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Fiche de synthèse : Histoire du corps et histoire de la santé

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Par   •  19 Octobre 2020  •  Synthèse  •  3 265 Mots (14 Pages)  •  681 Vues

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William GAY                                                                                                       Université Jean Moulin – Lyon 3

N°étudiant : 3154509                                                                    Master De la Renaissance aux Révolutions

Historiographie : fiche de synthèse

Sujet : Histoire du corps et histoire de la santé : visions alternatives des savoirs, des catégories et des pratiques corporelle

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité ». A travers cette définition, un facteur essentiel apparaît, et rompt avec l’idée que l’opinion peut avoir en rapport avec la santé. Effectivement, il est facile de penser que la santé est liée aux maladies, et que de fait, il s’agit simplement d’une question purement scientifique. Après tout, le concept est régulièrement perçu comme étant l’absence de douleur ou de maladie, et c’est dans ce sens que ce terme est décrit dans les dictionnaires. Par exemple, le Petit Robert explique que la santé est « le fonctionnement régulier et harmonieux de l’organisme ».

Ainsi, la conceptualisation proposée par l’OMS apporte l’idée que la question de la santé n’est pas seulement lié à la médecine, et à la science. Pendant longtemps, ce sont les médecins, seuls, qui étudiaient ce sujet, et qui s’intéressaient aux maladies passées, et aux moyens utilisés pour les guérir, et donc améliorer la santé. De fait, il n’y avait aucune vision sociale du concept, seulement vu comme un apport pour améliorer l’art de soigner, et permettre l’avancée de la science médicale. Sauf qu’en réalité, ce n’est pas le cas. La santé englobe également des questions différentes. Hormis le bien-être physique, c’est aussi un élément qui touche à des questions sociétales. Par exemple, le fait que la santé soit faible à certains endroits de la planète peut illustrer des problèmes suscités par des inégalités politiques, ou encore économiques. La santé ne peut pas uniquement être comprise en terme de maladie. Cette dernière peut apporter de nombreuses données sur une population donnée à une époque donnée.

C’est dans ce sens que les sciences sociales, à partir du XXème siècle se sont emparées de la santé puisqu’elle peut être une notion anthropologique. Les anthropologues perçoivent la santé comme une construction sociale puisque le rapport avec les sociétés est très différent d’une époque à une autre, et il n’y a pas le même traitement, et la même pensée autour de ce sujet suivant les siècles[1]. Ainsi, la santé peut être utilisée pour comprendre des groupes sociaux, ainsi que leurs cultures. Un traitement pour obtenir une bonne santé est le reflet de la culture d’un peuple, ce qui est un élément essentiel pour comprendre le monde et sa population. Outre l’anthropologie, la géographie, qui est une autre branche des sciences sociales, s’est aussi emparée du concept puisque depuis les années 1960 et 1970, certains géographes ont établi la thématique de la géographie de la santé. Cette dernière a pour finalité l’étude descriptive et explicative des disparités spatiales de la santé, et non pas seulement le type de maladie qui existe dans une région particulière. Là encore, il y a un intérêt social qui apparaît puisque cela permet de traiter les comportements des civilisations face à la santé. Grâce à cette géographie, qualifiant comme étant sociale, il y a l’idée que la santé peut être appréhendée en prenant de la distance vis-à-vis du monde médical et des maladies. A partir de ce moment, la santé est envisagée à partir d’autres perspectives : déterminants politiques, ou encore symboliques.

Et c’est pour cela que les historiens s’approprient de ce sujet pour en faire un nouveau champ thématique de leur matière. Désormais, ce sont des historiens qui font une histoire de la santé, et non pas des médecins. Ces derniers espèrent ainsi mieux appréhender les comportements des populations passées pour mieux comprendre leur perception du monde, et également voir comment la santé a pu prendre une telle importance que celle qu’elle possède de nos jours. A travers cette étude du concept, un autre a aussi émergé, et il s’agit en quelque sorte d’une annexe de cette historiographie. Effectivement, le corps est une sorte de contenant de la santé. L’expression ne dit-elle pas : « un corps sain dans un esprit sain » ? Ainsi, la santé concerne aussi cet objet d’étude qu’est le corps. Et ce dernier dispose aussi d’une image sociale. En effet, outre le fait que le corps soit un champ purement scientifique, les représentations et les différents usages du corps au fil des époques traduisent des mentalités, des conceptions spécifiques et qui ne sont plus forcément valables de nos jours.

Ainsi, il convient d’analyser ce champ historiographique ayant pris une importance considérable dans la seconde moitié du XXème siècle en revenant sur la naissance de ce courant historiographique, et en étudiant les méthodes et les débats qui parcourent ce mouvement, et l’aident à le renouveler sans cesse, lui donnant une véritable importance au sein de l’histoire en tant que science sociale.

Aux origines de l’histoire de la santé

Avant l’apparition de l’histoire de la santé, et par déclinaison de celle du corps, plusieurs historiens ont tenté de traiter des différentes maladies, et découvertes médicales qui ont parcouru les siècles. Cependant, il s’agissait plus d’une histoire de la médecine qu’une histoire de la santé. Effectivement, comme le précise Alexandre Klein, l’histoire de la médecine est née en 1870, date ou cette dernière a été établie comme étant une discipline universitaire à part entière. Le 02 mai 1870, un décret a officialisé la nomination de Charles Victor Daremberg à la chaire d’histoire de la médecine et de la chirurgie à la faculté de médecine de Paris[2].

Toutefois, à partir de cette date, ce n’est pas une histoire sociale de la médecine qui s’est imposée, mais bien une histoire médicale. Le but recherché n’était pas de comprendre les représentations de la médecine auprès des hommes et femmes des époques antérieures mais de traiter d’une histoire jugée comme étant évènementielle. Ainsi, les historiens faisaient principalement des travaux autour des grandes découvertes médicales, des grands médecins ou encore des épidémies qualifiées comme étant remarquables. Dans un certains sens, il s’agissait surtout d’une histoire hagiographique puisque se basant sur des grandes personnalités, et ne s’intéressant que très peu à des enjeux sociaux plus restreints, ou considérés comme peu importants. Ainsi, cette histoire de la médecine, ne pouvant pas encore être appelée histoire de la santé, construisait son récit à partir de la chronologie des grandes découvertes, de l’établissement des structures universitaires ou hospitalières majeures, ou encore des maladies les plus meurtrières. C’est d’ailleurs dans ce sens que la Peste Noire a été un sujet énormément étudié puisqu’il s’agissait d’une épidémie meurtrière. Cependant, cette maladie ne s’est que très peu penchée sur les conséquences sociales des individus, et les historiens de la fin du XIXème siècle se sont essentiellement intéressés à ce phénomène sous un aspect caractérisé comme clinique.

A cette période, la volonté était de rédiger une histoire savante, érudite. Le plus important était de retracer la chronologie des grandes maladies, et de montrer une évolution linéaire du savoir médical. Plus les siècles ont avancé, plus les épidémies se faisaient moins nombreuses, et les grandes personnalités de la médecine ont permis à créer un savoir médical sans cesse en progrès. Cette vision linéaire de l’histoire de la médecine a par la suite beaucoup été critiquée car elle était jugée trop positive, ou positiviste. Toutefois, pour la fin du XIXème siècle, cela est jugé innovant, car cette historiographie est en accord avec le courant plus général qui parcourt le siècle. A ce moment, l’histoire était surtout centré sur les grands personnages, sur l’événementiel, et aussi sur une perspective positive. Cela signifie que l’histoire était perçue, dans son avancée, avec une certaine linéarité. Ainsi, les spécialistes de la médecine ne faisaient que suivre ce courant historiographique, avec cette méthode, qui consistait surtout à rassembler les textes, plutôt que de les étudier et les commenter.

L’histoire de la santé : évolution au cours du XXème siècle

Néanmoins, cette méthode, et surtout cette histoire de la médecine va rapidement être critiquée au XXème siècle, et créer des nombreux débats. C’est au cours de ce siècle que l’histoire de la santé va véritablement apparaître, et être analysée sous un aspect sociétal, pour tenter de comprendre les différentes représentations que les hommes et les femmes pouvaient se faire des maladies, et de la santé en général.

Ce processus n’est toutefois pas immédiat puisque l’histoire de la médecine, dans son aspect plus hagiographique, se poursuit jusqu’à la deuxième moitié du XXème siècle. De nombreux historiens, comme Marie-José Imbault-Juart, ou encore Danielle Gourevitch, ont continué de faire une histoire plus intellectuelle que sociale des savoirs médicaux, sans s’intéresser à la perception des individus sur le bien-être. Cette approche était dans la continuité de celle de Charles Daremberg, et les méthodes n’ont pas évolué : les textes savants étaient étudiés en priorités, et au profit d’une histoire, qui, ne veut « retenir que la marche constante du progrès des connaissances scientifiques et qui n’accepte de s’intéresser aux hommes et aux théories scientifiques que dans la mesure où ils avaient contribué et avaient été sanctionnés par la science »[3].

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