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Essai sur le Japon

Dissertation : Essai sur le Japon. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  5 Mai 2021  •  Dissertation  •  3 694 Mots (15 Pages)  •  478 Vues

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ACTIVITÉ NOTÉE 2

ESSAI SUR LA CULTURE ET LA GESTION D’UN PAYS

Dans le cadre du cours : ADM3012 – Gestion de la diversité culturelle

Essai :

À la japonaise

Auteur :

Catherine Lampron

Date :

31 mars 2018

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Introduction

En regardant un globe terrestre, il est difficile pour une personne de comparer la grosseur d’un pays à un autre, ou à une région précise sur la Terre. Il existe un outil, le site web The True Size of…[1] qui nous permet de mieux visualiser et de comparer les superficies des pays. Nous pouvons alors constater visuellement que la superficie totale du Canada et celle de la Chine sont semblables, mais il est aussi fascinant de découvrir que le Japon, qui comprend de nombreux archipels et quatre îles principales, a une superficie très similaire à celle de la côte est américaine toute entière (voir annexe 1). Cela nous amène à penser que, bien qu’elles aient des superficies similaires, ces deux régions du monde sont aux opposés l’une de l’autre, autant culturellement qu’en matière de gestion dans le monde des affaires.

Quand l’un « [utilise] le temps allant […] jusqu’à ralentir volontairement les négociations et faire de la date limite un avantage tactique[2] », l’autre est très souvent pressé de conclure une entente; le Japonais pense à long terme tandis que l’Américain pense plutôt à court terme. À ce niveau l’apport de trois religions dans la vie nippone a assurément quelque chose à voir avec leur calme légendaire. Leur patrimoine religieux est composé du bouddhisme, du confucianisme et du shintoïsme qui façonnent les manières d’interagir de ses habitants au quotidien. Si l’Américain n’a aucun mal à être très direct en affaires, voire parfois à être brusque avec ses interlocuteurs, au Japon, la face a une importance toute particulière et faire perdre la face à quelqu’un ou perdre la face soi-même équivaut à briser l’harmonie qui est chère aux Japonais dans un pays où le consensus est privilégié.

Dans les prochains paragraphes, nous explorerons donc davantage le rapport qu’entretiennent les Japonais par rapport au temps, l’influence qu’ont les trois principales religions sur les relations interpersonnelles au quotidien (et par le fait même en gestion, puisque le travail est une valeur très importante au pays du soleil levant), et l’importance de la face en lien avec le « maintien de l’harmonie[3] ». Plusieurs films traitent du Japon sous différents angles : Stupeur et tremblements est sans doute un des plus populaires depuis les années 2000. Dans un autre style de films, nous ferons des liens entre les éléments mentionnés précédemment et avec le film Departures, gagnant de l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère en 2009.

Le rapport au temps

Le temps est une notion qui diffère d’une culture à l’autre. « Tous les habitants de la planète ne vivent pas en effet avec les mêmes impératifs temporels[4] ». Du côté occidental, rester assis à ne rien faire est perçu comme totalement inutile et contre-productif. Le sentiment de vide peut être très intense pour certaines personnes. Pourtant, du côté japonais, c’est le contraire : le fait de ne rien faire n’a rien à avoir avec la productivité, mais plutôt une occasion « de tenter de saisir le sens du soi[5] » et elle met aussi en perspective le fait que tout change et que rien n’est permanent en ce bas monde. Le zen fait partie de la vie nippone depuis des milliers d’années et cette philosophie donne une importance capitale au silence. En Occident, il est souvent difficile de comprendre l’importance du silence parce que nous cherchons souvent sans cesse à le combler par des paroles, ce qui, aux yeux des Japonais, n’est pas nécessaire. En affaires, cette attitude occidentale peut paraître prétentieuse et mener à l’échec de négociations de contrats. À toujours vouloir mettre en pratique le proverbe « la nature a horreur du vide », les Occidentaux se retrouvent comme étant mal à l’aise avec le silence : pour eux, ce n’est pas naturel d’avoir des silences dans les discussions. Chez les Japonais, le fait d’avoir des silences porte à la réflexion, à mettre son attention sur « l’aspect dynamique des choses[6] » faisant en sorte qu’ils sont très forts pour « perfectionner le processus de pratique du travail6. »

Prendre le temps est un des éléments fondamentaux dans la vie des Japonais : nous n’avons qu’à penser à la cérémonie du thé tout comme au temps passé en affaire pour connaître un partenaire potentiel en faisant une quantité impressionnante d’activités avec lui pour mieux le connaître, pour mieux savoir si c’est possible à long terme de faire affaires avec cette personne, comme l’explique Jean-Marie-Deporcq dans l’extrait vidéo où il répond à la question « Peut-on penser à des styles de gestion partagés par des sociétés de l’Asie et de l’Océanie? ». Sans faire la critique du film Departures, mentionnons simplement que sa durée (2 h 11) nous demande de nous arrêter pendant ce temps pour le regarder, malgré certains passages qui peuvent paraître longs, en réalité, tout a une importance. Mis à part la longueur du film, le temps a aussi une importance capitale avec ce qui se passe dans le film.

La cérémonie funéraire pour chaque personne décédée, que nous pouvons voir plusieurs fois tout au long du film, demande toujours beaucoup de temps. Le but de la cérémonie est de préparer la personne décédée au passage de l’autre côté : elle est alors lavée, habillée et maquillée pour la présenter et laisser un souvenir à ses proches telle qu’elle était de son vivant. À une occasion, le responsable du rite funéraire a demandé à la famille s’il était possible d’apporter le rouge à lèvres préféré de la femme décédée. Parmi la famille assise par terre au même niveau que le responsable tout au long du rituel, une jeune fille est allée chercher le préféré de sa mère. Le temps semble suspendu pendant la durée de la cérémonie.

Nous, Occidentaux, pourrions penser que tout ce temps pris pour la préparation d’une personne vers un autre monde est une pure perte de temps, puisque finalement, le cercueil dans lequel la personne est mise est éventuellement incinéré. Pourtant, tout est calculé dans le travail du responsable du rituel et « [i]l organise son travail […] de la façon la plus rationnelle possible pour qu’il n’y ait aucun gaspillage de moyens et de temps dans son travail afin d’en augmenter la qualité et l’efficacité[7] ». C’est tout aussi vrai pour n’importe quel type de travail que font les Japonais, sans quoi le Japon ne serait pas la deuxième puissance économique mondiale.

Les influences polythéistes

Parce que nous retrouvons trois religions qui sont pratiquées par les Japonais – le bouddhisme, le shintoïsme et le confucianisme (qui est davantage une philosophie qu’une religion) –, nous sommes en présence d’une société polythéiste, à l’inverse des Occidentaux qui sont davantage monothéistes. Les Japonais peuvent donc, sans problème, adhérer à plusieurs croyances, ce qui fait du Japon un des pays au peuple les plus pieux de la planète. Chez ces les peuples monothéistes, il y a existence d’un seul dieu, mais pour les polythéistes, le concept de dieu est plutôt flou. Par exemple, avec le shintoïsme, les Nippons vouent un culte à de nombreux éléments de la nature : les arbres, les roches, les montagnes, etc. Nous pourrions même dire que le shintoïsme a tendance à rendre tout sacré. Par contre, là où, en Occident « la parole de Dieu » est importante pour les pratiquants catholiques, les Japonais préfèrent le silence, notamment dans les temples religieux.

Ce côté silencieux des habitants du Japon qui ont su « [créer] la voie de la communication implicite[8] », nous amène au bouddhisme, religion avec laquelle le zen mentionné précédemment  a « pris forme ». Le Japon est un pays qui a été témoin de nombreux séismes, un grand contraste en comparaison avec le côté serein et zen que l’on attribue aux Japonais. S’ils nous paraissent si calmes, posés et patients, c’est grâce à « [l]’expansion très importante[9] » du bouddhisme zen dès le XIIIe siècle. Les samouraïs pratiquaient le bouddhisme zen qui les aidait à se procurer « le calme intérieur et le sang-froid[10] » nécessaire au maniement du sabre et cette façon de « ne pas penser » s’est perpétuée à travers les temps. Faire le vide est en quelque sorte une façon de faire le plein. Les nombreux préparatifs funéraires que nous voyons dans Departures peuvent être considérés comme faisant partie du zen, ce dernier permettant à la personne qui travaille de « retrouve[r] le calme de son esprit par la concentration dans son travail[11]. » À chaque occasion, le responsable du rituel a l’occasion de s’améliorer, de perfectionner son travail, d’être précis dans ses gestes.

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