La discipline et l'éducation – du dressage à l’autonomie
Dissertation : La discipline et l'éducation – du dressage à l’autonomie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Adeline Lfs • 6 Avril 2022 • Dissertation • 2 939 Mots (12 Pages) • 578 Vues
L2 Sciences de l’éducation
Histoire des idées pédagogiques: commentaire du texte de
F. Seclet-Riou, (1946). La discipline et l'éducation – du dressage à l’autonomie,
Paris : Bourrelier
Fernande Seclet-Riou est née le 19 novembre 1898 à Paris et elle est morte le 12 mai 1981. Au cours de sa vie, elle a été professeure et inspectrice de l’enseignement primaire. Elle a également été militante syndicaliste de la fédération de l’éducation nationale (FEN), secrétaire du groupe français d'éducation nouvelle (GFEN), rapporteur de la commission Langevin-Wallon, militante du parti communiste français (PCF) et membre des comités de rédaction de La Pensée et de L’École et la Nation. F. Seclet-Riou est également connue pour avoir été une grande militante des méthodes actives de « l’éducation nouvelle » qui est un courant pédagogique défendant le principe d'une participation active des individus à leur propre apprentissage. L'objectif de F. Seclet Riou était d’enseigner une éducation morale et sociale permettant l’épanouissement de chacun. Elle reconnait à Célestin Freinet le mérite d’avoir ouvert les yeux aux instituteurs sur les défauts des pratiques traditionnelles. F. Seclet-Riou souhaitait passer d'une autorité autoritariste que pratiquait les écoles traditionnelles à une véritable autorité éducative, compréhensive des élèves. C’est ce thème de l’autorité du maitre qu’elle va développer dans cet extrait.
Cet extrait de chapitre intitulé Le milieu est issu de son livre La discipline et l’éducation - du dressage à l’autonomie. Ce livre a été écrit en 1946 c’est-à-dire peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale. A cette époque, en France, l'Éducation nouvelle prend son essor aussi bien par les réformes engagées dans le système éducatif que par des initiatives individuelles: de nombreuses écoles nouvelles mettant en oeuvre d’autres pédagogies que l’école traditionnelle sont créées. En 1944, la commission Langevin-Wallon prépare un plan de réforme du système éducatif français qui prévoit un enseignement gratuit, laïque et obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans. Il y a une volonté de démocratiser l’enseignement et d’enseigner avec les pédagogies actives qui ont pour objectif de rendre l'élève acteur de ses apprentissages, afin qu'il construise ses savoirs à travers des situations de recherche.
Ce texte, nous donne des éléments de réponses sur ce qui fonde l’autorité chez un maitre. En effet, F. Seclet-Riou s’interroge sur le fait de qu’est ce qui fait l’essence de l’autorité du maitre. L’auteure essaye d’aider les professeurs avec sa vision de l’autorité ayant pour but un meilleur apprentissage pour les élèves. Pour Jean Gaillard comme pour l’auteure, l’autorité semble une nécessité indispensable et incontestable pour enseigner puisque l’apprentissage des élèves dépend surtout de l’autorité du maitre. Nous avons ici, un texte explicatif car il explique les éléments qui fondent l’autorité mais nous pouvons également remarquer que le texte est argumentatif puisque l’auteure par toute cette explication essaye de nous convaincre que c’est cette autorité que les maitres doivent avoir s'ils veulent enseigner efficacement. Dans ce texte, elle n’hésite pas à évoquer les côtés positifs et négatifs de l’autorité. Sa conception de l’autorité est très influencée par les courants d’éducations nouvelles. Elle définit l'autorité comme un rapport d’âmes plutôt qu'un rapport de forces.
Ce texte peut se diviser en quatre parties. La première partie pose un constat qui serait l’idée du sens commun de l’autorité c’est-à-dire ce que serait l’autorité pour le sens commun. Les trois autres parties seraient la réponse à sa question c’est-à-dire ce qui fonde l’autorité du maitre. Il y aurait d’abord la valeur intellectuelle du maitre, dans un second temps les méthodes pédagogiques qu’emploie le professeur pour intéresser ses élèves et pour terminer, il y aurait tout ce qui relèvent des dispositions morales du maitre.
Dans la première partie, l’auteure nous fait part d’un constat qu’elle a observé : souvent, les esprits communs, pensent que faire preuve d’autorité rime avec donner des punitions. Or, il n’a jamais été prouvé que punir un enfant avait des effets positifs sur son comportement. Pour l’auteure, ce n’est pas les sanctions qui font qu’un maitre ait de l’autorité. Quand un enseignant fait preuve d’autorité, ce qu’il fait, ce qu’il pense ou ce qu’il dit a de la valeur pour les enfants, ces derniers ont alors peur de son jugement : ils évitent alors de se faire sanctionner. Un maitre qui n’a pas d’autorité et qui use de sanctions, cela n’aura pas d’effet sur l’élève. Il ne redoute pas les sanctions mais les ignorent, voir il les trouvent ridicules et même encore ils peuvent s’en amuser pour provoquer le professeur. Actuellement, il est très fréquent de voir un enseignant qui par son manque d’autorité, peine à enseigner car il se fait dominer par ses élèves.
De plus, d’autres personnes pensent que l’autorité du maitre peut relever d’éléments extérieurs tels que le prestige de l’uniforme et de la fonction enseignante. Cela pouvait peut-être être vrai au XIX ème - début XX ème siècle où les enseignants étaient reconnus intellectuellement et socialement, mais aujourd’hui, le statut de l’enseignant n’est plus le même : il n’y a plus une forme de reconnaissance sociale. Il parait donc évident que l’autorité du maitre ne peut pas se fonder sur ces éléments même si l’auteure admet qu’il y a des éléments tels que « le physique, la taille, la force, la tenue ou encore la voix » (l.54) peuvent nuire ou participer à l’autorité du maitre. Toutefois, pour elle, ces éléments ne sont valables qu’au début de la rencontre entre les élèves et le professeur car avec le temps, ils vont perdre de leur importance « au profit d’éléments d’ordre spirituel » (l.62) c’est-à-dire sur la qualité de l’enseignement donné par le professeur et la relation qu'il a avec ses élèves. Ces éléments extérieurs ont peu d’importance puisque l’auteure les qualifient « d’accessoires de l’autorité » (l.80). Pourtant, selon elle, l’enseignant ne peut se passer de l’autorité, « il doit jouir d’une autorité bien établie » (l.24). Elle définit l’autorité comme étant une influence exercée par une personne et acceptée par ceux qui la subissent. Elle doit être, selon F. Seclet-Riou, une soumission consciente et volontaire qu'une personne accorde à une autre personne qu’on estime supérieure. Seulement, l’auteure va rentrer petit à petit dans un questionnement : si l’autorité ne vient ni des sanctions ni des éléments extérieurs d’où viennent alors les sources de l’autorité ? Dans la suite du texte, l’auteure va essayer de définir ce qui fonde l’autorité du maitre.
La deuxième partie identifiable du texte est le premier élément de réponse de ce qui fonde l’autorité chez un maitre : sa valeur intellectuelle. F. Seclet-Riou nous dit que « l’enfant est profondément ignorant » (l.85) et que par cette ignorance, l’enfant voyant quelqu’un de savant est admiratif de cette personne. Nous pouvons voir ici que l’auteure hyperbolise le fait que l’enfant ne sache rien. Au contraire, aujourd’hui, les instituteurs admettent que l’enfant sait obligatoirement des choses sur ce que le maitre lui enseigne et qu’il faut donc partir de ce qu’il sait. Bien que l'enfant ne soit pas ignorant, il est vrai qu’il reste admiratif de son professeur car il pense qu’il ne pourra jamais avoir toutes ces connaissances : cela garantit au maitre le respect de ses élèves et ce respect contribue à établir son autorité. L’enfant pense que son maitre sait tout sur tout et qu’il est capable de répondre à toutes ses questions. L’auteure met en garde l’enseignant qui souhaite continuer cette croyance car elle dit que les hommes ne savent pas tout donc s’il donne une réponse qui ne convient pas à l’élève, il installe le doute dans son esprit et cela remet en cause toute l’autorité intellectuelle du maitre. L’auteure conseille donc au maitre de faire preuve d’honnêteté en disant à l’enfant qu’il ne sait pas et de remettre la réponse à un autre moment pour aller se renseigner.
L’auteure poursuit en disant que l’autorité qui doit régner dans la classe est celle de la vérité. C’est au nom de cette vérité que l’enseignant apporte des savoirs précis et véridiques à l’élève. Respecter la vérité c’est aussi respecter l’intelligence de l’enfant. En lui apportant des savoirs réels et concrets, « l’enfant se sent grandi » (l.129) et cela l’aide dans ses apprentissages. Il se met à son tour en quête de connaissances et de vérité. L’autorité du maitre est ici renforcée.
Toutefois, d’après F. Seclet-Riou, la valeur intellectuelle du maitre ne constitue pas l’essence de l’autorité puisqu’elle admet qu’il existe des maitres très cultivés qui restent sans autorité : « posséder la science ce n’est pas toujours connaitre les moyens de la faire pénétrer dans d’autres esprits » (l.144). Pour pouvoir faire autorité, il faut que l’enseignement effectué par le professeur intéresse les enfants. L’enseignant doit être capable de captiver et de concentrer leur attention car selon Necker de Saussure, « l’humeur, la désorganisation morale, la mutinerie chez les enfants ayant presque toujours l’ennui pour cause. La solution est donc « de donner de l’occupation à leur esprit ». Il est ici question de sa valeur professionnelle. Un enseignement inintéressant ou qui est mal adapté ne donne aucune autorité à l’enseignant. Pour renforcer ou maintenir les effets, le maitre doit posséder une science pédagogique, qui selon l’auteure, s’apprend sur le terrain et se perfectionne avec l’expérience. Avoir de bonnes pratiques pédagogiques est important car c’est ce qui permet d’intéresser les élèves. La valeur professionnelle du maître est donc l’un des éléments sur lesquels se fonde son autorité.
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