Le Rire

ulement les blagues potaches, la moquerie ? Pour Siankowski la quatrième piste serait que ce qui différencie les humoristes, c’est leur subtilité et leur aura, ce qui amène à la cinquième piste, la capacité à avoir le rire rassembleur, c’est-à-dire que humoristes recherchent en permanence que tout le monde rit, pour avoir cette forme d’humour universel, pour qu’il n’y ait pas d’exclus. Par conséquent « on peut rire de tout à condition que tout le monde rit ».

Cependant, Elodie Emery, dans son article également intitulé « peut-on rire de tout ? », apporte une nuance à cette notion de rire « rassembleur » : en effet les humoristes de notre époque s’autocensurent car ils ne veulent pas être accusés de racisme sur la place publique, (comme Patrick Timist qui avait selon les associations de personnes handicapées traitées celles-ci de mongols alors que ce n’était pas le cas). Ils appliquent un principe de précaution. Pourtant les associations surveillent beaucoup moins qu’avant. Aucune liberté n’est absolue et ce sont la loi et la jurisprudence qui définissent la fin de la liberté d’expression, d’après le directeur de la LICRA. Avant, il y avait aussi des pressions mais les humoristes comme Coluche ou Le Luron refusaient de céder. Et puis le combat se faisait en coulisses. Personne n’était au courant. Maintenant il n’y a plus de coulisses. Avec internet et les medias tout le monde voit tout. L’humour est devenu en business : humour doit pouvoir être diffusé partout et entendu sans choquer personne ; en conséquence on rit de n’importe quoi.

Rire commercial ou non, le rire a plusieurs fonctions, notamment celles d’être un échappatoire sur les sujets les plus graves et d’être un électrochoc pour une meilleure prise de conscience. Par exemple, en pleine colonisation de l’Angleterre de l’Irlande, Jonathan Swift dans son extrait de Modeste Proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents, l’auteur propose de garder des bébés pour la reproduction et de mettre les autres à la vente afin de pouvoir nourrir l’Irlande qui est en guerre contre l’Angleterre et qui a privé l’Irlande de ses biens de terre. Il donne des conseils pour bien acheter les bébés et ensuite les cuisiner comme il se doit. Il ironise sur le malheur des Irlandais qui sont dévastés par la famine, comme si, finalement, ce n’était pas bien grave.

Quant à Babache, son affiche « Le Mediatueur » que l’on peut retrouver sur http://babache.overblog.com/article-médiatueur, qui présente un fond noir avec en lettres capitales dégoulinantes « les laboratoires Servier présentent médiator », avec au milieu une pièce de métal grise entachée de rouge, puis en dessous une inscription en lettres capitales blanches avec des taches rouges « après le pneu serial killer dans « rubber » ne manquez pas le médiator qui tue ( déjà 500 morts !) », avec en bas au milieu le logo en rouge des laboratoires Servier. Cette affiche fait un parallèle avec le film d’horreur sorti en 2010 « Rubber » de Quentin Dupieux qui raconte l’histoire d’un pneu qui détruit tout sur son passage sous le regard inactif de centaines de milliers de personnes, comme l’a fait le médiator dans le domaine sanitaire durant plusieurs années.