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Jean Giraudoux - Electre (Acte Ii, Scène 8)

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et de Clytemnestre, elle hait sa mère qui a tué son père avec l'aide de son amant Egisthe, qui est désormais régent du trône. Elle attend la venue d'Oreste pour se venger,bien qu'au debut,elle ignore qui a tué son père.

• Oreste. Frère d'Electre, il a été exilé très jeune et revient vers sa famille en se montrant comme un simple étranger.

• Clytemnestre. Mère d'Electre et d'Oreste, veuve d'Agammemnon et amante d'Egisthe, reine d'Argos.

• Egisthe. Régent, il détient le pouvoir dans la cité d'Argos. La pièce commence sur les conséquences d'une de ses idées: marier Electre au jardinier, et ainsi détourner les Dieux de leurs vues sur la lignée des Atrides.

• Le président. Deuxième président du tribunal, il se soucie de sa tranquillité et s'oppose à Egisthe.

• Agathe. Femme du président, elle est jeune et jolie, et trompe son mari.

• Le jardinier. Futur époux d'Electre, il s'occupe du jardin de palais. Il appartient à la même famille que le président.

• Les Euménides. Petites filles au début de la pièce, elles grandissent de plusieurs années en quelques heures. Elles sont liées aux Dieux et à la justice.

• Le mendiant. Personnage énigmatique : « Jamais on n'a vu de mendiant aussi parfait comme mendiant, aussi le bruit court que cela doit être un Dieu ».

• la femme Narsès. Amie du mendiant.

• La scène se passe entièrement devant le mêe décor, réprésentant la façade du palais Agamemnon, symboliquement dicisée en deux parties très différentes, comme il sera dit dans le texte : la « façade qui pleure » et la « façade qui rit ».

• Des origines de l´histoire : Passage épique de l'Odyssée d'Homère, repris ensuite sous forme de tragédie aux débuts de celle-ci par Eschyle, Sophocle et Euripide au Ve siècle avant notre ère, l'Électre de Giraudoux apparaît ainsi comme la réécriture de la réécriture d'un mythe. Avec de nombreuses modifications anachroniques, notamment le rôle du couple bourgeois comme un mirage burlesque du couple tragique, Électre est une des nombreuses preuves de l'intemporalité de la tragédie. Écrite en 1937, il s'agirait en effet d'une « tragédie bourgeoise », selon Jean Giraudoux lui-même. L´Electre de J.G. se présente, du fait de la longue tradition antérieure sur le sujet, comme une variation sur un thème, comme un palmpseste (OEuvre dont l'état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures) ou un texte au second degré (genre de la variation – se marque dans la situation et les caractères).

Les modifications :

Dans son Electre, Giraudoux se fonde uniquement sur la légende, à laquelle il ajoute certains éléments.

Tout d'abord, il ajoute le mythe des Euménides. Ce sont les déesses de la vengeance, ironiquement appelées « les bienveillantes ». Elles poussent les humains à se venger des crimes commis par les générations précédentes. Ce mythe est mêlé à celui des Parques, les trois déesses de la vie et de la mort. Cette association explique le fait que les Euménides grandissent.

D'autre part, il ajoute un personnage symbolique, le mendiant. Dans les œuvres grecques, les humains laissaient toujours un couvert supplémentaire dans leur banquet pour pouvoir accueillir, au besoin, un mendiant. En effet, ils considéraient que ce mendiant pouvait être un espion des Dieux, et ils ne prenaient pas le risque de les contrarier.

Pour finir, il ajoute des personnages plus modernes : la famille Théocathoclès. Ils ont les mêmes conflits que la famille des Atrides, mais ils préfèrent s'arranger à l'amiable. C'est toute la différence entre l'épopée et le théâtre de boulevard.

• Résumé : Le mythe d'Electre se déroule dans la célèbre famille des Atrides. Pour comprendre le mythe d'Electre, il faut d'abord connaître la légende des Atrides. Atrée est le roi d'Argos. Son fils Agamemnon lui succède sur le trône à sa mort, et il épouse Clytemnestre (toute une histoire de la guerre de Troie). Agamemnon, Le Roi des Rois, a sacrifié sa fille Iphigénie aux dieux. Son épouse, Clytemnestre, aidée de son amant, Egisthe, l'assassine à son retour de la Guerre de Troie. Oreste, le fils est exilé. Reste Électre, la seconde fille : « Elle ne fait rien, ne dit rien. Mais elle est là » (+ la femme à l´histoire).

L´ histoire de cette pièce commence dans un moment où Egisthe veut marier Electre au jardinier du palais pour l´éloigner du alais et du pouvoir (afin de détourner sur "la famille des Théocathoclès tout ce qui risque de jeter quelque jour un lustre fâcheux sur la famille des Atrides"). Après la tragique mort d'Agamemnon, roi d'Argos assassiné à son retour de Troie, Électre, fille de celui-ci et de la reine Clytemnestre, cherche le coupable tout en ressentant une haine inexplicable pour sa mère. L'arrivée d'Oreste, son frère exilé depuis le mystérieux assassinat (Electre reconnait Oreste dans l´Etranger), et les confessions d'adultère faites par la femme du président du sénat, comprend qu´Egiste est l´amant de sa mère, et pousse alors la vengeance jusqu´au bout, malgré le danger qu´elle fait courir à la cité (l´invasion des Corinthiens) et le coup de théâtre de la métamorphose d´Egiste en homme d´Etat.

• La quête de la vérité

C'est le thème principal de la pièce. Électre vient du grec Elektra qui signifie « la lumineuse ». En fait, Électre est là pour faire la lumière sur les événements, faire éclater la vérité. Grâce à sa présence, de nombreux personnages vont se révéler et faire éclater « leur » vérité, comme par exemple la petite Agathe dans l'acte II, 6. De plus, Électre et Égisthe se déclareront au fil de la pièce.

Le personnage du mendiant (à la fois dieu, mendiant et metteur en scène) contribue à rétablir la vérité. C'est lui qui explique comment se déroule l'histoire« l'histoire du poussé ou pas poussé », qui raconte le meurtre d'Agamemnon mais aussi celui d'Égisthe et de Clytemnestre.

La dernière scène montre bien qu'Électre, en rétablissant la vérité, s'est maudite et dépossédée, décimant la ville. L'éclat de cette vérité était trop violent. La dernière réplique « Cela a un très beau nom, Femme Narsès, cela s'appelle l'aurore » termine la pièce sur une ambiguïté délicieuse.

• SITUATION : Extrait de l’Acte II, scène 8. Cette scène organise une confrontation entre Egisthe (toujours régent de ses fonctions) et Electre. On se trouve au moment de l´invasion des Corinthiens et de la transformation du débauché Egisthe en roi – un moment assez important où un tyran, un régent plus soucieux de la richesse d´Argos que de ses intérêts personels devient un homme nouveau qui se sent pur, fort, parfait, patriote, pret à se sacrifier corps et âme pour Argos, courageux, franc, indépendant, généreux. Il ne lui manque plus qu'une seule chose, celle que seule Électre peut lui donner ; le sens du devoir. Elle est la vérité qui se propage maintenant, elle est aussi celle qu´Egiste s´aperçoit aimer. A cause, surtout, d´une rvelation : l´urgence de la situation l´a désigné comme le sauveur de la cité, et Egiste assume, en offrant sa vie. Il se livre à Electre en promettant le châtiment des coupables. Egisthe a cessé d´être « le jouisseur, le parasite, le fourbe » pour devenir « pur, fort, parfait », un héros. Les Dieux ont décidé de la métamorphose d'Égisthe et lui dictent désormais son comportement. On retrouve ici la notion de monarchie de droit divin.

LECTURE DE L´EXTRAIT

• Électre fait comprendre à Égisthe et à Clytemnestre qu'il s'agit là de valeurs universelles telles que la liberté, la justice et bien sûr la fraternité. Pour Électre, Égisthe n'a toujours pas payé sa dette et la défense des valeurs matérielles ne saurait s'effacer devant les valeurs morales.

LECTURE METHODIQUE :

On abordera ce texte dans une lecture méthodique qui examinera successivement deux perspectives :

1°- opposition entre la raison et la passion

2°- opposition politique et morale.

I) Raison / Passion :

Le thème général est la révélation de la vérité. Celui d’Electre est : « Il n’est pas de pardon » (ligne 15) ; et le thème d’Egisthe est : « Il est des vérités qui peuvent tuer un peuple » (ligne 26).

Electre utilise toutes les connotations de la lumière, un champ lexical complexe :

« belle lueur », « yeux intrépides », « regard étincelant », « phosphore », « beau», « énormes prunelles », « des regards de peuple mort qui pour toujours étincellent. »

La lumière exprime la vérité, la pureté, la clarté, l’éclat. A l’opposé, l’absence de lumière : « cave aveugle », « yeux morts »: montre l’ignorance de la vérité.

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