Eschyle : Les Choéphores
Mémoire : Eschyle : Les Choéphores. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresmbeau d'Agamemnon. Il invoque les mânes paternels, et annonce son plan de vengeance qui l'a poussé à revenir d'exil. Il dépose, comme offrande, une mèche de cheveux sur la stèle funéraire.
Mené par Électre, sa sœur, un cortège de captives troyennes, toutes de noir vêtues, formant le chœur, vient apporter des libations sur la tombe du roi : on apprend que c'est Clytemnestre qui les envoie, afin de calmer l'âme du défunt après les sinistres présages émanant d'un rêve qu'elle vient de faire. Après s'être reconnus mutuellement, le frère et la sœur discutent sur les moyens d'assurer la bonne réussite de leurs projets. Oreste se fera passer pour un étranger, et il rapportera la nouvelle de sa propre mort ; accueilli au palais, il égorgera tour à tour Égisthe, puis Clytemnestre.
Tout se passe comme prévu. Toutefois, alors qu'il s'apprête à tuer sa mère, Oreste éprouve quelques hésitations : mais Pylade l'avertit que contredire l'ordre formel des dieux serait l'exposer aux pires des supplices. Tout sentiment filial s'évanouit alors, et il égorge Clytemnestre. Peu après, les corps ensanglantés sont exhibés devant le peuple. Oreste montre à celui-ci le voile où les assassins avaient enveloppé son père avant de le massacrer.
Soudain Oreste ressent un grand malaise : en effet, il est harcelé par les Chiennes de vengeance de Clytemnestre. Bientôt il n'en peut plus, si bien qu'il annonce sa décision de se réfugier au sanctuaire de Delphes, auprès du dieu qui justement lui avait intimé l'ordre de tuer sa mère et son amant.
Oreste, fresque pompéienne
Brève analyse
es Choéphores, nous l'avons dit plus haut, racontent la vengeance d'Oreste et le massacre d'Égisthe et de Clytemnestre. Eschyle semble en avoir puisé la matière dans l'Odyssée d'Homère, et surtout dans un long poème épique composé au VIe siècle av. J.-C. par Stésichore d'Himère, ouvrage dont nous ne possédons hélas ! que des fragments insignifiants.
Par rapport aux deux autres versions d'Électre, celle de Sophocle et celle d'Euripide, l'atmosphère religieuse s'y révèle plus particulièrement intense, et nettement plus terrifiante. De plus, Électre n'est pas au cœur de l'intrigue, comme on le constate dans les deux pièces postérieures, où sa personnalité gagne en épaisseur psychologique. Dans les Choéphores, Électre est un personnage secondaire, Oreste étant au centre de l'intrigue, comme en témoigne tout naturellement le titre donné à la trilogie eschyléenne.
La première moitié du drame est presque dépourvue d'action, et consiste en un long kommos, véritable chant à trois voix, dans lequel Oreste, Électre, et le chœur, réunis autour du tombeau d'Agamemnon, lancent un vibrant appel à l'aide, en se lamentant sur leur triste sort et en réclamant, avec une ferveur à la limite du paroxysme, dont Eschyle avait le secret, la nécessité d'une vengeance rapide et exemplaire. Cet épisode, que le public contemporain, habitué à plus de rythme dans l'action, trouverait bien « longuet », est tout à fait pertinent ; en effet, cette immobilité dramatique permet de distiller un malaise diffus, un sentiment d'étouffement, sentiment qui va s'exacerber dans la suite de l'histoire où tout bascule dans l'horreur. Surtout, cette scène insiste sur les hésitations d'Oreste, auxquelles répondent implacablement les voix du chœur, qui réaffirment sans cesse la volonté divine de voir se réaliser l'acte de vengeance.
Quant à la dernière partie de la pièce, celle où se dénoue l'action, elle montre une indéniable ingéniosité dans le déroulement des faits et une complexité dramatique inhabituelle chez Eschyle, probablement influencé par les innovations de son rival Sophocle, poète déjà fort estimé à l'époque où la pièce fut représentée. Il est un fait que Les Choéphores, tout comme l'ensemble de l'Orestie, ouvrage tardif s'il en est, puisque composé seulement deux ans avant la mort du poète, révèle à la fois les caractères propres au style eschyléen et l'évolution de sa dramaturgie, qui apparaît moins figée que dans les œuvres précédentes.
Malgré son atmosphère si pesante, cette tragédie renferme néanmoins des scènes plus aimables, en particulier entre le chœur et la nourrice Kilissa, qui incarne le bon sens populaire, mais aussi une certaine forme de tendresse maternelle qui fait tant défaut à la froide et implacable Clytemnestre ; la truculence de son langage et sa douce naïveté permettent également de relâcher la pression dramatique avant l'épisode final qui verra le châtiment des deux meurtriers d'Agamemnon.
En outre, notons que la vision du cortège des femmes en noir, les figures pathétiques d'Électre et d'Oreste, les manifestations de colère et de douleur, les accents de vengeance, mais aussi l'accompagnement musical, qui, ne l'oublions pas, faisait partie intégrante de la pièce, bref, tout cela excluait, d'emblée, chez le spectateur antique, tout sentiment de monotonie, et rendait imperceptible le statisme de l'action.
Attardons-nous maintenant sur le meurtre de Clytemnestre, tel qu'il a été imaginé par Eschyle. Les peintures sur vases de l'époque archaïque montrent généralement Oreste poignardant Égisthe au ventre, pendant que Clytemnestre tente de frapper l'assaillant par derrière, munie d'une hache. Ce type de scène, avec quelques
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