« Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un obstacle ou un moyen ? »
Commentaire d'oeuvre : « Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un obstacle ou un moyen ? ». Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Amanda70 • 22 Mai 2019 • Commentaire d'oeuvre • 1 634 Mots (7 Pages) • 811 Vues
Philosophie
Sujet
« Autrui peut-il être autre chose pour moi qu'un obstacle ou un moyen ? »
Le sujet nous amène à penser qu'autrui est par définition soit un moyen, soit un obstacle. Par ailleurs, il faudrait se demander pourquoi est-ce que nous pouvons être amenés à dire ça. Nous vivons dans un monde où l'égocentrisme est plus ou moins développé chez chaque être humain et dans lequel d'individualisme règne. Il est rare de voir un être humain laisser sa propre personne de côté afin de faire passer avant lui un autre individu. De plus, nous vivons dans une société où le premier est le meilleur. Celui qui est arrivé premier à son concours d'équitation est le plus fort, celui qui fait ses études et qui a été le premier de sa promotion est mieux que les autres, celui des deux amis qui gagne le meilleure salaire est le plus aisée socialement parlant. C'est finalement comme si l'humain était perpétuellement en compétition avec les autres. Cet individualisme présent au cœur de notre existence nous amènerait-il à l'impossibilité de percevoir autrui autrement qu'une gêne ou un atout pour nous ? Nous allons donc nous demander si autrui peut-être autre chose pour moi qu'un obstacle ou un moyen. Si en effet, il peut avoir d'autres fonctions, nous seront donc amenés à nous demander quelles autres fonctions autrui peut-il occuper, toujours en lien avec notre propre personne. Nous verrons tout d'abord que l'on peut définir autrui à la fois comme modèle et comme rival pour ensuite se focaliser sur le fait qu'autrui est une sorte de médiateur entre moi et moi-même. Nous verrons ensuite qu'il est possible de penser avec autrui, voir nécessaire, et terminerons par parler brièvement de l'expérience morale d'autrui.
La personnalité de l'individu se construit petit à petit par rapport aux autres car dés lors que l'individu est enfant, il va s'identifier à autrui. Lacan, qui est un psychiatre et psychanalyste du XXème siècle, va insister sur un moment important dans la formation de la personnalité. Ce moment est le stade du miroir qui va désigne en fait le moment où l'enfant se reconnaît dans un miroir (à l'âge de 10mois). Il va alors s'approprier cette image inversée et également s'y identifier. Après le stade du miroir, l'enfant va se concentrer sur un certain nombre de modèles afin de structurer sa propre personnalité. Ce modèle va être l'objet d'amour, d'admiration mais aussi de haine, de rivalité. Cela montre alors qu'il est impossible pour un individu de personnaliser sa personnalité sans passer par autrui. ( chose que l'on approfondira dans la deuxième partie) Autrui est alors considéré comme étant notre semblable. En effet, lorsqu'on s'identifie à autrui ou que l'on se compare, on se donne une certaine image de l'autre afin que cette comparaison soit faisable. Autrement dit, l'individu va nier ce qui est différent entre lui et l'autre. Nous pouvons donc dire que cette identification à autrui est une véritable source de rivalité. En s'identifiant à l'autre, en le considérant comme semblable, nous allons désirer ce qu'il désire. Ainsi à partir du moment où deux individus éprouvent les mêmes désirs, ils peuvent êtres considérés comme semblables mais aussi comme rivaux. Cette rivalité peut parfois même se transformer en violence. Les individus sont alors la cause du fait que la violence fait partie des relations entre les individus. Il est également vrai que le désir est très souvent provoqué par l'autre « le désir, c'est le désir de l'autre » dit Lacan. Cela amène donc à croire que l'être possède des choses qui provoque le désir. Effectivement, c'est essentiellement car un autre désire quelque chose que cette chose va devenir désirable pour nous. L'autre désire une telle ou telle chose qui va faire que l'on va la désirer à notre tour. Pourquoi ? Sans doute car dans cela, il y a une certaine recherche de la reconnaissance des autres. On réalise ce que les autres ne peuvent pas réaliser mais ce que l'on désire réellement en faisant ça, c'est l'admiration de l'autre. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le fait de considérer l'autre comme semblable n'est pas forcément bénéfique et les rapports humains ne sont pas forcément harmonieux.
Dire qu'autrui est un médiateur entre moi et moi-même, c'est affirmer qu'autrui est un autre moi-même. Il va être pour nous un médiateur dans le sens où il va permettre de nous découvrir nous-mêmes à travers lui. L'autre est donc indispensable afin d'apprendre à connaître nos sentiments, nos pensées, qui, en l'absence d'autrui, ne peuvent-êtres révélés. Autrement dit, c'est comme ça que l'on peut comparer l'autre à un révélateur de notre propre personne, à un révélateur qui nous oblige à connaître la maladresse d'un de nos comportements par exemple, et donc à porter un jugements sur nous-mêmes. Lors d'un dialogue, nos opinions peuvent êtres confrontés avec celles de l'autre, qui peuvent tout aussi bien déboucher sur une prise de conscience, sur une remise en question de soi. La possible distance entre nos pensées et celles des autres produit en nous un certain doute qui va amener au besoin de prouver que ce que l'on pense est juste. Si nous devions donner un exemple, un psychologue est un médiateur dans le sens où il permet la réconciliation de soi. Par exemple, il peut nous dévoiler une partie de nous-mêmes que l'on ne connaissait pas, que l'on ignorait. Autrui peut aussi jouer le rôle du médiateur dans le sens où il peut aider afin de s'accomplir soi-même. Comme nous l'avons dit précédemment l'enfant à besoin de modèles sur lesquels il va former sa personnalité. Dans certaines situations, telles que de lourdes décéptions, de grandes tristesses, l'autre peut être un soutien qui va permettre de surmonter les difficultés que nous rencontrons.
Dans sa pièce Huis clos , Sartre décrit trois personnages en enfer après leur mort. Là-bas, il n'y a ni feu, ni instruments de torture, mais ces personnages sont à jamais réunis dans une pièce sans miroir, eternellement exposé au regard de l'autre et enfermé dans ce regard malgré les justifications que le personnages tente de donner à propos de son passé. Sartre va alors dire que « l'enfer, c'est les autres » . Par ailleurs, cette citation n'est pas péjorative car elle signifie que l'autre est une méditation entre moi et moi-même. C'est même pour cette raison que le regard des autres peut être un enfer pour certains individus. En effet, si la conscience que j'ai de moi-même pouvait se passer de la reconnaissance d'autrui, le regard des autres ne serait pas si pesant.
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