Frontières couture frontières coupure

Dans ce nouveau contexte de mondialisation, les frontières sont plus que jamais dématérialisées, elles ne sont plus seulement des lignes de démarcation mais aussi des enjeux culturels et sociétaux.

Dans cette nouvelle façon d’appréhender le monde, les analyses géographiques des frontières doivent s’élargir à une vision de ses aspects politiques, sociologiques et économiques. C’est dans cette optique que Michel Foucher parle de « Frontières coupures, Frontières coutures » en 2020.

La frontière est définit comme « une ligne séparant des territoires sur lesquels deux états exercent la plénitude de leur souveraineté et de leur puissance » selon le droit international. Cette ligne est une création purement politique, humaine et artificielle. Bien qu’il est classique d’opposer frontières « naturelles » et artificielles, en réalité, il n’y a que des frontières fictives. En cela, le terme « couture » peut faire référence à la main mise de l’homme sur ces démarcations, qui sont donc manufacturées. Il semble y avoir un lien entre frontière-couture et frontière ouverte car la frontière couture produit un espace dynamique et un lieu ou les échanges sont favorisés. Là ou la frontière-coupure sépare deux espaces frontaliers distincts et évoque une idée de fermeture, de frontière plus ou moins perméable avec des mailles plus ou moins resserrées. L’idée de « coupure » peut aussi évoquer une coupure avec le passé : la frontière moderne est linéaire alors que dans le passé dominait l’idée de route à protéger. Cette coupure apparaît aussi comme politique ou encore culturelle et sépare les deux espaces en favorisant des conflits.

En quoi la mondialisation a-t-elle changé la perception des frontières ?

Nous verrons dans un premier temps qu’il semble difficile d’en découdre avec les frontières coupures, puis nous étudierons les acteurs de ces frontières, qui entrent dans une vision globalisée du monde.

En effet, les frontières semblent être des entités très difficile à découdre, car une fois tracées, les frontières produisent des effets qui dépendent de leurs conditions de formations, qu’elles soient imposées ou négociées, reconnues ou contestées. Les conséquences sont de part et d’autre de la ligne tracée. La combinaison de toutes ces fonctions peut varier entre la libre circulation ouverte à l’intérieur (comme l’Espace Schengen au sein de l’Europe) et une fermeture totale (comme la péninsule coréenne).

Mais même dans le cas d’ouverture, il peut subsister une frontière symbolique après un long moment de fermeture comme après la chute du mur de Berlin. Produit de la guerre froide, il est symbole du partage du monde en deux blocs depuis sa construction.

On remarque que les frontières ont des effets durables qu’il est difficile de découdre.

Cette volonté de fermeture qui se caractérise par des murs ne se retrouve pas qu’en Allemagne. On retrouve une volonté de coupure avec l’autre par des murs qui se veulent infranchissables et qui sont généralement mis en place pour limiter l'immigration ou l'émigration illégale. En Amérique, celui de la frontière mexicaine ou encore en Europe, où l’on referme et renforce aussi les frontières, le futur mur de Calais, dont les fondations ont été creusées. Mais là ou le mur de berlin visait à retenir les gens sur le territoire, maintenant les murs servent à limiter les entrées. Ces nouveaux murs illustrent aussi un besoin croissant de sécurité, réel ou du moins ressenti.

Ces frontières-coupures engendrent des conflits de territoires partout en Europe comme le cas de Gibraltar revendiqué par l’Espagne.

A la différence de l’Europe, en Afrique, au contraire, il y a peu de conflits frontaliers car il y a le principe d’intangibilité des frontières. Les frontières sont coutures et favorisent les échanges. Comme à la frontière Bénin/Togo ou en Afrique de l’Ouest de manière plus générale où il y a beaucoup de marchés transfrontaliers.

Mais ces découpages qui se font souvent par des murs se font par différents acteurs. Le découpage des macrorégions par exemple tend de plus en plus à être fait par de grands acteurs qui laissent peu de choix aux échelons inférieurs. Cette externalisation du pouvoir de découper, s'il ne se fait pas au détriment des puissantes métropoles, ne laisse pas d'autre alternative aux villes moyennes que de choisir en quelque sorte leur camp. Les alliances se font et se défont, les territoires se cousent et se décousent.

Depuis la diffusion mondiale du capitalisme libéral, le but de l’OMC (organisation mondiale du commerce qui fait suite au GATT rattachée à l’ONU) est de baisser les tarifs douaniers pour favoriser le libre-échange.

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