Molière commentaire pour l'oral
Dissertations Gratuits : Molière commentaire pour l'oral. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires-il ouvert son coeur là-dessus, et t'a t'il dit qu'il eust pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ?
SGANARELLE.
Non pas, mais, à veuë de païs, je connois à peu prés le train des choses, et sans qu'il m'ait encore rien dit, je gagerois presque que l'affaire va-là. Je pourrois peut-estre me tromper, mais enfin, sur de tels sujets, l'experience m'a pû donner quelques lumieres.
GUSMAN.
Quoy, ce départ si peu préveu, seroit une infidelité de D. Juan ? il pourroit faire cette injure aux chastes feux de D. Elvire ?
SGANARELLE.
Non, c'est qu'il est jeune encore, et qu'il n'a pas le courage.
GUSMAN.
Un homme de sa qualité feroit une action si lâche ?
SGANARELLE.
Eh oüy ; sa qualité ! la raison en est belle, et c'est par là qu'il s'empescheroit des choses.
GUSMAN.
Mais les saints noeuds du mariage le tiennent engagé.
SGANARELLE.
Eh ! mon pauvre Gusman, mon amy, tu ne sçais pas encore, croy moy, quel homme est D. Juan.
GUSMAN.
Je ne sçay pas de vray quel homme il peut estre, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point, comme aprés tant d'amour, et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de voeux, de soûpirs, et de larmes ; tant de lettres passionnées, de protestations ardentes, et de sermens reïterez ; tant de transports, enfin, et tant d'emportemens qu'il a fait paroître, jusqu'à forcer dans sa passion l'obstacle sacré d'un Convent, pour mettre D. Elvire en sa puissance ; je ne comprends pas, dis-je, comme aprés tout cela il auroit le coeur de pouvoir manquer à sa parole.
SGANARELLE.
Je n'ay pas grande peine à le comprendre moy, et si tu connoissois le pelerin, tu trouverois la chose assez facile pour luy. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentimens pour D. Elvire, je n'en ay point de certitude encore ; tu sçais que par son ordre je partis avant luy, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu, mais par precaution, je t'apprens (inter nos) que tu vois en D. Juan mon Maistre, le plus grand scelerat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un Diable, un Turc, un Heretique, qui ne croit ny Ciel, ny Enfer, ny loup-garou, qui passe cette vie en veritable beste-brute, un pourceau d'Epicure, un vray Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances [chrestiennes] qu'on luy peut faire, et traite de billevezées tout ce que nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta Maîtresse, croy qu'il auroit plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il auroit encore épousé toy, son chien, et son chat. Un Mariage ne luy coûte rien à contracter, il ne se sert point d'autres pieges pour attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains, Dame, Demoiselle, Bourgeoise, Païsane, il ne trouve rien de trop chaud, ny de trop froid pour luy ; et si je te disois le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce seroit un chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris, et changes de couleur à ce discours ; ce n'est-là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudroit bien d'autres coups de pinceau, suffit qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour : qu'il me faudroit bien mieux d'estre au diable, que d'estre à luy, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterois qu'il fust déja je ne sçay où ; mais un grand Seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je luy sois fidele en dépit que j'en aye, la crainte en moy fait l'office du zele, bride mes sentimens, et me reduit d'applaudir bien souvent à ce que mon ame deteste. Le voila qui vient se promener dans ce Palais, separons-nous ; écoute, au moins, je t'ay fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorty un peu bien viste de la bouche ; mais s'il faloit qu'il en vinst quelque chose à ses oreilles, je dirois hautement que tu aurois menty.
Annonce des axes
Explication du texte :
I - Portrait d’un séducteur :
- pèlerin -> péjoratif : va de fête en fête
- 5 énumérations :
(deux phrases) hyperboles
(idem) croyances de Dom Juan -> Ø
(3 phrases) ternaire -> ordre décroissant du plus au moins important -> c’est pour le spectateur
(4 phrases) ternaire -> Dom Juan ne respecte pas le sacrement du mariage, donc il ne croit pas à la religion -> prédateur des fêtes
(5 phrases) gradation décroissante -> hiérarchie
- Sganarelle se flatte de son maître -> démonstratifs, etc.
- Sganarelle se donne de l’importance en utilisation quelques termes -> pédant
è Molière se moque de l’intolérance de l’époque(ex : ‘turc’-> quelqu’un pense Ø)
è Dom Juan ->
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