Guillaume Apollinaire et le Cubisme
Cours : Guillaume Apollinaire et le Cubisme. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Abdessadeq • 21 Mai 2017 • Cours • 2 128 Mots (9 Pages) • 3 204 Vues
UNIVERSITÉ MOHAMMED PREMIER
FACULTÉ DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES – OUJDA
DEPARTEMENT DE LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISES
Apollinaire, cubiste et apôtre de l’art moderne |
par |
Abdessadeq OURKIYA N° d’inscription: 01401698 |
Destiné à Mme. SAIDI Analyse des textes littéraires (poésie) |
Guillaume Apollinaire fut l’un des poètes les plus originaux de son époque, notamment ceux de l’avant-garde. Il joua un rôle indéniable dans l’ancrage d’une nouvelle esthétique à travers les formes innovantes de poésie et de prose, il a tracé de nouveaux standards d’écriture caractérisés par l’inhérence de l’ambiguïté dans un contexte moderne. Son intérêt au dynamisme du paysage contemporain et sa fascination par l’image qui exalte une forte présence ont développé en lui une ingénieuse curiosité envers les arts visuels. C’est ce que traite Natalia Krasicka, professeure de littérature et de traduction à The European University Insitute dans sa recherche Apollinaire devant Picasso et le cubisme ainsi que Pamela Genova, professeure à l’Université d’Oklahoma dans son article The Poetics of Visual Cubism: Guillaume Apollinaire on Pablo Picasso.
S’identifiant au mouvement cubiste mosaïque, à l’inclusion, mais aussi la juxtaposition du réel et de l’imaginaire, et la simultanéité du mouvement spatial et temporel, Apollinaire voyait en les artistes modernes comment des chantres d’une réalité toute nouvelle, ils lui accordent ainsi une expérience unique, authentique aussi que moderne. En 1911, l'année officielle de la première exposition cubiste, mais aussi l'année la plus fructueuse d'Apollinaire comme critique d'art, ce dernier s'est trouvé face à des préjudices incessants quand il tentait d'expliquer la valeur de l'art nouveau. Avec leur style totalement nouveau et leur manipulation choquante de la composition, de la perspective et de la représentation, le public de l’époque n'était pas en faveur des cubistes. Ils étaient ridiculisés par les critiques d'art académique, refusés par de nombreux salons nationaux, et négligés par les galeristes qui les considéraient bizarres et immoraux, voire dangereux. Il se peut que la source d'affinité entre Apollinaire et ces peintres rejetés reposait sur les fait que ces cubistes glorifiaient les même principes qui animerons le poète dans le futur : la spontanéité: la spontanéité, la simultanéité et la nature vibrante du monde concret.
Le poète avait largement vénéré son peintre favori, Pablo Picasso, et avait écrit un bon nombre d’œuvres critiques sur les arts visuels. Il déclarait que les tableaux du peintre cubiste déjà mentionné faisaient preuve d’un grand modernisme puisqu’ils étaient conformes aux normes de l’art moderne : une nouvelle interprétation de la lumière, une bonne appréhension de la notion élusive de la «quatrième dimension », et l’incarnation du socle de tous ses aspects modernes, l’effet surprise. Aujourd’hui, le nom de Guillaume Apollinaire est incontournable dans le canon de la littérature française moderne, ses inclusions sont omniprésentes dans les listes de lectures et les bibliographies. Etant poète et écrivain prosaïque, critique d’art proéminant de l’avant-garde, Apollinaire est renommé pour son influence de l’esthétique dès les premières années du XXe siècle, et sa perspective dégageait une attitude culturelle et idéologique unique.
De son vrai nom, Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, Apollinaire s’est installé à Paris à l’âge de 20, où il s’est donné en premier lieu le pseudonyme de « Guillaume Macabre », une appellation qui se développera plus tard pour devenir « Guillaume Apollinaire », un nom qui traduit parfaitement la complexité identitaire du poète. Une légende dans son époque, décris même comme étant « le lyrisme personnellement » par André Breton, la vie d’Apollinaire était surprenante et trop fragmentée vu les nouvelles formes de poésie qu’il prônait. Parlant d’un poète et critique d’art exquis, il nous est important de garder en tête la vision du monde qu’avait ce dernier envers le monde artistique.
Il voyait en la vie une aventure artistique, et considérait l’art comme un élément primordial dans l’expérience de vie. Il s’est jeté sans hésitation dans le chaos de la vie moderne, pour s’ouvrir à un ensemble de stimulus, devenant ainsi un transmetteur des perceptions, émotions et idées des imprévisibles mouvements des années de l’avant-garde, une ère unique qui se caractérisait par son goût raffiné du moderne. Inspiré par les technologies et l’explosion des moyens de communications et transportation, ainsi que le prolongement de la révolution industrielle, G. Apollinaire s’est trouvé face à un paysage urbain en constant développement et fut bouleversé par l’étrangeté de la vie quotidienne, mais sa réponse envers ce bouleversement était unique, il riposta aux changements mondains par sa nouvelle esthétique, en déclarant qu’il n’avait pas peur de l’art et de ses inconstances, qu’elles soient métaphysiques ou physiques.
Pour assimiler et traduire l’atmosphère de ce monde nouveau, il invite ses contemporains, poètes et peintres, à ne jamais se contenter des règles exigées par le classique, et les incite à innover et à se pencher vers l’inhabituel et le bizarre. Cette nouvelle forme d’art serait selon lui, la manière idéale d’incarner l’expérience vécue, et à traduire instantanément et de manière spontanée la sensation immédiate.
Apollinaire était un écrivain prolifique, il avait écrit pour le théâtre comme pour la poésie, et avait publié un bon nombre de nouvelles et d’essais, mais il est notamment reconnu par sa vision qui voulait réformation de la poésie française, en combinant son lyrisme élégant avec un style choquant comme manifesté dans ses collections Alcools (1913) ou Calligrammes (1918). Au long de sa carrière, il avait rédigé des pièces conformes au mètre classique, et d’autre pièces chantant l’amour, la mort et la quête du soi, faisant de lui un prolongement de la tradition prosodique française, cependant, il s’est focalisé sur le vers libre caractérisé par une nature très moderne, libérant son expression des entraves et des contraintes de l’académisme, cette libération « apollinarienne » s’est manifestée par sa ponctuation inhabituelle, voire absente, et par l’émergence d’un vers totalement libre.
Guillaume Apollinaire, poète, serait donc réputé pour ce qu’on peut appeler un « cubisme littéraire ». Son exploitation du langage l’ont permis d’articuler des juxtapositions spontanées et une reconsidération des dynamiques du monde matériel, et c’est dans cette vision qu’il a réussi à créer un système structural inédit, comme dans ses lettres en poèmes ou ses poème conversationnels. Il s’agit d’un produit littéraire qui rejette la syntaxe conventionnelle, une rejection qui s’est surtout démarquée dans ses Calligrammes qui se basaient sur la composition verbale et visuelle en même temps, le poète cubiste souligne la fonction de ses poèmes dans sa lettre destinée à André Billy en disant :
« Quant aux Calligrammes, ils sont une idéalisation de la poésie vers-libriste et une précision typographique à l'époque où la typographie termine brillamment sa carrière, à l'aurore des moyens nouveaux de reproduction que sont le cinéma et le phonographe. »
A travers ces poèmes, il explore la fonction de l’idéogramme, auquel il ajoute une forme typographique dans le but de constituer une entité textuelle qui s’articule soit sur l’objet observé ou le mouvement métaphysique des idées du poète. Durant sa courte vie, il donna naissance à une poésie combinant le texte et l'image d'une manière qui semble annoncer une révolution artistique à venir. A Paris, à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, les quartiers à logement modéré de Montmartre et Montparnasse hébergeaient un tas d’artistes affamés de toute sorte. Peintres, écrivains et intellectuels unis dans leur passion artistique et leurs croyances contre-cultures, composaient la sous-culture bohème de France. Leurs œuvres d'art, littératures, et intellects allaient secouer le monde. Au tournant du 20ème siècle, dans ce cadre dynamique, critique d'art, poète, et champion de l'avant-garde, Guillaume Apollinaire était une figure bien connue.
Étant critique d'art, Apollinaire expliquait les mouvements cubiste et surréaliste au monde, et défendait de nombreux jeunes artistes face à un public souvent xénophobe et étroit d'esprit. Poète, Apollinaire était passionné par toutes les formes d'art et était un connaisseur de la littérature médiévale, surtout de la calligraphie et des initiales enluminées. Visionnaire progressiste, Apollinaire a vu un fossé entre ces deux disciplines. D'un côté, des formes d'art traditionnel de l'époque très prônées et populaires, maintenant devenues désuètes, de l'autre, des formes d'expressions artistiques que le surréalisme, le cubisme et les nouvelles inventions comme le cinéma et le phonographe pourraient rendre une parcelle artistique fertile, c’est ainsi que la notion du Calligramme d’Apollinaire est venue au monde
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