La Bruyère, Les Caractères, Extrait 126 : Les Paysans
Note de Recherches : La Bruyère, Les Caractères, Extrait 126 : Les Paysans. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirestion externe. On observe que l’auteur se tient comme à distance de son sujet créant par là une dimension universelle propice à son dessein argumentatif.
2) Un portrait dépréciatif
L’auteur n’embellit pas son sujet, au contraire traité sur un mode assez réaliste de la présentation négative du milieu social présenté.
a) Le plan physique
Il s’agit ici d’un portrait dont deux aspects sont retenus : le teint (« noirs » ligne 2) et l’intonation de voix (« comme une voix articulée » ligne 5). On peut relever des connotations de saleté, de négligence, de laideur. Ainsi l’expression « noire » encore explicitée par « brûlée » renvoie à une vie à l’extérieur exposée aux intempéries et donc aux activités manuelles agricoles. « Livides » pourrait sembler contradictoire mais caractérise la pâleur de la maladie, la faim, la mauvaise santé. Les paysans sont caractérisés dans leur classe sociale par leur teint qui les oppose à la bonne société. L’auteur parle de voix articulée les faisant appartenir à l’espèce humaine mais l’adverbe « comme » jette un doute sur ce fait. Les paysans se caractérisent donc par leur bizarrerie, leur divergence par rapport aux critères physiques appréciés par la bonne société.
b) Le mode de vie
Le traitement est péjoratif, l’assimilation du paysan à l’animal ôtant au paysan le statut humain. L’adjectif « farouche » accentue encore cette comparaison et souligne la sauvagerie et l’absence de contact social. Cette métaphore est filée jusqu’à la fin pour le genre (mâle/femelle), la posture physique, l’habitat et l’alimentation. Seul le pain noir renvoie à l’activité humaine. En filant cette métaphore et en la développant dans tous ses aspects, l’auteur met en évidence la pauvreté, la misère et l’abandon subi par les paysans.
Conclusion de partie : L’auteur consacre son texte à une classe sociale apparaissant peu dans la littérature de l’époque.
3) Un auteur malgré tout engagé
a)Un panorama rapide de la condition paysanne
L’évocation du jour ne traite que l’occupation professionnelle qui est une activité manuelle. Le paysan n’est vu que fugacement dans une activité autre que laborieuse : « quand ils se mettent debout » ligne 5. Leur existence est pauvre et leurs conditions de vie précaires. Le portrait est aussi élaboré en creux par l’implicite et le non-dit, aucune connotation de plaisir, de repos, de jouissance : la vie paysanne est représentée par le terme du travail.
b) L’expression d’une gratitude
Elle se construit par la reconnaissance de qualités : la persévérance, l’opiniâtreté, la fidélité, l’invincibilité ; l’auteur laisse ainsi apparaître leurs qualités en dessous des apparences négatives. L’auteur réhabilite le monde paysan en soulignant son mérite. Le paysan est remis à sa place de « base » dans la société, dans son rôle de nourricier effectuant un travail pénible pour autrui. Le bénéfice pour autrui est bien plus important puisqu’alors la bonne société apparait en situation de dépendance aux paysans. Le texte est structuré de manière à changer le regard porté sur le monde paysan. L’auteur souligne fortement le statut humain comme pour mieux mettre en évidence l’injustice du regard porté sur eux. L’auteur guide donc le lecteur par une série de constats jusqu’à l’élaboration d’une conclusion : le paysan est méprisé sur un plan social mais utile et nécessaire à une société qui vit de lui. L’acte de gratitude envers les paysans qu’il souhaite réhabiliter auprès des lecteurs par l’évocation de leur pleine appartenance au monde social.
Conclusion :
Le thème d’étude surprend et est original, en l’abordant l’auteur réagit à la fois en homme du 18ème siècle mais aussi en sociologue se penchant sur tous les aspects de société et en moraliste attentif aux injustices et à la douleur humaine. Les caractéristiques d’écriture sont typiques à un texte classique, la forme brève du portrait pour amener
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