Tartuffe Scène 4
Dissertation : Tartuffe Scène 4. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresonfiance d’une famille et réussit de cette façon à se nourrir et à se loger. C’est bien le cas ici puisqu’Orgon est totalement subjugué par le faux dévot, comme nous le voyons par l’intérêt qu’il lui porte en demandant sans cesse de ses nouvelles par l’interrogation « Et Tartuffe ? ». Cette obsession pour Tartuffe est telle qu’Orgon en vient même à le plaindre alors que celui-ci ne pourrait aller mieux, en répétant à quatre reprises « Le pauvre homme ! ». Nous avons bien l’impression que Tartuffe s’interpose dans la relation conjugale entre Orgon et Elmire.
En outre, cette scène nous permet de comprendre à quel point le parasite s’est installé confortablement dans la maison en prenant la place d’Orgon en son absence. Les répliques de Dorine insistent sur le train de vie agréable que mène Tartuffe, puisque nous pouvons y relever le champ lexical du bien-être : « à merveille », « agréable », « sans trouble ». Le portrait de Tartuffe qui nous est proposé insiste également sur la nourriture avalée par le faux dévot en quantités importantes : « deux perdrix », « une moitié de gigot en hachis », « quatre grands coups de vin ». Nous notons une volonté de Dorine de souligner l’excès par l’utilisation de termes tels que l’adjectif « grand » et l’oxymore « fort dévotement il mangea deux perdrix ». Alors qu’un dévot est censé vivre dans l’austérité, la simplicité et la rigueur, celui qui nous est décrit se trouve dans l’excès. Ainsi le décalage de cet oxymore est ironique et renforce le comique de l’extrait. Cette scène remplit son rôle en brossant le portrait d’un personnage absent de la scène mais essentiel pour l’intrigue. Cependant, les traits mis en avant tendent à dessiner celui d’un parasite par son physique, sa place dans la maison et le bien-être qu’il s’offre.
Evoquons à présent les procédés comiques de cette scène. Le portrait péjoratif de Tartuffe brossé par Dorine d’une part, et l’obsession voire l’adoration d’Orgon d’autre part, produisent un décalage qui est source de comique. Intéressons-nous tout d’abord aux répliques d’Orgon. Alors que le spectateur suppose que le maître de maison souhaite obtenir des nouvelles de sa famille et particulièrement de sa femme, comme le laisse entendre le vers 8 : « Qu’est-ce qu’on fait céans ? comme est-ce qu’on s’y porte ? », nous nous apercevons qu’Orgon ne s’intéresse qu’à Tartuffe, dès la première question v. 11 « et Tartuffe ? ». Ce décalage relève du comique de situation puisqu’Orgon ne fait pas ce qu’il devrait faire : au lieu de s’inquiéter pour sa femme, il porte son attention sur son hôte. Cette scène repose également sur les effets d’un comique de caractère. En effet, l’entêtement d’Orgon durant toute cette scène permet de définir ce personnage par sa monomanie, son obsession pour Tartuffe. Bien évidemment le comique de répétition joue un rôle majeur dans cet extrait, car Molière fait répéter à son personnage les mêmes répliques à l’identique, en accentuant le caractère ridicule de son obsession, alors que le spectateur s’attend à une évolution du dialogue.
Alors le personnage d’Orgon est utilisé par le dramaturge pour mettre en œuvre des procédés comiques assez évidents, celui de Dorine lui permet de développer un comique plus subtil. Les procédés comiques à l’œuvre dans les répliques de la servante relèvent davantage de l’ironie et font appel à une certaine complicité avec le public. Dorine se contente d’abord de se moquer de Tartuffe en soulignant sa bonne santé « Gros et gras » (v.12), son appétit démesuré « une moitié de gigot » (v.18), son manque de compassion « lui tout seul » (v.16). Cette raillerie repose sur l’antithèse qui parcourt le texte entre l’attitude de Tartuffe et celle d’Elmire, en ce qui concerne leur état de santé, leur appétit, leur sommeil. Nous pouvons citer en exemple les vers 21-22 « Des chaleurs l’empêchaient de pouvoir sommeiller/ et jusqu’au jour près d’elle il nous fallut veiller », auxquels font écho les vers 25-26 « Et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain/où sans trouble il dormit jusques au lendemain. ». Dorine se fait de plus en plus ironique avec des expressions telles que « Il reprit courage comme il faut ». Le comique d’une telle réplique provient du fait qu’il y a un décalage entre ce que pense la servante et ce qu’elle dit. Le public est capable de percevoir cette distorsion alors qu’Orgon reste dans l’ignorance, c’est donc une forme de complicité entre Dorine et le public, voire une supériorité du spectateur sur Orgon qui rend ce passage comique. Ainsi Molière utilise tous les procédés pour souligner cette ironie. Relevons par exemple la formule : « Pour réparer le sang qu’avait perdu Madame/ But à son déjeuner quatre grands coups de vin ». Ici l’ironie repose sur un rapport logique erroné, avec l’expression du but « pour » alors que c’est impossible. Enfin la scène s’achève sur une réplique fortement ironique « Et je vais à Madame annoncer par avance/ la part que vous prenez à sa convalescence » dans laquelle Dorine exprime tout l’inverse de la scène qui vient de se produire. Ainsi nous avons pu remarquer que le registre comique de ce passage repose sur les procédés variés qu’a su exploiter Molière.
Le comique de cette scène se trouve également renforcé par l’échec de la communication entre les personnages. Alors que le théâtre est avant tout un lieu de paroles, nous nous apercevons qu’il fonctionne sur des conflits dans la conversation. Dans certaines scènes, le conflit réside dans l’intrigue, par exemple dans Le Tartuffe, Orgon veut marier sa fille et celle-ci s’y oppose. Dans le passage étudié, le conflit n’est pas dans le contenu mais dans l’impossibilité de communiquer en raison de l’entêtement d’Orgon. En effet, dès le début de la scène, Cléante est rapidement congédié par son beau-frère. Ce personnage ne sert qu’à montrer l’empressement du maître de maison à obtenir des nouvelles de son hôte. A peine arrivé, Orgon met de côté son beau-frère : au lieu de s’adresser à lui il se tourne vers Dorine : « Dorine… Mon beau-frère, attendez je vous prie. » (v.4). Nous remarquons que dans ce vers, il y a deux destinataires successifs, preuve de la complexité de la communication. Une fois le dialogue entre Cléante et Orgon réduit à néant, Molière empêche de nouveau la communication de s’installer, avec les répétitions incessantes
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