Une Étude Non-Conformiste De Cyrano De Bergerac

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BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE DE L'AUTEUR

Biographie

Edmond Rostand, poète et auteur dramatique Français, est né à Marseille le 1er avril 1868, dans une vieille famille provençale bourgeoise et cultivée.

Passionné de littérature et en particulier de théâtre, il accomplit ses études secondaires au lycée de Marseille (1878) puis au collège Stanislas à Paris (1884). Il entame ensuite des études de Droit, obtient une licence, mais se consacre parallèlement à l'écriture qui devient bientôt sa seule activité.

Un premier essai, intitulé «Deux romanciers provençaux, Honoré d'Urfé et Emile Zola», obtient le premier prix du concours de l'Académie de Marseille. Mais sa première pièce - une comédie intitulée «Le gant rouge», écrite en collaboration avec Henri Lee, frère de sa future épouse, et donnée en août 1888 au théâre de Cluny - est un échec total.

En 1890, il épouse la poétesse Rosemonde Gérard qui lui sacrifiera sa propre carrière en collaborant activement à la sienne. Ils auront deux fils, Maurice, né en 1891, et Jean, né en 1894.

Cette même année, il publie un recueil de poèmes, «Les musardises», lequel, s'il demeure confidentiel en terme de diffusion, reçoit un accueil critique élogieux.

Une pièce en un acte «Les deux Pierrots» est refusée par la Comédie Française en 1892, mais cette institution accepte, en 1894, «Les romanesques», une comédie jouée avec un certain succès public et critique. Sarah Bernhardt – la plus grande actrice de son temps, qui a aimé la pièce et est devenue l'amante de Rostand - accepte, en 1895, de monter et de jouer dans son Théâtre de la Renaissance, un drame 'médiéval', «La princesse lointaine». La pièce est mal accueillie par le public et la critique, mais le thème de l'amour 'par personne interposée' qui y est développé constituera le principal ressort de l'histoire de «Cyrano de Bergerac»...

En 1897, «La Samaritaine», un drame d'inspiration religieuse, également joué par Sarah Bernhardt, est un assez beau succès.

La même année, fin décembre, est créée au Théâtre de la Porte Saint-Martin, «Cyrano de Bergerac», une comédie en cinq actes et en vers écrite pour l'acteur Constant Coquelin, présenté à Edmond Rostand par Sarah Bernhardt et qui a aidé à monter le spectacle. C'est un des plus grands succès de l'histoire du théâtre, assurant une célébrité immédiate à son auteur dont c'est l'œuvre maîtresse.

La pièce est écrite à un moment très troublé de la vie politique. La France est toujours sous le coup de la défaite de 1870, le Président Sadi Carnot vient d'être assassiné, de nombreux scandales touchent les hommes politiques et l'affaire Dreyfus débute. A cet égard, Edmond Rostand est un 'dreyfusard'. L'actualité théâtrale favorise les pièces de boulevard et les vaudevilles (Courteline, Feydeau). Le naturalisme et le réalisme sont à l'honneur avec la parution de pièces étrangères (Strindberg, Ibsen).

Drame historique (situé au début du XVIIème siècle sous le règne de Louis XIII) Cyrano de Bergerac se présente au public comme une bouffée de romantisme et fait dire à Sarcey dans «Le Temps» du 3 janvier 1898, «Nous allons enfin pouvoir être débarrassés et des brouillards scandinaves et des études psychologiques trop minutieuses et des brutalités du drame réaliste».

Le personnage de Cyrano est inspiré, de manière assez lointaine, par Savinien de Cyrano de Bergerac, essayiste et philosophe Français (1619-1655), libre penseur et auteur de comédies - notamment «Le pédant joué» (1645) dont s'inspirera Molière pour «Les fourberies de Scapin» - et d'une tragédie. La difformité du personnage principal (son nez 'énorme') lui est inspirée d'une part, par l'œuvre de Théophile Gautier «Les grotesques» qui, fasciné par la grosseur du nez de Cyrano observée sur un tableau, contribuera à créer cette légende, et d'autre part, par un maître d'étude de Rostand surnommé «Pif luisant».

La pièce est difficile à jouer : elle fait intervenir un grand nombre de personnages; elle est longue (plus de 2.500 vers), et le rôle titre est particulièrement imposant (plus de 1.600 vers); les décors sont très différents d'un acte à l'autre, et elle comporte une scène de bataille. Le succès de la pièce était si peu assuré qu'Edmond Rostand lui-même, redoutant un échec, se confondit préventivement en excuses auprès de l'acteur Coquelin le jour de la première, pour l'avoir «entraîné dans une pareille aventure». La suite des évènements démentit le jugement à priori de l'auteur : ce fut un triomphe sans pareil ; non seulement les applaudissements furent copieux – vingt minutes ininterrompues –, mais un ministre vint dans la loge épingler sa propre Légion d'Honneur sur la poitrine de l'auteur en expliquant : «Je me permets de prendre un peu d'avance». Edmond Rostand la reçut en effet peu après.

La critique se déchaine, soit pour l'encenser (Sarcey, Faguet, ...), soit pour l'éreinter (Ferdinand Hérold, Doumic, Léon Daudet, André Gide, ...). Mais le public est au rendez-vous. La pièce sera jouée quatre cent fois de décembre 1897 à mars 1899. Elle atteindra la millième en 1913. Elle sera reprise à la Comédie Française dès 1938.

C'est la gloire pour Edmond Rostand qui est élu, en 1898, à l'Académie des Sciences Morales et Politiques.

En 1899, il se rend à Vienne, en compagnie de Sarah Bernhardt, afin de s'imprégner de l'atmosphère du château de Schönbrunn où se déroule l'action de sa nouvelle pièce dont le personnage principal est le mélancolique duc de Reichstadt, fils de Napoléon 1er.

«L'Aiglon», du surnom historique donné à ce personnage, drame en six actes et en vers dont Sarah Bernhardt joue le rôle principal, obtient en 1900 un large succès public mais la critique est partagée.

En 1901, Edmond Rostand est élu à l'Académie Française. Il avait hésité à y poser sa candidature de peur d'avoir à renier ses convictions dreyfusardes. Avec l'appui d'influents amis, il n'eût pas à revenir sur ses positions. Toutefois, malade, il ne put y être reçu que deux ans plus tard.

En 1902, s'il compose deux grands poêmes : «Un soir à Hernani» et «La journée d'une Précieuse», il est atteint de dépression nerveuse et quitte Paris pour sa maison du pays Basque.

En juin 1903, Edmond Rostand s'asseoit au fauteuil n° 31 de l'Académie Française, et prononce à cette occasion, comme c'est la tradition, l'éloge de son prédécesseur, Henri de Bornier. Ce discours de réception contient la définition qu'il donne du «panache», le maître mot de «Cyrano de Bergerac» ...

Il diffère alors sans cesse la création de sa nouvelle pièce «Chantecler». Celle-ci – dont le rôle principal était dévolu à Constant Coquelin hélas décédé brutalement en 1909 - est finalement donnée en 1910 avec Lucien Guitry (père de Sacha Guitry) dans le rôle principal. C'est un échec (à peine trois cents représentations contre des milliers pour «Cyrano de Bergerac» et «L'Aiglon», et une critique médiocre) qui affecte très fortement l'auteur.

Edmond Rostand écrit encore quelques recueils de poèmes et s'implique activement, dès 1914, dans le soutien aux soldats Français. Il meurt le 2 décembre 1918, quelques jours après l'armistice, de l'épidémie de grippe espagnole ravageant alors l'Europe, désespéré de n'avoir jamais réussi à rééditer le succès de «Cyrano de Bergerac» qui, en définitive, a couronné, mais aussi écrasé sa carrière.

Il laisse un drame posthume «La dernière nuit de Don Juan» qui sera donné en 1921.

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N.B. Edmond Rostand est le père de Jean Rostand (1894-1977), célèbre biologiste, historien des sciences et écrivain Français, connu pour ses travaux sur la parthénogénèse et la tératogénèse. Auteur de très nombreux ouvrages couronnés de multiples prix, il a été élu à l'Académie Française en 1959.

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Bibliographie

• Deux romanciers de Provence, Honoré d'Urfé, Emile Zola; le roman sentimental et le roman naturaliste – 1887 – Essai – Imprimerie du «Journal de Marseille» (1888).

• Le gant rouge (en collaboration avec Henri Lee) – 1888 – Vaudeville en quatre actes et en prose – Créé en août 1888 au Théâtre de Cluny - Inédit jusqu'en