Entretien thérapeutique d'infirmier en psychiatrie
Étude de cas : Entretien thérapeutique d'infirmier en psychiatrie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Hemerao • 7 Novembre 2016 • Étude de cas • 2 137 Mots (9 Pages) • 1 267 Vues
Déroulement d’un entretien thérapeutique (d’écoute) avec une patiente.
Il existe différents types d’entretiens :
Un entretien informel est décidé par l’évènement, à la demande ou non du patient, et est généralement utilisé pour soulager l’anxiété ou faire baisser l’angoisse.
L’entretien formel où le soignant donne un cadre au patient. Le lieu est défini, avec ou sans porte, fermé ou non. L’espace est aménagé de façon fonctionnelle. La notion de temps est importante, l’objectif fait partie du cadre. Les entretiens se tiennent dans le même local : le lieu, le temps, l’espace et l’objectif doivent rester identiques à chaque rencontre avec un patient donné. Cela aide au repère, à la stabilité.
L’entretien d’aide, avec écoute, empathie, sans interprétations ni jugement de valeurs. Comprendre le pourquoi de l’angoisse, aider le patient à dire les choses, à verbaliser ses difficultés, ses souffrances, ses craintes… Il nous faut cerner la demande du patient, guider l’entretien.
L’entretien d’accueil, avec visite du service, savoir ce qui amène la personne. Lors d’un premier entretien dit « Entretien de premier contact », le contact et le climat de confiance sont très importants pour la suite de la prise en charge, il est important que le patient nous fasse confiance, sans quoi il sera difficile de l’aider et le guider tout au long de sa prise en charge.
Présentation de la patiente :
Mme Q est une jeune femme de 21, célibataire et sans enfants.
Elle vivait chez sa mère jusqu’au décès de cette dernière d’une rupture d’anévrisme au mois de janvier 2016. Elle vit donc actuellement chez sa tante, une procédure de tutelle est en cours.
Mme Q s’est déscolarisé en classe de 4ème afin de s’occuper de sa mère malade, elle n’a pas de diplôme et ne travaille pas.
Elle a un antécédent de suivi pédopsychiatrique pour trouble anxieux de 2003 jusqu’en 2008.
Mme Q a été diagnostiquée schizophrène.
Résumé de la situation :
Mme Q participe le mercredi après-midi à l’activité Peinture. Lors de l’activité, elle sollicite mon aide pour dessiner des personnages qu’elle aurait ensuite à colorier avec de la peinture. Je m’installe alors à côté d’elle et nous convenons du dessin que j’aurais à lui faire.
J’en profite pour démarrer une conversation avec elle dans le but de mieux la connaître, et d’établir une relation de confiance. Cela commence par des questions à première vue anodines : je lui demande si l’activité lui plait, si elle aime peindre, et la complimente sur ces précédentes peintures réalisées le même jour.
Mme Q me dit que l’activité lui plait « moyennement » bien qu’elle s’y applique avec attention.
Elle m’explique que son corps est fatigué car s’est occupé longtemps de sa mère malade, ainsi toute activité lui devient pesante. A cela, j’acquiesce et elle poursuit en me disant que depuis le décès de sa mère, survenu au mois de janvier, elle se sent seule et angoissée. Sa mère, avec qui elle entretenait une relation fusionnelle, lui manque énormément. Cela lui procure une « sensation de vide en elle ».
Elle me parle ensuite de sa tante chez qui elle vit maintenant, en me disant qu’elle a peur de représenter une gêne pour elle, mais aussi que bien qu’elle se sente aimée par sa tante, elle sait qu’elle ne retrouvera jamais la relation fusionnelle qu’elle avait avec sa mère. De plus, elle se sent « enfermée » dans l’appartement de sa tante, car il est plus petit que celui qu’elle occupait avec sa mère et aussi encombré de tous ses meubles et affaires en plus de celles de sa tante. Elle me parle des cartons entassés dans sa chambre qui « l’étouffent ». Je lui demande alors pourquoi elle ne les a pas encore déballés, elle me répond qu’elle n’en a pas le courage, que son corps est fatigué, qu’elle pourrait passer sa journée au lit si elle le pouvait, mais sait qu’il ne le faut pas, alors se force à se lever.
Elle dit ensuite que pour ses cartons, ainsi que pour ses démarches administratives, elle souhaiterait de l’aide, car s’est longtemps occupé de sa mère et aimerait par conséquent que l’on s’occupe d’elle de la même manière. Elle ajoute qu’elle faisait tout à la place de sa mère et qu’elle aimerait que l’on fasse la même chose pour elle. Je lui demande alors, si elle est sûre de vouloir qu’on fasse tout à sa place, elle me répond que oui. Je reformule ma question en prenant des éléments de son discours : « Si j’ai bien compris, vous vous êtes longtemps occupé de votre mère en faisant tout à sa place et maintenant vous êtes fatiguée et vous aimeriez que l’on fasse tout à votre place comme vous l’avez fait pour votre maman ? ». Elle confirme. Je poursuis alors en lui demandant : « Et vous pensez que cela vous ferait du bien que l’on fasse tout à votre place ? ». Là elle me répond que non elle ne pense pas que cela lui ferait du bien, que finalement elle ne veut pas que l’on fasse tout à sa place. Elle semble ensuite ne plus savoir quoi répondre, je la relance en lui demandant si elle ne souhaitait pas simplement qu’on l’aide, la guide dans ce qu’elle a à faire. Elle confirme en répétant ma phrase.
L’entretien se poursuit.
Je l’écoute attentivement, n’hésite pas à reformuler quelques-unes de ses phrases lorsqu’elle ne sait pas comment exprimer l’idée qu’elle souhaite faire véhiculer. Elle me fait comprendre alors qu’elle souhaiterait vivre seule dans un studio ou « une sorte de foyer pour jeunes ». Néanmoins me dit deux minutes plus tard que plus elle parle avec moi, plus elle se dit qu’en réalité elle ne pourrait pas et ne voudrait pas vivre toute seule car cette idée l’angoisse. C’est à ce moment-là qu’elle fait mention des voix qu’elle entend. Je finis par lui proposer d’aller discuter dans la pièce à côté si elle le souhaitait afin qu’elle soit plus à l’aise pour parler (d’autres patients étant présents à l’activité). Une fois installées dans l’autre pièce, je lui demande si elle entend souvent ces voix, elle me répond : tous les jours. Je lui demande ce que ces voix lui disent : la plupart du temps elles la rassurent, sont bienveillantes avec elle. Je lui demande alors confirmation qu’elle n’entend que des voix bienveillantes, elle finit par me répondre qu’elle en distingue trois : deux qui sont bienveillantes avec elle, qui lui veulent du bien, et une qui lui veut du mal, lui donne des ordres, lui dit de souffrir. Elle nommera d’ailleurs cette voix « Hakim ». Je résume alors ce qu’elle vient de me dire, pour être sûre d’avoir tout compris, elle confirme tout cela en ajoutant que la « méchante voix » vient toujours lorsqu’elle est fatiguée.
Je mets fin à la conversation en lui disant que pour ses questions d’ordre administrative et organisationnel, elle pouvait en parler avec l’assistante sociale du service avec qui elle aura rendez-vous le lendemain. Qu’en ce qui concerne ses sentiments, ses angoisses, son deuil, les voix qu’elle entend, ect ; elle ne devait pas hésiter à en parler à l’équipe soignante (médecin, infirmiers, psychologues…), que nous étions là pour l’écouter, l’accompagner et l’aider. Elle me remercia alors en me disant que parler lui fait effectivement du bien, puis nous nous séparons, l’heure de l’activité étant finie.
Une fois seule avec mes collègues je leur relate l’entretien, ce que j’ai pu observer, ce que j’en ai déduis ou compris, puis rédige une transmission écrite qu’une de mes collègues reliera et puis validera si elle s’avère pertinente.
Cet entretien thérapeutique, bien qu’informel, m’a paru fort intéressant. En effet, j’ai eu l’occasion en tant qu’étudiante de soutenir une patiente sur le plan relationnel, je l’ai écouté, je lui ai porté de l’intérêt et j’ai cherché à comprendre ce qu’elle pouvait ressentir, en m’abstenant de toute forme de jugement.
De plus, je me suis donné l’occasion d’observer cette dame lorsqu’elle me parlait, d’observer ses gestes, sa posture, son faciès. Mais également
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