Lorenzacio, Acte 4 Scène 9

ent général.

Dans la seconde partie, il s'agira de montrer l'originalité de chaque texte. Pour cela, il est très important de situer le monologue dans l'action de la pièce pour comprendre le rôle précis qu'il joue. La photo de scène aidera à saisir l'étrangeté de la situation de Winnie.

Enfin, il faut définir le contenu de chaque monologue pour mieux en saisir l'originalité.

II - LES REACTIONS A CHAUD DU PROFESSEUR

La reconnaissance de la forme du monologue est plutôt aisée. Ce qui sera plus délicat, c'est de montrer comment une même forme théâtrale est utilisée à des fins différentes dans chacun des textes.

III - UN TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET

Le monologue repose sur une convention théâtrale : le personnage parle avec lui-même tout en étant entendu par le spectateur avec lequel il entretient un rapport privilégié : le public dans la salle devient son seul interlocuteur.

Les trois textes ont en commun des caractéristiques propres au monologue : ce sont des moments de pause dans l'action qui sont employés pour exprimer les troubles intérieurs du personnage, dévoiler un aspect de sa personnalité, proposer des réflexions ou une justification. On verra cependant que les trois monologues du corpus proposent des contenus différents.

Après avoir rappelé ces généralités, il faut constater que le texte de Beckett se distingue des deux autres : Winnie n'est pas seule sur scène. Ce personnage presque invisible et muet, avec lequel elle feint de converser, semble là pour renforcer sa solitude. De plus, Winnie ne vient pas expliquer au spectateur le caractère exceptionnel de sa situation. Elle dit son quotidien dans lequel rien ne se passe, à l'exception des sirènes et de son enfoncement progressif dans la terre. Lorenzo et le jardinier, eux, sont en train de voir chavirer leur existence.

Le texte de Musset et celui de Beckett ont en commun un aspect décousu qui donne l'apparence de la spontanéité. On comprend que Lorenzo est très troublé par la perspective de l'assassinat imminent. Dès lors, son monologue devient le reflet de ses inquiétudes et se nourrit des soubresauts de son esprit. Winnie est tout aussi décousue et parle souvent par bribes, comme si tout effort de parole devenait inutile. Elle aussi conjugue dans ses propos des éléments banals et des moments où elle s'enflamme. La photo de scène appuie du reste cet aspect en nous montrant à la fois des objets quotidiens et le regard illuminé de Madeleine Renaud. A l'inverse, le jardinier de Giraudoux, qui semble dépêché pendant l'entracte pour servir de porte-parole à l'auteur, propose un texte plus construit qui repose sur l'articulation de deux thèmes : la grande tristesse de devoir renoncer à Electre et, malgré cela, sa foi dans la vie. C'est un être déchiré qui vient cependant affirmer la grandeur de l'amour et mettre de l'humanité dans l'action tragique de la pièce. Il fournit au fond une nouvelle piste au spectateur : là où celui-ci verra meurtre il faut pourtant qu'il comprenne amour. Du reste, le statut du jardinier est très original : il a cessé d'être un personnage du drame qui continuera à se jouer sans lui. Il dit lui-même qu'il est hors jeu. Son monologue lui fournit une nouvelle identité : il conserve certes des traces de son passage malheureux dans la pièce mais en même temps, il devient, un peu malgré lui, l'énonciateur du message paradoxalement optimiste de l'auteur.

On voit bien que le monologue est utilisé de façon différente par les trois auteurs : Musset l'emploie pour permettre à Lorenzo l'épanchement romantique et lyrique de son âme angoissée alors que Beckett utilise le monologue pour mieux souligner le vide de l'existence et la solitude à laquelle chaque humain semble condamné. Quant au monologue du jardinier, il est une parenthèse dans l'action tragique, à la fois parce qu'il intervient durant l'entracte et parce qu'il convie le spectateur à comprendre autrement les malheurs à venir.

Dans la perspective du jeu théâtral, on peut imaginer que les comédiens de ces trois textes entretiennent des rapports différents avec le public : l'immobilité du visage de Winnie la contraint à fixer en permanence le spectateur, l'apparition du jardinier lors de l'entracte lui impose d'expliquer au public le sens de sa présence. Lorenzo est sans doute plus libre, lui qui utilise la scène pour représenter un état intérieur.

IV - LES ERREURS A EVITER

Oublier de rappeler les aspects généraux du monologue de théâtre.

Ne pas tenir compte des paratextes assez riches et ne pas situer chaque monologue par rapport à l'action de la pièce.

Considérer uniquement les différences ou uniquement les ressemblances entre les trois monologues.

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Vous ferez le commentaire de l'extrait de Lorenzaccio (Texte A).

I - ANALYSE DU SUJET

Le sujet vous demandait de faire le commentaire de l'extrait de Lorenzaccio (Acte IV, scène 9) d'Alfred de Musset, l'un des représentants majeurs du "théâtre romantique".

Il s'agissait donc, en l'absence de questions, d'élaborer un plan précis et rigoureux mettant en lumière les différents axes de lecture, sans omettre l'analyse du style.

En somme, mener de front l'étude du fond et de la forme, sans les dissocier.

Sans être vraiment difficile, le texte à commenter est dense, riche.

Il ne fallait pas se limiter à l'anecdote du rendez-vous galant mais bien voir le contexte, sombre, d'un meurtre prémédité par un personnage désenchanté, déchiré entre le vice et la vertu, le mal et le bien, le Diable et Dieu.

II - LES REACTIONS A CHAUD DU PROFESSEUR

Célèbre et beau texte que cet extrait de Lorenzaccio, pièce et personnage emblématiques du théâtre romantique. Donc, aucune surprise sur le choix.

Il convenait d'être très précis dans l'explication linéaire, d'abord, puis dans la mise en forme du commentaire, ensuite.

Vous pouviez envisager deux ou trois axes de lecture, avec des sous-parties.

Pour un élève ayant étudié la pièce ou le théâtre romantique, ce commentaire ne devait pas poser de problème majeur.

III - UN TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET

Lorenzaccio, personnage éponyme (c'est-à-dire qui donne son nom à la pièce) est l'incarnation du héros romantique, personnage désenchanté dans un univers corrompu.

Ce monologue (dans lequel Lorenzaccio ne s'adresse pas une fois au public, même indirectement) décrit son état d'esprit, son impatience, son tourment, juste avant le meurtre qu'il prémédite sur la personne d'Alexandre de Médicis, son cousin, qui gouverne en tyran une Florence débauchée.

Nous assistons donc à une scène de "tempête sous un crâne" comme dans Hamlet de Shakespeare ou Le Cid de Corneille, quand le héros se retrouve confronté à lui-même, dans la solitude extrême ("Où diable vais-je donc? Les cabarets sont fermés"), avant une décision ou un acte important.

Ce n'est pas par hasard que la scène se passe de nuit. Lorenzaccio est littéralement dans l'obscurité. ("Je n'emporterai pas la lumière".)

Par l'acte qu'il prémédite, le meurtre d'Alexandre, il entre dans le domaine du mal, les ténèbres du Diable. La référence à sa mère ("Que ma mère mourût de tout cela, voilà ce qui pourrait arriver.", "Que ma mère mourût de cela, ce serait triste") est le dernier signe d'enfance et de pureté chez Lorenzaccio qui renoncerait à lutter contre le mal par l'angélisme.

Voici une suggestion de plan:

A - LE COMPLOT

Lorenzaccio doit assassiner Alexandre. Il est déterminé. "J'irai à lui tout droit", dit-il.

On le voit à l'emploi du futur proche, de nombreuses phrases exclamatives, d'impératifs et de subjonctifs: "Je n'emporterai pas la lumière, j'irai droit au cœur", "Allons, la paix, la paix !", "emporte le lambeau", "il faut que j'aille dans quelque cabaret".

Le