Dissertation culture design

Si d’apparences résolument différentes, les lampes Dragonfly de Tiffany, Anglepoise de Georges Cawardine, et Tizio de Richard Sapper, peuvent avoir des caractéristiques similaires d’un point de vue de leur process.

Comparons dans un premier temps, la lampe Dragonfly avec la lampe Anglepoise. Si la première de par des matériaux délicats comme le verre, des couleurs chatoyantes et des motifs organiques qui composent son abat-jour se veut être plus décorative que fonctionnelle, la seconde utilise les codes stylistiques de l’univers du travail au travers d’une couleur sobre apposée sur un matériau brut : l’acier. Pourtant, ces deux lampes n’auraient pu voir le jour sans la mise au point de procédés techniques innovants pour leur époque, ayant amené à la dépose d’un brevet pour chacune d’elles. En effet, en réalisant ses lampes et éléments de décorations en verre, Louis Comfort Tiffany met au point une technique innovante permettant la coloration du verre dans sa fabrication, ce qui va éclipser la peinture sur verre. Il dépose un brevet en 1894 et nomme son matériau le verre Favrile. Georges Cawardine quant à lui ingénieur dans l’industrie automobile, spécialisé dans les suspensions, il invente un ressort pouvant s’étirer dans toutes les directions en conservant une certaine rigidité. Il dépose un brevet en 1932. Ce sont ces ressorts qui permettent à la lampe anglepoise de prendre une multitude de positions, offrant la possibilité de régler son éclairage et d’améliorer ainsi la visibilité des travailleurs en usine ou à leur bureau.

Si nous confrontons la flexibilité de la lampe anglepoise, et de sa capacité à mouvoir l’éclairage, nous pouvons très facilement la rapprocher de la lampe Tizio conçue par Richard Sapper. Pourtant ces deux lampes restent strictement différentes de par leurs procédés de fabrication. En effet, la première étant destinée à être utilisée dans un milieu professionnel (et non pas privé), le système mécanique n’a pas été caché lors de sa conception. Les ressorts sont apparents, et donnent à cette lampe cette esthétique industrielle qui n’a pas pour première vocation de plaire. À l’inverse Tizio cache l’intégralité de son mécanisme, subtile, permettant par un simple effleurement de modifier la position de l’abat-jour. Cette technologie, en se faisant discrète fait écho avec le développement des nouvelles industries Hi-Tech voyant le jour dans les années 1970, ce qui en fera un objet emblématique de ces années-là. De plus ses formes minimalistes très en vogue, fait de cette lampe, dès sa confection, un objet très convoité. Celle-ci pourrait alors être comparée à un objet plus décoratif que technologique. On peut ainsi rapprocher Dragonfly de la lampe Tizio. En effet, même si cette dernière a été conçue pour rester fixe, ce luminaire d’ambiance peut être rapproché de l’objet d’art que le propriétaire est fier de posséder.