Exposé " Désert " De J-M.G Le Clézio
Documents Gratuits : Exposé " Désert " De J-M.G Le Clézio. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresombera enceinte de lui.
Naman : Vieux pêcheur et ami de Lalla. Il lui racontait les histoires des pays étrangers. Sa mort, causée par le vent du malheur « chergui » attrista Lalla et la poussa à s’enfuir.
Radicz : Gitan âgé de 14 ans, mendiant et unique ami de Lalla à Marseille.
Présentation et résumé de Désert :
Dans l'œuvre déjà riche de Le Clézio, Désert marquera sans doute un moment décisif. Bien avant, Mondo et autres histoires transportait les lecteurs auprès d'enfants indiens heureux dont les joies claires et les hymnes faisaient un peu oublier l'angoisse de La Guerre ou l'errance du Livre des fuites. Cette fois, les deux données contradictoires de l'univers de Le Clézio cristallisent remarquablement : Désert est à la fois poème et tragédie, roman émerveillé et roman noir, un royaume et son exil, l'exploration tour à tour des deux côtés du monde...
Une structure binaire
La structure binaire du livre affirme nettement cette double postulation. Deux parties : « Le bonheur » et « La vie chez les esclaves ». Deux lieux : l'Afrique (le royaume) et Marseille (l'exil). Deux époques : les années 1909-1912 (massacre des hommes bleus du désert par les Chrétiens) et les années 1970 (celui de la misère des immigrés). Deux enfants-héros : un jeune garçon, Nour, et une jeune fille, Lalla. Cette structure très claire, presque didactique, traduit la volonté de l'auteur d'engager plus résolument son écriture dans les voies démonstratives de la parabole.
Dans la caravane, un jeune garçon, Nour, observe tout ce qui se passe. Il va d'un groupe à l'autre, il regarde et il écoute. Il apporte au cœur de l'exil sa ferveur et son espérance.
Peu à peu, les cortèges arrivent de plus en plus nombreux dans la vallée de Saguiet el Hamra. Les campements s'étendent, comme feront plus tard les bidonvilles autour des métropoles. Les hommes sont pleins de colère, ils veulent entreprendre derrière leur cheikh une guerre sainte contre l'envahisseur. Ils ont « le regard vide et brillant de fièvre et de folie ». En face d'eux, Nour fait l'apprentissage de sa fidélité.
Lorsque les touaregs traqués repartent plus loin vers le Nord, Nour devient le guide d'un vieux guerrier aveugle. Mais c'est lui qui apprend à voir.
La guerre sainte est alors devenue un calvaire qui se terminera en boucherie quand les derniers cavaliers maures seront mitraillés par les hommes du colonel Mangin. Pour Nour et les survivants, ne subsisteront plus du désert que le silence et l'errance...
Mêlée à l'histoire passée de Nour et des touaregs, il y a celle, présente, de Lalla. En fait, leurs deux temps se confondent, l'un est le fond épique de l'autre. Lalla est l'héritière orpheline des hommes bleus et des femmes du désert.
L’histoire de Lalla
Lalla habite un bidonville aux toits de tôle ondulée et de papier goudronné, où « tout le monde est très pauvre et personne ne se plaint jamais ». Elle est heureuse, elle se promène dans la chaleur etla clarté. Elle chantonne, elle observe : « elle guette les choses sur la terre sans penser à rien d'autre. » Elle joue avec les fourmis et les mouches, elle s'allonge sur la dune pour écouter le souffle de la mer et regarder le ciel. « Lalla aime être près de la mer », elle y recherche le grand vent qui dessèche les narines et craquèle les lèvres : il a le goût du désert.
Le bonheur de Lalla est fait tout naturellement de scènes : il y a la promenade, l'eau de la fontaine, le feu, le bain, le marché, la fête. Ces séquences sont entrecoupées de récits et de chants.
Parfois, Lalla part sur les plateaux blancs, du côté du désert, à la recherche de celui qu'elle nomme Es Ser, le Secret, personnage énigmatique et fabuleux, qui porte un grand manteau blanc et dont le visage, où les yeux brûlent, est voilé d'un linge bleu. Lalla voit le désert à travers ce regard, elle entre en communication avec tout le passé de sa race, tel que le vieux Naman, le pêcheur, le lui a raconté.
Il y a aussi le berger, le Hartani, qui ne veut pas parler le langage des hommes et qui apprend à Lalla à demeurer immobile, à regarder le monde qui l'entoure et à voir la lumière du jour. C'est avec lui que Lalla tentera un matin de s'enfuir vers le désert, c'est de lui qu'à la fin du roman elle accouchera d'un enfant.
De l’autre côté
Au temps du bonheur succède celui de l'esclavage : Lalla traverse la Méditerranée sur un bateau de la Croix-Rouge, parmi la foule des émigrés et découvre Marseille, le pays « de l'autre côté ».
Elle y est d'abord l'étrangère effarée qui se cache et qui observe, surtout aux abords de la gare, car « là, c'est comme si la grande ville n'était pas tout à fait finie, comme s'il y avait encore ce grand trou par lequel les gens continuaient d'arriver et de partir. » Là se mêlent les pauvres de tous les pays. Là crie fort la misère.
Lalla qui était habituée à boire la lumière et le vent, doit apprendre à respirer lentement, à petits coups et la bouche fermée pour supporter les odeurs écœurantes « de la pauvreté, de la maladie et de la mort ».
Elle trouve une place de femme de ménage dans un hôtel pouilleux qui jouxte un magasin de pompes funèbres. Son travail terminé, elle s'en va rêver le long du port. « La faim de douceur », la faim de l'inaccessible, la tenaillent. Elle tourne dans les rues « comme un vieux chien noir au poil hérissé, sans trouver de place ». Mais Lalla est enceinte du Hartani, elle porte un enfant lumineux dans son ventre, dans cette ville vide où la beauté est morte.
Une métamorphose
Un jour, Lalla quitte l'hôtel où elle travaillait. Elle se fait payer ses gages et va les dépenser avec un jeune mendiant. Ivre d'une liberté toute neuve mais factice, elle se métamorphose. Son destin s'accélère : elle devient tout à coup une cover-girl célèbre grâce à un petit photographe timide au regard humide... Mais Lalla se moque des images et de l'argent.
Elle s'enfuira vers l'Afrique où elle mettra son enfant au monde toute seule, dans l'aurore, sur la plage près du village. Elle accouchera en dressant son corps contre le tronc d'un figuier, comme l'avait fait sa mère, retrouvant instinctivement des gestes ancestraux...
Le Clézio adopte le point de vue de l'enfant-berbère pour qui les deux rives de la Méditerranée sont deux mondes opposés. A la vérité du désert de sable répond la vacuité du désert de pierre. Au « dernier pays libre », au «vrai monde», répliquent l'isolement et l'esclavage; à l'épreuve physique la douleur morale.
Le désert dans l’œuvre de Le Clézio :
Le désert, comme le définit Jean Baudrillard, est « un non lieu, un espace potentiellement vide, illimité et riche de toutes les virtualités, c’est-à-dire disponible pour l’apparition de n’importe quoi, à n’importe quel moment. »
De ce point de vue, le désert apparaît comme une étape nécessaire dans la quête de l’Essence (les ermites vont se retirer dans le désert pour retrouver l’Être divin que masquent les apparences) ; c’est aussi un lieu où l’on vient pour combattre les forces du mal, les démons et les mirages, les désirs du corps. Car à partir de la seule image de la solitude, le désert s’investit d’un symbolisme ambivalent : « c’est la stérilité, sans Dieu ; c’est la fécondité, avec Dieu, mais due à Dieu seul »
Vide, illimité, essentiel, indifférencié, méconnaissable, le désert incarne le virtuel et le latent, c’est l’image du néant qui peut se transformer en être, l’espace où il est recommandé d’être né. Ainsi, et pour revenir au roman, les premières pages multiplient les références à un peuple venu de nulle part :
« Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible » (p.7).
« Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent de la lumière, de la nuit. Ils étaient apparus, comme dans un rêve, en haut d'une dune, comme s'ils étaient nés du ciel sans nuages, et qu'ils avaient dans leurs membres la dureté de l'espace » (p. 9).
Les hommes de cette partie du monde sont leurs propres ancêtres. Il y a toutes les raisons de parler de « miracle », et l’on sait qu’une bonne partie de l’histoire des Nomades tourne autour de la personne fabuleuse du Saint, « celui qu’on appelait AL AZRAQ (l’Homme Bleu) ». Mais de toutes les manières, et même si le miracle ne paie pas, cette terre est la dernière demeure encore intacte.
Quand Lalla se trouve encore chez elle, là-bas, dans la cité du désert, elle ne sait pas quelle déception l’attend. Chaque fois qu’elle va voir le vieux pécheur, Naman, elle lui demande de lui parler des villes de l’Europe. Elle s’en construit alors une image très valorisante :
Puis, vient le tour de Marseille :
«
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