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Devoirs à la maison

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dagogie que l'enseignant doit adopter et de la plus grande présence des parents dans la scolarité de leurs enfants. Néanmoins cette controverse prend vraiment source en 1956, avec la loi sur l'interdiction de tout devoirs écrits scolaires en dehors de l'école. Ainsi, pendant plus de cinquante ans, jusqu'à aujourd’hui, cette question fait l'objet de vifs débats puisque tout élève pourra confirmer que cette loi n'est pas, ou très peu, appliquée.

Ainsi nous pouvons nous demander pourquoi les enseignants, qui sont de prime abord les « commanditaires » de ces devoirs, ne respectent pas cette loi dans leur classe ?

Par conséquent, nous verrons comment se justifie la mise en place d'une telle loi puis, comment les devoirs à la maison sont perçus par l'ensemble des acteurs de l’École.

1. LES DEVOIRS À LA MAISON : UN DÉBAT D'HIER, D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN.

1.1. Une loi, vieille de plus de cinquante ans, non appliquée.

C'est dès 1912, que commence à émerger l'idée de la suppression des devoirs écrits à l'école et ce, sous l'impulsion d'un inspecteur de l'Académie de la Haute Marne qui rédige cette circulaire :

« Mes chers collaborateurs, j'ai appelé déjà votre attention sur les devoirs écrits faits dans la famille. Je vous ai dit que l’utilité en était fort contestable, qu’ils risquaient, après une journée scolaire de six heures, de fatiguer l’enfant, que les conditions matérielles où ils sont la plupart du temps exécutés, pouvaient les rendre nuisibles à la santé de nos élèves ; et je vous ai recommandé de les donner très courts, si vous ne les supprimiez pas tout à fait. J’estime, expériences faites, que leur suppression absolue s’impose. L'inspecteur d'Académie ». (1)

(1) Circulaire de l'Inspecteur de l'Académie de la Haute Marne, novembre 1912. 1

Mais c'est en 1956, que cette interdiction prend la forme d'une loi et est communiquée dans le Bulletin Officiel du 29 novembre 1956. Elle interdit à tout enseignant du premier degré de donner à ses élèves des devoirs écrits à la maison ou en étude.

Cependant, elle n'est que très peu appliquée malgré de nombreux rappels par la rédaction de circulaires en 1958, 1962, 1964, 1971, 1986 et 1990. Une enquête réalisée par BEGOC en 2002 montre que 55% des enseignants de l'enseignement primaire admettent ne pas exécuter cette interdiction. De même, « 80 à 90% des écoles ignorent ces textes officiels », force est de constater que « malgré l'interdiction, les devoirs font partie intégrante du cycle primaire ». (2)

Il est étonnant de constater comment l'institution scolaire peut, délibérément, ne pas respecter un texte officiel émanant de son État, alors qu'elle transmet à ses élèves, les droits et les devoirs du citoyen français dans des cours comme l'éducation civique. De même, elle passe outre les raisons qui ont amené à la construction de cette loi, en effet dans le BO du 29 Novembre 1956, il est dit que « des études ont mis en évidence l'excès de travail écrit généralement exigé par des élèves. En effet, le développement normal […] d'un enfant de moins de onze ans s’accommode mal d'une journée de travail trop longue ». Ainsi, l'un des motifs de la suppression des devoirs écrits est la prise en compte du rythme et de la santé physique et psychique de l'enfant.

1.2. Bienfaits ou difficultés engendrées par les devoirs.

(2) Rapport du Haut conseil de l'évaluation de l'école, Le travail des élèves pour l'école en dehors de l'école, 2005.

(3) Rendre les élèves autonomes dans leurs apprentissages, En finir avec les devoirs à la maison, A. SIMONATO, 2007 2

Nous avons vu précédemment que le texte sur la suppression des devoirs à la maison se veut sensible au rythme de l'enfant. En effet, l'une des difficultés majeures du travail hors-classe est qu'il alourdi un peu plus encore le rythme scolaire déjà très soutenu des élèves. En effet, on peut rappeler qu'un élève de l'école élémentaire passe six heures (de temps de travail) en classe, par jour, sans compter les heures de simple présence à l'école. Ainsi ses journées sont comparables à celles d'un adulte salarié, qui revient souvent exténué du bureau ou de l'entreprise. De plus, bon nombre d'enfants ont, après l'école, des activités extrascolaires. Quelles soient sportives ou culturelles, elles participent au développement de l'enfant. Mais celui-ci, après six heures de travail en classe, un entraînement de rugby de 17h à 19h doit, après sa douche et son repas, faire ses devoirs … de 20h à 21h. Ainsi, l'application de ce texte permettrait de diminuer cet ajout de temps de travail après la classe qui augmente la fatigue des enfants, déjà bien présente chez eux après une journée d'école, et qui nuirait à « à la santé physique et à l'équilibre nerveux des enfants ». (3)

L'un des progrès réalisé au fil du temps par l'école élémentaire est qu'elle s'est appuyée sur le modèle des devoirs de l'enseignement secondaire, pour proposer ces travaux bien plus tôt et ainsi permettre à l'élève de pouvoir s'avancer dans son travail. Néanmoins, si cela peut permettre aux enfants de mieux s'organiser, (pour ceux qui y arrivent car ce n'est pas forcément évidant pour un enfant), le risque est de voir s'emmagasiner les heures de travail le week-end ou certains soirs de la semaine entraînant surmenage et surcharge cognitive.

Le temps passé par un enfant est difficile à estimer car il dépend de plusieurs facteurs de variation. En effet, il peut changer en fonction de la diversité des profils des enseignants et de leur manière de travailler. Selon une étude de TEDESCO (4) en 1985, il y aurait un lien entre la fréquence des devoirs donnés et leur quantité car il a été observé que les enseignants qui donnent le moins fréquemment de devoirs sont aussi ceux qui en donnent le moins en terme de quantité ; la réciproque étant vrai, on retrouve à l'opposé, des enseignants qui donnent des devoirs fréquemment et en grande quantité. De même, ce temps varie beaucoup selon les élèves, en effet chaque enfant a un rythme de travail différent. Une enquête de LARUE (4) montre par exemple, qu'en classe de CM2, le temps de travail quotidien à la maison peut varier de 22 minutes à 45 minutes selon les enfants.

(4) Cités par D. GLASMAN, Le travail des élèves pour l'école en dehors de l'école, 2004 3

Enfin, on peut faire remarquer que la durée des devoirs varie également si l'on interroge les enseignants ou les élèves. Ainsi en 2001, une étude menée par le REP (Réseau d’Éducation Prioritaire) d’Échirolles (4) montre que les devoirs à la maison « nécessitent plus de temps que ce que les enseignants ne le prévoient » selon les réponses des parents et des élèves qui diffèrent du temps évoqués par les enseignants. Sur le même principe, l'enquête de BOBASH (4) en 1994 évoque la situation d'un enseignant estimant le travail à la maison de sa classe de CM1 à une durée de une demi heure « pour les élèves les plus lents », alors qu'un de ses élèves dit « dégourdi » avoue passer plus d'une heure sur ses devoirs.

Un autre méfait que peuvent produire les devoirs, est l'image qu'ils peuvent donner du travail scolaire et plus généralement de l'école et de son cursus.

Le sociologue P. PIERRENOUD distingue deux profils d'élèves face aux devoirs, il y a ceux qui arrivent à faire ce travail facilement et y prennent parfois même du plaisir. Ces élèves sont ceux qui réussissent généralement le mieux à l'école, puisqu'ils ont, d'après lui, appris très tôt le « métier d'élève ». Pour d'autres, le moment des devoirs est redouté, empli d'anxiété et de pression. Leur incapacité à faire correctement leurs devoirs détruis petit à petit leur confiance en soi et les amène même à penser qu'ils sont en échec scolaire. Les devoirs réduisent leur motivation et leur laisse une mauvaise image de l'école.

Dans son article intitulé « Le vrai problème : À quoi servent les devoirs » (voir Annexes), P. FRACKOWIAK fait passer l'idée que les devoirs à la maison ont pris une tel importance dans la scolarité des enfants, (nous verrons plus tard que les parents ne sont pas étrangers à ce phénomène), qu'on tend peu à peu à « sous estimer l'importance du temps scolaire au profil du travail hors temps scolaire ». À l'opposé de cette théorie, on parlerai selon P. PIERRENOUD, de ce qu'il nomme « le comble de la bureaucratie », où les élèves seraient perçus comme des « employés » ne travaillant que durant « la présence solaire obligatoire ».

Il apparaît primordial que les élèves aient une bonne représentation de ce qu'est l'école pour garder une certaine motivation au cours de leur scolarité. C'est l'un des points importants de l'analyse de G.CHAUVEAU dans son livre (Comment réussir en ZEP, 2000) où il évoque le fait que l'enseignant doit orienté sa

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