Le Pouvoir De l'Allaince
Mémoires Gratuits : Le Pouvoir De l'Allaince. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresconde pour parcourir les cent cinquante-trois systèmes auxquels elle avait accès. Tout paraissait normal. Il ne s’agissait jamais que d’une mission ordinaire, comme Jake et son équipe des Forces spéciales en avaient effectué des dizaines. Bien entendu, rien de ce qu’ils accomplissaient dans le cadre de leur travail n’était vraiment de la routine, mais cette opération s’en rapprochait autant qu’il était possible : s’infiltrer, détruire, sortir. Du gâteau. Elle repéra la position de Jake, en conclut que son équipe n’avait pas encore placé les déstabilisateurs, et soupira. 4
Plaquant la main sur son genou, elle tenta de calmer le mouvement de son pied. Elle devait à tout prix se détendre. À cette phase de sa mission, l’équipe demeurait parfaitement dans les temps. Plus facile à dire qu’à faire. Elle était pressée que tout cela soit terminé, que les hommes soient tirés d’affaire, afin de pouvoir consacrer toute son attention à ce qu’elle avait découvert le matin même. Elle ne disposait pas de beaucoup de temps et il lui restait d’innombrables choses à faire pour mettre son plan en branle. Il allait falloir jouer serré. Pas question de laisser passer cette occasion de glaner quelques renseignements sur la disparition de ses parents. Que diraient-ils s’ils voyaient cet endroit ? se demanda-t-elle en s’efforçant de considérer les lieux d’un regard neuf. Ils seraient sans doute étonnés qu’elle n’ait strictement rien fait pour les personnaliser au-delà de l’hologramme familial. Elle s’y arrêta et le contempla, le cœur lourd. Son père était si fort, si séduisant, avec son catogan blond cendré et, pour une fois, une tenue plus habillée que ses habituels T-shirts miteux. Le sourire radieux de sa mère illuminait positivement la photo. Elle était tellement belle que les hommes se retournaient sur son passage, hommages auxquels elle répondait en levant les yeux au ciel. Ses cheveux bruns lui frôlaient les épaules, et bien qu’elle soit eurasienne, son héritage européen était bien peu visible. Et puis venait Kali, leur vilain petit canard, qui détonnait quelque peu entre ces deux êtres magnifiques. Ne ressemblant ni à l’un ni à l’autre, elle se demandait parfois s’il n’y avait pas eu substitution de bébés à la naissance. Toutefois, ses parents ne s’étaient jamais souciés de sa gaucherie. Cela ne se voyait pas sur l’hologramme, mais, ils avaient tous deux la main qui reposait contre son dos comme pour l’assurer de leur amour inconditionnel et de leur soutien. Dommage qu’à l’époque elle ait été trop jeune et trop gâtée pour s’en rendre compte. Un clignotement attira son attention, la tirant de ses rêveries. Elle laissa échapper un soupir. Ce n’était pas le moment de se laisser distraire. 5
Jake lui faciliterait les choses s’il n’empêchait pas toute connexion entre eux. Elle comprenait ses raisons. Rien de plus risqué que de placer ces déstabilisateurs, et il aurait du mal à se concentrer s’il gardait son implant relié au sien. Malheureusement, impossible d’empêcher leurs esprits de vagabonder sans couper la liaison. Quand elle s’aperçut que ses yeux glissaient de nouveau sur l’hologramme familial, elle s’en détourna de manière à ne plus le voir. Conçu pour qu’elle garde une posture ergonomique, son siège suivit le mouvement. Parfois, elle trouvait cela plus agaçant qu’autre chose ; de nouveau, elle martela son genou en soupirant. Elle avait l’impression qu’un temps fou venait de s’écouler, ce qu’un coup d’œil à la pendule démentit aussitôt. — Allez, allez ! marmonna-t-elle. Elle lança une autre recherche – histoire de s’occuper. Soudain, sa jambe s’immobilisa, et elle rapprocha son siège de la console. Ça ne se pouvait pas ! Impossible. Nom d’un chien, d’où venaient-ils donc ? Des exterminateurs. Aussitôt, elle consulta ses aéro-moniteurs. Elle n’aimait pas s’en servir parce qu’ils lui fichaient mal au crâne, seulement, là, elle avait besoin de tous ses instruments. Les trois flux de données s’affichaient à trente centimètres au-dessus de sa tête. Elle lança une inspection plus approfondie afin de vérifier qu’elle ne s’était pas trompée. Non, pas d’erreur ! Apparemment, cette mission s’annonçait moins banale que prévu. — Jake ! Pas de réponse. Elle essaya de nouveau, avec un peu plus de conviction. Bon sang ! Parfois, elle parvenait à franchir le barrage, mais pas toujours. Grâce à la synchronisation de leurs nano sondes, Kali possédait des dizaines de moyens de le suivre à la trace, quand bien même personne d’autre n’en était capable. En revanche, elle ne pouvait pas repérer le reste de l’équipe. Elle espéra qu’ils ne se trouvaient pas trop loin, car ils allaient devoir réagir vite ! Rapidement, elle entreprit de chercher des itinéraires de fuite. Cela ne manquait pas, mais elle sélectionna les trois meilleurs, 6
puis se prépara à diffuser l’information dès que Jake réactiverait la connexion. — Allez ! répéta-t-elle. Néanmoins, son humeur avait changé. Depuis cinq ans qu’on leur avait greffé ces implants neuraux, elle discutait régulièrement avec Jake, même en dehors des missions. Ils étaient devenus amis. Sauf qu’il ignorait qu’elle était un être humain. Les exterminateurs se rapprochaient ; une dizaine d’hommes qui se déplaçaient en formant une tenaille. Si Jake ne reprenait pas le contact d’urgence, son équipe serait encerclée. Et personne, surtout pas les Forces spéciales, ne tenait à affronter des exterminateurs. Pour se rafraîchir la mémoire, elle ouvrit un système d’information. La cuirasse cybernétique était une invention de l’armée de l’UCT, l’Union des Colonies de la Terre, dont les expérimentations avaient été abandonnées une vingtaine d’années auparavant. Non seulement cet équipement coûtait une fortune, mais il provoquait des dommages irrémédiables sur ceux qui le portaient. Il fallait faire appel à la chirurgie pour le fixer, et l’ensemble pesait si lourd que, sans l’action des nanoordinateurs incorporés dans sa texture, il était impossible d’effectuer un pas. On avait donc fini par le classer au rang des gadgets contre nature de l’UCT. Ce qui n’avait pas empêché certains de l’utiliser. Une dizaine d’années plus tôt, certains mercenaires avaient commencé à y avoir recours. Les exterminateurs. Ils en tiraient un avantage énorme. Ceux qui étaient munis de cette cuirasse étaient en effet plus forts, plus rapides, plus invincibles que n’importe quel autre combattant. Il fallait en outre un profil particulier pour accepter de sacrifier ainsi son intégrité physique. Ceux qui faisaient un tel choix n’étaient pas du genre à reculer. Ils se voulaient indestructibles, quel que soit le prix à payer, et se révélaient méchamment dangereux. Ils se rapprochaient inéluctablement de Jake. Les lèvres serrées, Kali ajustait au fur et à mesure les itinéraires de fuite ;
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elle en avait vu d’autres. Encore que, pour elle, l’aventure soit toujours passée par l’intermédiaire de Jake. Lorsqu’elle sentit enfin un léger frémissement sous son crâne, elle avait retrouvé son calme. Alors que la situation n’avait fait qu’empirer. Jake ? La barrière tomba et la voie neurale se rouvrit. Les nano sondes aidaient leurs deux cerveaux à produire d’innombrables données en un temps record, si bien qu’il fut immédiatement au courant de la situation. Il connaissait dès lors le moyen d’échapper au piège. — Tu es sûre qu’ils sont dix ? — À quatre-vingt-dix pour cent. Mais ils pourraient être plus nombreux. Tu sais que s’ils sont agglutinés, je ne perçois qu’un signal. Jake lui indiqua l’itinéraire de fuite qu’il avait choisi, et elle entreprit d’évaluer les éventuels imprévus, au cas où. Ne jamais sous-estimer un exterminateur. Ce serait la première fois qu’elle aurait directement affaire à l’un d’eux, mais elle avait eu droit à de multiples simulations durant ses stages de formation. Elle fit passer au second plan tous les systèmes qui ne lui étaient pas immédiatement indispensables afin de mieux se concentrer sur les données dont elle avait vraiment besoin. À présent que la communication était pleinement rétablie avec Jake, c’était comme si tous deux partageaient le même esprit. Il sut que les exterminateurs avançaient plus vite à la seconde où elle-même s’en aperçut. Ses hommes accélérèrent l’allure, reprenant de l’avance sur les mercenaires. Ce qui laissa Kali perplexe. Pourquoi ces derniers ne réagissaient-ils pas au quart de tour ? Ce n’étaient pas des robots insensibles, mais des hommes et des femmes à la puissance cybernétique. Même s’ils avaient été recrutés pour leur détermination plutôt que pour leurs capacités intellectuelles, à eux dix ils n’étaient pas complètement stupides. Elle relança une inspection approfondie de toutes les informations en sa possession, mais ne trouva pas de réponse à cette attitude. Fallait-il en conclure que ces gens ignoraient qu’ils avaient affaire à une équipe des Forces spéciales ? À 8
moins qu’ils n’aient simplement reçu l’ordre de tenir les intrus à distance d’un point précis. Ce qui paraissait le plus probable… et laissait alors supposer que leurs supérieurs ne savaient pas dans quel but l’équipe avait traversé la moitié du monde pour opérer cette incursion. Bien qu’elle eût le sentiment que quelque chose lui échappait, Kali commençait à croire que l’équipe allait s’en tirer. Du coup, elle entreprit de définir un circuit menant au point d’extraction. Le rendez-vous
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