M Pensez-Vous, Comme Du Bellay, Que Le Poète Qui « Chante » Son Mal « L'enchante » ?

laideur en

beauté.

4. « Enchanter » comporte la racine « chanter », c’est-à-dire produire un

texte qui est proche de la musique, musical (travailler sur la racine de

« lyrisme »).

Cherchez d’où vient la musique de la poésie : de ses rythmes, de ses

sonorités… Prouvez-le par des exemples analysés.

• Rien ne vous empêche, après cela, de vous demander, subrepticement,

s’il n’est pas plus opportun de se poser des questions

corollaires plus fructueuses et de se demander, dans une troisième

partie :

– si le poète, en chantant son mal, ne l’avive pas au contraire ; s’il ne se

désespère pas plus (ex. : Jaccottet) (= déchanter) ;

– s’il ne donne pas au contraire une idée fidèle, sans enjolivement de la

dure réalité (désenchanter).

Ces deux petites questions sont les seules qui permettent de porter

une modeste contradiction à la thèse proposée ;

– s’il chante forcément « son mal » ;

– si, au lieu de chanter, il ne « crie » pas son mal » ;

– s’il peut chanter non pas son mal mais le mal de ceux qui ne savent

pas s’exprimer ; et alors enchanter (= endormir, alléger) le mal d’autrui…

Et cela constituera une troisième partie intéressante…

Mais attention, vous ne devez aborder ces questions qu’après avoir

répondu exactement à la question d’origine. Ne vous engouffrez pas

d’emblée dans l’une de ces questions tête baissée (risque de horssujet).

• Vous devez vous constituer une réserve d’exemples et de citations qui

viendront appuyer la discussion (pensez à Musset, à Hugo, à Baudelaire,

à Verlaine, à des poètes plus récents comme Jaccottet). Renseignezvous

aussi sur le mouvement romantique et faites appel à vos connaissances

sur l’évolution de la poésie.

• Quelques textes à lire pour montrer à l’occasion de cette curieuse

question que vous connaissez de la poésie !

– Du Bellay : Les Regrets, sonnet XIII : « Maintenant je pardonne à la

douce fureur… » qui comporte les vers : « Les vers seront aussi l’appui de

ma vieillesse / le scorpion utile / Qui sera de mon mal la seule guérison »

– Théophile Gautier : « Le Pin des Landes », España, 1884 (« divines

larmes d’or »)

– Tristan Corbière, « Le crapaud », Les Amours jaunes, 1873 (le poète

« rossignol de la boue »)

– Charles Cros : « Sonnet », Le Collier de griffes (1908) : « Moi, je vis la

vie à côté / Pleurant alors que c’est la fête… »

– Henri Michaux : « Premières impressions », Passages :

« Pourquoi faut-il que je compose ?

pour briser l’étau peut-être,

pour me noyer peut-être […]

Pour noyer le mal,

le mal et les angles des choses

[…] et le dur et le calleux des choses

et le poids et l’encombrement des choses… »

– Jules Laforgue, Premiers poèmes : « Je tords mon coeur pour qu’il

s’égoutte en rimes d’or… »

– Paul Eluard, « Le cinquième poème visible », À l’intérieur de la vue :

« Je vis en même temps dans la famine et l’abondance / Dans le

désarroi du jour et dans l’ordre des ténèbres

[…] Les étoiles sont dans mes yeux j’enfante