L’expressionnisme: exprimer un idéal de rapport au monde

La peinture expressionniste se caractérise par une pulsion, une tentative pour saisir l'indicible (ce qui échappe au réalisme à la Courbet et à l'impressionnisme). Ce qui constitue le caractère ambigu de l'expressionnisme, c'est la nécessité de produire un travail plastique, afin de communiquer l'indicible, saisir insaisissable au delà du sujet, réinjecter un sens non littéraire dans la peinture... La cris de la représentation, cliché de l'art du XXème siècle, trouve ses origines dans la tentative d'une résolution des contradictions entre les pulsions de l'homme, mises en évidence par la psychanalyse, et une rationalité à laquelle s'est attaché l'art jusqu'alors. Les surréalistes mettent en scène une homme tributaire de ses instincts, et non plus seulement de principes. Ces spéculations sur l'irrationnel, la nécessité d'un retour à l'était primitif, mais aussi sur la rigueur de l'art abstrait (à comprendre comme non figuratif) prouvent que le débat opposant l'idéalisme au naturalisme, explicite depuis l'Antiquité et latent depuis le XVIIIème siècle, n'a pas été totalement éliminé. Les artistes expressionnistes majeurs ont toujours affirmés que le leur but était d'exprimer un idéal de rapport au monde. Cette empathie peut paraitre dramatisée (Kandinsky) ou dédramatisée (Matisse). Elle s'incarne dans un sentiment amoureux (Van Gogh, Matisse) ou magique (Klee). Les oeuvres d'art soulignent ou occultent des signes de ruptures dans une approche phénoménologique (sensibilité aux phénomènes physiques ou psychiques ou existentialistes de l'univers). Gauguin traduit une expérience du sublime (Mahana no atua, le jour des dieux, 1894) tandis que Van Gogh fait part d'une pulson expressive (Le champ de blé au corbeaux, 1890). Matisse rend son émotion en peinture et livre un travail dans lequel il représente un espace spirituel, là ou Klee à une peinture plus fusionnelle.