La Violence Scolaire
Compte Rendu : La Violence Scolaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresémerge cependant des études sur le sujet : les collèges et les lycées professionnels sont en première ligne, l'école primaire et les lycées généraux et technologiques sont beaucoup moins concernés. Une seconde certitude peut également être formulée : les violences « graves » (vols, racket, agressions armées, viols, destructions de biens), celles que les médias se complaisent justement à rapporter, demeurent rares. Ce qui domine, ce sont ce que l'on appelle aujourd'hui les « incivilités » (insultes et menaces) et les « violences physiques sans arme », c'est-à-dire ce que l'on aurait appelé autrefois l'insolence et les bagarres. Dernière certitude enfin, ce sont les jeunes eux-mêmes qui sont les premières victimes de cette violence, bien plus que les adultes des établissements. Certains sont victimes de ce que les Anglo-Saxons appellent le « schoolbullying », c'est-à-dire un harcèlement fait de brutalités et d'insultes quotidiennes, d'une suite continue de ce que l'on nomme aussi des « microviolences ». En ce qui concerne l'évolution générale de la violence scolaire, le tableau qu'en dressent E. Debarbieux et ses collaborateurs pourrait se résumer en une formule : moins fréquente mais plus grave. Ainsi, la proportion d'élèves se déclarant victimes de racket est passée de 9 % en 1995 à 6 % en 2003. Mais les victimes se plaignent d'une plus grande violence de ce racket, désormais pratiqué plus souvent en bande. E. Debarbieux constate que ce processus paradoxal de diminution quantitative et d'aggravation qualitative est corrélé avec la ghettoïsation de certains établissements concentrant les difficultés, notamment les problèmes de racisme, alors que la majorité des autres établissements reste plutôt paisible.
Peut-on en identifier les causes déterminantes ?
« Après 1968, rien n'est plus pareil », écrit Jacques Pain (3). Le chercheur veut ainsi pointer la « libéralisation des moeurs de la société civile » qui fait que l'école doit affronter « une érosion en règle des racines normatives de la France contemporaine ». Les modèles éducatifs dominants sont désormais libéraux, ou démocratiques, tandis que l'autorité ne va plus de soi, que ce soient celle des adultes, des policiers, des juges, ou, de façon encore plus marquée, celle des enseignants ou des politiciens. A cette première évolution, J. Pain en corrèle deux autres. La première est celle de l'émergence de la société de consommation, qui fait de l'accès aux biens matériels une composante essentielle du sentiment de bien-être et d'égalité. La seconde est celle de la crise économique et sociale qui marginalise une proportion significative de la population en lui rendant l'accès au travail difficile, et par conséquent celui à la consommation.
Or ce sont bien parmi les enfants des catégories sociales qui accèdent le plus difficilement à la consommation que se recrutent les élèves les plus violents. Dans une forme de lutte des classes larvée, ces élèves, qui par ailleurs ne sont plus éduqués dans le respect automatique des adultes et des institutions, agressent ceux qu'ils perçoivent comme des privilégiés : aussi bien les bons élèves, qualifiés « d'intellos » ou de « bouffons », que les enseignants, dont une étude de Bernard Charlot avait montré qu'ils les comparaient volontiers aux hommes politiques (4).
Mais au-delà de cette interprétation en termes d'analyse globale de la société, les chercheurs soulignent que la violence scolaire est aussi le produit d'une rencontre entre les problèmes individuels de certains adolescents et des contextes locaux particuliers. Comme l'écrit E. Debarbieux, la majorité des élèves qui « vivent l'exclusion sociale » ne sont pas violents à l'école. La violence scolaire est donc aussi analysée en termes de « cumul de facteurs de risques » : problèmes familiaux, difficultés psychologiques, fréquentation de délinquants, effectifs des établissements et des classes, organisation de la vie des établissements, revendications ethniques ou religieuses...
L'école n'est-elle pas violente elle aussi ?
Toute violence de l'institution a-t-elle pour autant disparu ? Pas sûr, si l'on en croît les spécialistes. J. Pain rappelle que l'école peut encore être le lieu « d'abus symboliques d'autorité », abus dont Pierre Merle a récemment dressé un tableau dans son livre L'Elève humilié (6). Remarques humiliantes, ironie blessante, jugements dévalorisants font selon cet auteur encore souvent parti de l'arsenal répressif de nombre d'enseignants. Les victimes en sont le plus souvent les élèves en difficulté, c'est-à-dire majoritairement ceux d'origine sociale modeste. Certaines violences physiques peuvent aussi être une réponse à la violence symbolique de l'institution.
La violence scolaire est-elle un phénomène international ?
Le seul fait que l'on utilise une expression anglaise, le « schoolbullying », pour désigner une des formes les plus courantes de la violence scolaire entre élèves suffit à répondre à la question posée : tous les pays sont concernés par la violence scolaire. Et, comme en France, il convient de se méfier de l'image qu'en donnent les médias, centrés sur les massacres
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