Le bizutage comme formation pédagogique ?

Le bizutage comme formation pédagogique ?

[II. Echec du bizutage comme formation]

Bien que le bizutage présente plusieurs aspects assimilables à une cérémonie à but pédagogique, des recherches relèvent un échec du but pédagogique avancé par les bizuteurs.

[A. Source de traumatismes]

        A l’opposé des rituels indiens visant à intégrer le jeune dans la société des adultes, Philippe Meirieu présente le bizutage moderne « comme des caprices d’adultes » qui humilient sans intégrer réellement le bizut (doc.1). Il parle de « rituels traumatiques ».  Dans l’essai de René Devos, l’auteur relève que contraindre les étudiants à participer au rituel est source de traumatisme et non de plaisir (doc.3). Les étudiants caractérisent ce traumatisme par de graves conséquences et troubles psychologiques  qui ne participent plus à préparer l’adolescent à la vie adulte (doc.4).

 [B. Répréhensible par la loi dans ces formes extrêmes]

Le législateur condamne depuis 1998 le bizutage en s’opposant ainsi aux défenseurs du rituel. La loi a pour but de proscrire les formes extrêmes que peuvent prendre le bizutage. (doc.3) L’interview d’un chef d’établissement accentue le sadisme de certains bizutages où les aînés ne manifestent que leur envie de dominer et supprime l’idée d’intégration initiale. (doc.2) C’est en ce sens que René Devos qualifie de « monstres »  ceux qui s’y adonnent. (doc.3) Les gages imposés, les humiliations et autres jeux dégradants suppriment toute forme de dignité aux étudiants et transforment les bizuteurs en véritables bourreaux. Les étudiants interrogés utilisent eux le mot « fléau » pour décrire le phénomène, d’autres l’assimilent à un « viol ». Le bizutage n’élève donc plus le bizut dans la société mais l’abaisse à l’état de « chose ».

[C. Totalitaire]

        L’œuvre de René Devos présente un dernier aspect du bizutage qui va à l’encontre de la formation. Le bizutage ressemble à un régime totalitaire dont le but est de supprimer toute individualité pour ne former qu’un groupe aux « valeurs universelles » comme présenté par René Devos. Les valeurs sont transmises et ont valeur de règles qui s’imposent à tous. La soumission, l’intégration dans le groupe qui devient enfermement permet selon li, de pallier aux problèmes posés par la liberté. Dans cette mesure, les individus ne sont plus libres mais enfermés dans des valeurs qui s’imposent à eux.