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La Philosophie Politique

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be « pouvoir » est un substantif et que ce glissement du verbe au substantif a des conséquences non négligeables.

En effet le verbe « pouvoir » indique d’abord le pouvoir de faire quelque chose. Autrement dit une capacité positive de mettre en acte une certaine puissance qui ne serait pas seulement de l’ordre du possible mais représenterait une potentialité susceptible d’effectuation ou d’effectivité. En sorte que le pouvoir supposerait alors une certaine maîtrise qui constituerait comme la légitimation de l’acte (l’autorité politique par laquelle ce pouvoir se manifeste). Dès lors on aurait affaire à une philosophie de type Platonicien dans laquelle le pouvoir politique revient légitimement à ceux qui possèdent déjà sur eux-mêmes, ce qui ne saurait s’acquérir sans une hiérarchie intérieure qui assure à la partie rationnelle de l’âme (le « nous ») l’hégémonie sur les autres partie de l’âme. Toujours est-il que du pouvoir de faire quelque chose on est passé au pouvoir qu’on détient de quelque un ou quelque chose. Et par là on passe à la notion de domination qui ne recouvre pas la notion d’autorité ou de pouvoir politique. Dès lors la voie est ouverte non seulement pour la confusion pouvoir & domination et non seulement pour la confusion corrélative entre puissance & violence.

Il est certain en tout cas que dans une perspective Grecque la question de l’origine politique est in essentielle voire inexistante. Il est frappant d’ailleurs de constater qu’Hegel dans sa critique des thèses contractuelles reprend certains arguments aristotéliciens formulés dans La Politique concernant la priorité et la primauté de l’État. Pour Platon & Aristote la question des causes du pouvoir politique ne saurait se substituer à la question des fins du pouvoir politique à laquelle d’ailleurs est subordonnée toute réflexion sur la nature du pouvoir lui-même.

Les philosophies politiques de Platon et Aristote ne sont ni assimilables ni proches mais elles se situent toutes deux dans le même horizon d’interrogations politique quoique leurs thèses divergent. Pour Platon comme pour Aristote l’effectivité du pouvoir politique précède en droit tout questionnement sur ces modalités d’exercices du pouvoir politique. Dès lors l’autorité du pouvoir politique est en quelque sorte auto fondée parce qu’elle s’inscrit dans une nature humaine elle-même conçue intrinsèquement politique et dont la fin est le développement des facultés supérieures de l’âme ce qui ne peut s’accomplir qu’au sein d’une société dans laquelle la primauté du social ou l’économique ne peuvent être remis en question.

La subordination de l’individu au tout social et la subordination de ce tout social a des impératifs proprement politiques & civiques qui vont de soi pour les philosophes Grecs.

D’ailleurs Aristote insiste à maintes reprises dans La Politique sur le fait que l’égalité politique des citoyens comme hommes libres prévôt sur l’inégalité des conditions sociales & économiques de ceux-ci (en particulier sur le partage entre riches & pauvres) même s’il est reconnu que la conciliation de ces deux données reste publique et peut être source de conflits. En revanche on peut considérer que l'évolution individualistes des sociétés (16e s) a « aussitôt quoique peu à peu » rendu crucial et délicat l'origine du pouvoir politique. D'autant que la notion du pouvoir fait également référence à un point aveugle ou du moins mystérieux qui serait le lieu de cette réserve de pouvoir et d'énergie d'où émanerait cette effectivité dans laquelle il ne s'épuiserait jamais et qui serait la raison d'être du respect qui inspire comme autorité. C'est à la grande entreprise théologique du pouvoir politique que nous faisons allusion. Un problème dérivé consiste à circonscrire le pouvoir d'État par rapport à d'autres formes de pouvoir ou un réseau de pouvoirs secondaires qui se manifestent par ailleurs dans la société (et qui peuvent être assimilés à des contre-pouvoirs). Autrement dit le pouvoir de l'état est-il le modèle d'un pouvoir porté à son effectivité maximale ou faut-il penser comme Pierre Clastres, par exemple que certaines sociétés primitives offrent l'exemple instructif et intéressant contre les tentatives tentaculaires des appareils d'état contemporains. Le modèle d'un pouvoir politique est-il respecté parce que vidé de toute puissance et non susceptible de domination sans une auto-dégradation immédiate de son autorité ?

Sociétés sans États → sociétés primitives → chefs devant l'autorité.

Faut-il penser le pouvoir comme plus difficile et moins monopolisé par la sphère de l'état qu'on ne le croyait auparavant (cette question fera l'objet de nombreuses réflexions du philosophe Michel Foucault dans les années 1960 à sa mort vers 80)? Faut-il faire une théorie différenciée des rouages de transmission du pouvoir politique que proposent les marxistes qui analysent le cadre indispensable à la diffusion de l'idéologie de la classe économiquement dominante en élaborant un modèle différencié qui distingue des appareils répressifs d'état (ARE) ou idéologiques d'état (AIE) ?

→ l'état ne s'impose pas seulement de sa force. Ils ont besoin de relais idéologiques. Ce qui nous conduit à aborder un problème crucial de toute réflexion politique : d'où vient la puissance du pouvoir et quelle en est la nature, comment impose t-elle aussi facilement l'ordre et l'obéissance? Le pouvoir politique est-il en lui-même assez puissant pour s'imposer sans la ruse ? Sans l'idéologie? Sans l'imagination (cf Pascal) ? Sans une rhétorique sophistique mise au service de leur pouvoir par des Sophistes plus intéressés par l'argent que par le pouvoir en vertu d'une servitude volontaire qui serait le mécanisme inconscient à l'œuvre dans chaque homme et qui le rendrait complice d'une domination qu'il subit parce qu'il y trouve le bénéfice secondaire de quelque chose plus bas que lui à dominer.

Les théoriciens politiques ont en effet remarquer que pour que le pouvoir puisse s'imposer de lui-même sans le recours à des moyens adjuvants, il faudrait que son autorité aille de soi, soit parce qu'elle est supposée procéder d'une autorité transcendante (c'est le cas des régimes théocratiques) soit parce que sa puissance (réserve dont le pouvoir dispose mais ne sert que avec prudence) apparaît invincible à contredire (analyse de M. Foucault dans surveiller et punir de la fonction d'exemplarité du supplice sur la place de Grève sous l'Ancien Régime) d'où l'importance pour tout pouvoir politique de se manifester comme tel (ex : supplice) c'est à dire invincible et tout puissant. La question de la représentation du pouvoir et celle corrélative du pouvoir en représentation (c'est à dire qui escompte un certain impact sur l'imagination d'une communauté de citoyens assimilés à un public de spectateurs) sera abordée plus tard. En outre nous essayerons d'appliquer la distinction Aristotélicienne entre acte et puissance hors de son contexte initial en tentant de déterminer si le pouvoir peut être conçu comme rude et par la même, ou l'inscription d'une puissance dont la finité même serait de s'accomplir dans sa plénitude ou si le pouvoir dans sa dimension politique n'est pas parfois le masque de l'impuissance (qu'il s'agisse d'une thématique du pouvoir politique comme simulacre qui fait l'objet d'une critique de Socrate à Colyclis dans le Gorgias ou d'une perspective commune à certains égards à Spinoza, Nietzsche dans leur critique d'un pouvoir de pure domination) qui atteste en réalité de l'impuissance conjointe de ceux qui l'exercent et le subissent. Si l'efficace du pouvoir politique consiste dans ce non acte, le problème de la teneur ou de l'absence ontologique du pouvoir ne peut être évitée (cf pascal Les pensées).

De même Foucault insistera sur le fait que le pouvoir n'est pas assimilable à une substance c'est à dire une réalité plénière et par conséquent le pouvoir ne retient sa réalité que des fantasmes qu'ils suscitent dans l'imagination de ceux sur qui il s'exerce. Autrement dit le pouvoir ne doit sa réalité et son efficacité qu'à une logique de la représentation.

I – l'ambiguïté de la notion de pouvoir

Pouvoir du roi → potestas → MACHT → cratos

réserve → potentia → KÖNNEN → dunamis

Pour qu'il y ai pouvoir, il faut qu'il y est une réserve de force et de puissance. Dès lors le pouvoir apparaît toujours comme par nécessité en retrait car il doit voiler dans ce retrait le mystère de son origine, qui participe aussi à la capacité qu'à le pouvoir de nous impressionner. D'où une valorisation le plus souvent imaginaire du pouvoir : « pouvoir de » ou « pouvoir sur » devient un substantif → le pouvoir indiquant subrepticement qu'il y aurait bien une réalité substantielle du pouvoir qui justifierait la vénération de ceux qui s'y soumettent. Chez Aristote au contraire la distinction entre l'acte et la puissance → aboutit à une désacralisation au pouvoir en même temps qu'à une légitimation politique quand elle s'exerce

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