très accessible et le prix des places restait très modeste. De plus, les plus pauvres pouvaient assister gratuitement au spectacle et recevaient même de l’argent pour compenser la perte de leur journée de travail. Le théâtre n’était donc pas un spectacle réservé aux plus riches mais une cérémonie qui rassemblait toute la cité.

Depuis 2005, plus de 50% des français vont au cinéma chaque année d’après le Centre National de la Cinématographie (CNC). Les chiffres du box-office indiquent aussi que les français sont allés voir en moyenne 3,2 films en salle en 2010. Bien que les années 2000 voient peser la menace du piratage sur le cinéma, ce phénomène s’avère avoir peu d'influence sur les entrées en France, puisque le statut de loisir collectif du cinéma semble finalement être un solide rempart contre les autres formes de diffusion des films. Ainsi largement fréquenté, le cinéma moderne nous paraissait convenable pour tracer un parallèle avec l’importance sociale du théâtre antique.

Quant à la violence, nous pouvons dire qu’elle suscite toujours l’intérêt qu’elle provoquait dans les tragédies antiques. Essentiellement parce que, vraie ou feinte, elle est susceptible de provoquer les réactions les plus fortes, si fortes même qu’elles en deviennent ambivalentes, susceptibles de se renverser en leur contraire, ce qui les rend d’autant plus intéressantes. Dans l’Antiquité, la violence répondait déjà à deux challenges incontournables qui continuent de faire son intérêt actuellement. La première est qu’elle pose des problèmes de réalisation : elle lance un défi à la fois au dramaturge et aux praticiens, comme au réalisateur et aux acteur, en les forçant à explorer les limites de ce qu’ils peuvent montrer – au double sens de ce qui est tolérable par le public et de ce qui est faisable par les acteurs et les techniciens. La deuxième est qu’elle pose de manière aiguë la question de l’effet sur le spectateur : en poussant à expérimenter diverses façons de faire réagir le spectateur et de le manipuler, elle apparaît comme un véritable laboratoire cathartique. Ces caractéristiques et ces enjeux de la représentation de la violence sont exactement ceux que nous retrouvons aujourd’hui dans le cinéma, à travers les films réalisés par Alfred Hitchcock, Tarantino ou James Wan (réalisateur des films d’horreur Saw). Alliant les techniques les plus sophistiquées pour défouler un spectateur avide de violence, le cinéma dessert une catharsis moderne entre guillemets.

En observant plusieurs œuvres cinématographiques, nous avons pu retrouver les objectifs de purgation et d’épuration des passions qui caractérisaient la tragédie dans l’Antiquité grecque.

Nous nous sommes penchés sur des films dont la violence faisait sens pour leur réalisateur et où elle est expliquée. Si on impose au spectateur quelque chose qui le terrifie sans que cette violence soit expliquée, on le rend servile. Etablir une terreur non justifiée, afin d'imposer l'angoisse et la faiblesse, c'est le système sur lequel reposent toutes les dictatures.

Mais la violence est tout de même traitée différemment au théâtre (beaucoup plus crue, réelle). Pourquoi ? Parce que les époques changent et que la catharsis s’adapte au spectateur

La mise en scène n'est pas la même au théâtre qu'au cinéma : d'un côté, des plans fixes où entrent et sortent des acteurs et de l'autre, une multitude de plans différents qui intègrent les protagonistes. Et souvent, le fait d'imaginer le portage d'une pièce de théâtre sur grand écran la rendrait beaucoup moins crédible. En effet, il serait difficile d'adapter une pièce comme Le Cid de Pierre Corneille au cinéma, car la présence de réplique sous forme de vers et d'un langage à forte inspiration poétique ne correspond pas du tout au style cinématographique. Roméo et Juliette de William Shakespeare fut adapté il y a quelques années au cinéma, le style théâtrale des répliques ne fut pas changé et, malgré le jeu des acteurs, la pièce ne ressemblai en rien à l'originale, ceci montre donc aussi que pour être intéressante au cinéma, une pièce de théâtre doit être quelque peu modifiée, et ses monologues très souvent philosophiques retirés.

A l’inverse de certains films, la représentation de la violence n’est pas la matière par excellence de la tragédie. Dans l’Art Poétique d’Horace, l’infanticide de Médée est interdit : « il ne faut pas toujours représenter les horreurs de la Tragédie devant le peuple » et le démembrement ne peut se réaliser sur scène : « on va le démembrer derrière, puis venir dire qu’il est démembré et en apporter la tête ou autre partie » La moitié de la Tragédie se joue derrière le Théâtre : car c’est où se font les exécutions. D’où l’idée, qui traverse une bonne partie de la réflexion sur la tragédie, d’une violence nécessaire et pourtant problématique.

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