Gagner du temps permet-il de vivre une vie plus accomplie ?

Synthèse de document =

Le corpus proposé appartient au thème : Contre la montre. Il se structure autour de trois documents essentiels. Le premier, écrit par Nicole Aubert est extrait de « Culte de l’urgence : La société malade du temps » publié par Flammarion en 2009. Dans ce document l’auteur dénonce la pression du système capitaliste qui dicte désormais la vie de tous salariés en dépit des réels urgences humanitaires. Le second, écrit par Hartmut Rosa, est extrait de « Aliénation et accélération : vers une théorie critique de la modernité tardive » publié par La Découverte en 2012. Dans ce document l’auteur démontre que l’évolution technologique nuit à la productivité des individus au lieu de leur être bénéfique. Le dernier, écrit par Xavier Molénat est extrait de « 24 heures chrono » publié par Sciences humaines en 2012. Dans ce document l’auteur développe la difficulté qu’ont les individus à concilier les 3 temps sociaux : vie familiale, vie personnelle et vie professionnel. On peut, dès lors, s’interroger : Gagner du temps permet-il de vivre une vie plus accomplie ? On verra dans un premier temps les nouvelles normes de la société. On verra dans un second temps l’inégalité des différentes classes sociales.

Les nouvelles normes de la société

A) Tout d’abord notre société occidental a subit bon nombre de changements, la compétition économique a basculé dans le champ du temps et non plus de l’espace. Le temps constitue un avantage concurrentiel décisif pour espérer dominer le marché. Dans cette société moderne le rythme de vie est dicté par le système capitaliste; lui même régit par 3 principes. Dans le document 1, Nicole Aubert explique que grâce aux nouveaux moyens de transports il n’y a plus ou peu de limites géographiques ce qui laisse plus de place pour les limites de temps : « Dans ce contexte, émergent au-devant de la scène de nouvelles formes d’expression de notre rapport au temps qui sont l’urgence, l’immédiateté, l’instantanéité et la vitesse ». Selon l’auteur l’avancée du système capitaliste crée une pression sur les individus dans la société en utilisant une notion « d’urgence » au delà du nécessaire. Dans le document 2, Hartmut Rosa va plus loin en prouvant que ce système repose sur un paradoxe sociologique : « Puisque l’accélération technique signifie que moins de temps est nécessaire à l’accomplissement d’une tâche donnée, le temps devrait devenir abondant. » or le contraire se réalise le temps devient de plus en plus rare. Selon l’auteur la présence de ce paradoxe est dû à l’évolution du mode de vie contemporain et au système capitaliste qui instaure une pression sur les entreprises qui se doivent d’être toujours plus performante pour ne pas se faire écraser par la concurrence. Ces deux documents se complètent en expliquant que la pression ressentie sur les individus persiste également dans leur vie professionnel.

B) D’autre part l’omniprésence de ce système est responsable du style de vie des individus ainsi que de leur ressentie. Les individus n’arrivent pas à « tenir » dans le temps face aux pressions subit ou aux délais impartis trop serrés. Dans le document 1, l’auteur affirme que la capacité à faire le tri entre urgent, important, pas important, délégable ou non semble de plus en plus mise à mal par le système économique : « Ce que révèle ce foisonnement de l’urgence dans toutes ses versions, fondées ou inutiles, c’est que l’urgence constitue un symptôme traduisant le désarroi d’une société ne sachant plus où donner de la tête pour panser les plaies ou réduire les fractures du monde qui craque sous les problèmes ». Selon l’auteur les individus n’arrivent plus à différencier l’importance des tâches entre elles, ils se sentent obligés de travailler dans l’urgence quelle que soit l’importance réelle des problèmes. Dans le document 2, l’auteur illustre à l’aide d’exemple l’évolution numérique notamment au sujet de la communication qui a permis un gain de temps considérable pour une action simple. Cependant l’efficacité des technologies a eu pour effet d’augmenter les exigences pesantes sur les individus au lieu de leur permettre d’exploiter le temps libre gagné. Les individus contemporains ont l’impression d’être submergé par le rythme qui leur est imposé ce qui crée un sentiment diffus de malaise et d’insatisfaction. Ces deux documents partagent le même point de vue autour du mal-être de la société en faisant référence à l’oppression du système économique qui pèse sur les individus.

C) De plus, pendant que les problèmes économiques monopolisent l’attention les médias en profitent pour mettre en scène le désarroi de la société à travers des feuilletons comme la série « Urgences » incarnant des acteurs en temps réel au lieu de mettre en avant les catastrophes réelles qui se produisent dans le monde. Dans le document 1, l’auteur essaye de raisonner la population sur les vraies urgences qui sont d’un tout autre genre : « Dans un mode toujours plus complexe et plus menacé, les vraies urgences sont partout : sur le front humanitaire, sur celui de l’écologie, sur celui du combat contre le terrorisme ou le chômage ». Selon l’auteur il y a une perception erronée chez les individus des priorités à avoir afin de garantir l’avenir de la planète et la sécurité de tous. Dans le document 2, l’auteur assure que dans le règne de l’urgence, chaque action est devenu importante; chaque tâche a sa propre notion d’urgence. Les entreprises sont focalisées sur le profit, les employés sont focalisés sur leur productivité, la société en voulant économiser sur les temps non productifs risque de nuire à leur propre fonctionnement. Selon l’auteur à force de chercher à soumettre le temps au rythme d’une volonté de rentabilisation maximum individuelle il y a un risque évident de commettre des erreurs qui engendrerait des dangers pour tous comme le déraillement d’un train ou l’explosion d'une d’usine nucléaire. Ces deux documents mettent en relation leur volonté de recentrer la population sur les urgences réel dans le monde et d’avertir la population dans le but de laisser le temps au temps.

L’inégalité des différentes classes sociales

A) En revanche la mondialisation des technologies modernes a un impact sur le style de vie de la population ce qui crée davantage l’écart entre les différentes classes sociales. Dans le document 3, Xavier Molénat exploite cette différence de choix de vie : « les diplômés ne pratiquent guère de loisirs à fréquence quotidienne (lecture, radio, télévision) mais sont de loin les plus grands consommateurs d’activités ponctuelles et couteuses (cinéma, voyage, théâtre) à l’inverse des moins diplômés ». Selon l’auteur les individus adoptent des habitudes de vie en fonction de leur classe social ce qui favorise d’autant plus l’écart. Les individus diplômés auront tendance à sortir de leur domicile pour fréquenter des lieux culturelles ou pratiquer des activités qui veillent à « acheter du temps ». Bien que les non-diplômés auront tendance à rester enfermer chez eux pour pallier à des activités d’intérieur qui ne nécessite pas de déplacements particulier et peu d’efforts de leur part. Dans le document 1, l’auteur s’étend sur la notion d’instantanéité avec l’émergence de nouveaux moyens de communications comme le téléphone portable ou encore l’arrivée d’internet. Ces dispositifs permettent à chacun d’être joignable partout et tout le temps, l’homme devient alors prisonnier du temps réel avec l’exigence de réagir immédiatement. Selon l’auteur l’individu moderne serait dominé par le besoin de satisfaction immédiate, intolérant à la frustration, exigeant tout et tout de suite à la même enseigne des demandes express des entreprises. Évidemment la société de consommation dispose d’un hyperchoix permanent et d’un système de quasi instantanéité dans la mesure ou le moindre désir peut être satisfait très rapidement. L’homme est devenu un homme-instant, il ne vit plus qu’au moment présent entre un passé qui s’efface et un futur incertain. Ces deux documents