Fiche De Lecture

à ses parents les questions qui la tourmentent et que ses parents ne cesseront de garder le silence.

Développement

«l'Autre fille», est un court récit de 70 pages, il nous explique le récit de la vie d’Annie Ernaux qui écrit une «lettre» à sa sœur née huit ans avant elle, morte à l’âge de six ans soit deux ans avant la naissance de l’auteur. Les parents étaient pauvres et les temps difficiles: «On ne pourrait pas faire pour deux ce qu’on a fait pour un», dira la mère – ce qui signifie: il n’y a jamais eu de place que pour un seul enfant. Déduction logique d’Annie Ernaux, trente ans plus tard alors qu’elle écrivait «la Place»: «Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t’ai remplacée.»

Dans ce texte Annie Ernaux nous révèle par quel moyen elle a découvert l’existence d’une sœur ainée décédée avant sa propre naissance. Cette révélation a lieu par hasard lorsque Annie surprend une conversation entre sa mère et une amie au cours de laquelle elle parle de l’existence de « l’autre fille ». Cependant jamais au cours de sa vie la mère d’Annie ne lui parlera de sa sœur ainée tout comme Annie ne posera jamais de questions quant à l’existence d’une grande sœur. La seule fois où Annie entend parlait de sa sœur ainée en comparaison avec elle, toujours dans la même conversation qu’elle a surpris avec sa mère, Annie apprend que sa sœur était plus gentille qu’elle ( page 16 ), sa mère dit « elle était plus gentille que celle là ». C’est autour de ces simples et uniques mots qui font le lien entre les deux sœurs qu’Annie vie et exprime tout son questionnement. Annie se questionne dans ce texte sur le fait qu’elle écrive cette lettre et dit alors « je n’écris pas parce que tu es morte, tu es morte pour que j’écrive ». On peut donc comprendre par ce raisonnement que sa sœur absente devient le moteur de sa vie et que les faits de la vie d’Annie sont poussés par l’absence de sa sœur. C’est ainsi que l’absente devient une force active dans la vie de la présente. Durant ce récit Annie dévoile alors les questions qu’elle se pose au grand jour : exister par la disparition d’un autre est-ce exister à la place de ce disparu ou est-ce exister par l’absence de cet autre? Et si tel est le cas quel peut être le sens de cet «autre» qui n’est que par son absence? Annie Ernaux nous présente même dans cet œuvre un questionnement autour de la fonction de l’auteur quand elle s’exprime en ces mots : «t’écrire ce n’est rien d’autre que faire le tour de ton absence». Annie à la fin de son œuvre nous livre un paradoxe car elle dit : « pour être il a fallu que je te nie ». Alors qu’au contraire, l’absence de cette sœur s’est imposée dans la vie d’Annie et n’a jamais pu être négligée après sa révélation. Cela nous montre donc la présence d’un grand combat celui de l’échec dans la volonté de se défaire d’une réalité perdue devenue entrave pour tenter de gagner sur l’inaccessibilité du réel présent or cette volonté est inaccessible car alors que le passé reste réel et dure à jamais le présent lui demeure insaisissable. On comprend à la fin du livre que l’écriture pour Annie est en réalité le seul moyen de combler cette absence au-delà de la mémoire et de l’oubli. A travers la question de l’être, qu’elle examine et analyse tout au long de ce livre pour son cas personnel, elle nous fait nous questionner nous même sur la question de notre vision de l’être et plus particulièrement de « notre » être. Pour finir l’analyse de ce texte nous n’oublierons pas de retrouver dans cette œuvre la présence importante du christianisme notamment à travers le thème de la résurrection comme dans cette question "Est-ce que je t'écris pour te ressusciter et te tuer à nouveau?" ( page 24). On se questionne alors sur le fait de savoir si l’évocation des morts, le fait de ne pas les ignorer ou les nier les faits vivre à nouveau… Les sujets évoqués par Annie Ernaux sont donc douloureux et complexes et elle utilise cette lettre destinée à sa sœur décédée d’aller de l’avant et de trouver des réponses à ses questions tout en exorcisant sa sœur à qui elle doit deux choses : la vie et l’écriture.

Conclusion

Ce livre m’a paru très complexe à la première approche de par la difficulté de se projeter dans le corps du destinateur. Cependant après avoir compris et analyser la vie et l’ensemble des sujets traités dans les œuvre de l’auteur ce livre devient passionnant avec une lettre qui remue à la fois les sentiments tout en restant très envoutant par des questions auquel chacun aura sa propre réponse sur le sujet de par notre histoire, des questions qui souvent nous laisse sans réponse et nous ouvre les yeux sur le monde. Il est la conclusion de l’ensemble