Gargantua de Rabelais

A partir du XVIème siècle, de nombreux auteurs comme Rabelais (1483 -1494 – 1535) réitèrent le principe du philosophe latin Horace « placere et docere » (« plaire et instruire »). Cet auteur, aussi moine et médecin, se montre opposé à l’ignorance « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Pantagruel). Effectivement, la prise de Constantinople en 1453 permet la redécouverte des textes antiques. Rabelais constitue alors ces connaissances sur celles de l’Antiquité et place l’homme au centre de la réflexion, c’est un humaniste. En outre, ce-dernier, fonde ses œuvres sur un humour innovateur pour son époque. En effet, dans le roman éponyme Gargantua, publié en 1534 sous son anagramme Acofribas Nasier, il fixe les bases de sa conception du rire, dès l’adresse aux lecteurs, grâce à la célèbre maxime « Mieux vaut de rire que de larmes écrire : Parce que rire est le propre de l’Homme. » Cet homme de lettres propose ainsi une invitation en apparence joyeuse. Toutefois, il va plus loin dans le prologue en encourageant le lecteur à rechercher le sens caché du texte c’est-à-dire à « sucer la substantifique moelle ». Cet ouvrage aborde la vie du personnage éponyme Gargantua, de sa naissance, en passant par son éducation jusqu’à son intervention dans la guerre en mêlant comique et apprentissage. On peut alors se demander si le rire est le meilleur moyen afin d’acquérir un certain savoir. A priori, Rabelais semble penser que le rire facilite l’accès au savoir mais n’est-ce pas plutôt contradictoire d’associer le rire au sérieux du savoir. Ce roman possède donc un caractère ambivalent en tentant de distraire le lecteur ainsi que de le faire réfléchir plus sérieusement. Ainsi, certes le rire peut dépasser sa seule fonction comique mais le savoir ne peut-il pas s’acquérir d’une autre manière.

        Nous pouvons alors nous demander si le rire est le moyen le plus efficace d’accéder au savoir.

        Après avoir vu que le rire peut être un bon moyen d’accéder au savoir, nous verrons qu’il présente aussi des limites lors de l’apprentissage pour nous demander enfin si le meilleur moyen d’accéder au savoir n’est pas la liberté laissée à celui qui apprend.