Guillaume Apollinaire, La chanson du mal-aimé
Commentaire de texte : Guillaume Apollinaire, La chanson du mal-aimé. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar anoushe1409 • 17 Mars 2023 • Commentaire de texte • 1 700 Mots (7 Pages) • 418 Vues
FICHE DE REVISION BAC BLANC
La Chanson du Mal-Aimé
La Chanson du mal-aimé est un long poème lyrique de Guillaume Apollinaire, inspiré par l'échec de sa relation amoureuse avec Annie Playden. Ce poème est une pièce maîtresse du recueil Alcools. Ce poème évoque la tristesse et l'impuissance face à son amour impossible.
Introduction
La Chanson du mal aimé est un poème extrait du recueil Alcools publié par Guillaume Apollinaire en 1913. Ce recueil rassemble des poèmes écrits à des époques différentes, avec alternances irrégulières de poèmes longs/courts, des pessimistes à ceux où l'on croit percevoir une pointe d'optimisme.
Le titre du poème qui nous est présenté : « la chanson du mal aimé » frappe car bâti sur un néologisme (mal aimé/bien aimé) et explique l'idée directrice du poème : « chanson » évoque un genre lyrique, et le poème est placé d'emblée sous le signe du malheur : Apollinaire fait le récit en chanson de ses amours malheureux avec Annie Playden, rencontrée en Rhénanie, que l'auteur va aller rencontrer à 2 reprises à Londres pour tenter de la ramener avec lui, afin qu'elle n'embarque pas pour les Etats-Unis -> échec -> nouvelle déception amoureuse du poète.
I / Une errance consolatrice dans la ville moderne
1. Paris, ville de la consolation
- Comme souvent, le poème se présente comme une sorte de cycle : début et fin se font échos (en s’opposant ici, plutôt) : Londres ; demi-brume (automnale ?) Mer Rouge vs Paris, juin, Soleil.
Londres = ville de la perte et de la perdition ( voyou, regard, yeux de honte, mauvais garçon qu’on suit => égarement)
Paris = ville de la consolation, où le poète se retrouve et repart en quête (de poésie, à défaut d’amour … mais le Phénix … cf épigraphe)
Paris cité 3 fois : aux 3 1ère strophe : Paris de juin, Paris du dimanche, Paris nocturne.
« Sans avoir le cœur d’y mourir » (p 43 v 4) : juste avant, il était question de Louis II de Bavière (cf p 43 1ère strophe, juste avant) mort noyé (et suicidé) è allusion discrète à l’envie de « sauter du pont » (cf « Pont Mirabeau), mais l’attrait de la ville le retient (ou bien lui ôte toute envie, même celle de mourir ?...)
Même si la tristesse (v 3) est présente, l’envie semble reprendre progressivement le dessus, ou en tout cas, faire hésiter le poète entre 2 humeurs différentes (comme nous le verrons plus précisément dans la partie II consacrée au lyrisme). En retrouvant ce qu’il aime dans Paris (ses habitudes et la modernité), Apollinaire retrouve aussi son inspiration.
2- Paris, ville de la modernité
- strophe 1 : couleurs chaudes et lumineuses de Juin (feux de la Saint Jean) (cf « Zone », écrit + tard mais placé avant « La Chanson » : « Soleil cou coupé ».
- strophe 2 : orgues de Barbarie : instrument qui nous paraît traditionnel, mais en tout cas populaire et en vogue à l’époque, qu’on joue dans les « cours grises » (v 8) et qu’on écoute aux « balcons » (v 9)
- strophe 4 : cafés, chants tziganes, siphons (peut rappeler, là aussi, les lieux en vogue : Montmartre et Montparnasse, où se regroupe les artistes durant la Belle Epoque – et encore dans les années 20 d’après-guerre, qu’on appellera les Années Folles)
• évocation (en peu de mots) d’une atmosphère, d’une ambiance diurne (ennuyeuse) et nocturne chères à Apolinnaire.
( strophe 3 surtout) : tramways (transport moderne), « folie de machines » (è révolution industrielle et progrès) ; électricité è associée à du « gin / Flambant (enjambement + oxymore) : lumière et « feux verts » qui circule et anime la ville.
=> alcool(s) (eau de vie, eau de feu ; titre même du recueil), feu, lumière sont des thèmes importants (voire même récurrents) chez Apollinaire. Comme chez Baudelaire déjà, chez qui le vin était célébré (dans une section des Fleurs du Mal), car il enivre et inspire à la fois.
3- Paris, ville de l’inspiration retrouvée
- L’image générée par les tramways est sans doute la plus forte : le rails devienne une portée musicale (cf enjambement, là encore : « portées / De rails ») et les trains deviennent des notes qui s’animent follement, « musiquent » (néologisme) et projette une lumière colorée (verte : plus celle de l’absinthe que du gin, d’ailleurs … le gin étant transparent)
- métonymie (synecdoque, pour les intimes …) : les cafés sont gonflés (de monde, en fait, qui fume) de fumée (è peut rappeler la demi-brume londonienne)
- garçons (serveurs de café) vêtus d’un pagne => image exotique
- tziganes : nomades (un peu comme notre poète errant), chantres de la Bohème (appréciés, à l’époque) ; thème lui aussi récurrent dans le recueil => cf « Saltimbanques » (p 88) , « Crépuscule » (charlatan, tours, sorciers venus de Bohême, fées, enchanteurs, nain, arlequine et arlequin = troupe de saltimbanques, là aussi), « La Tzigane » (p 98) , « Les Cloches » (v 1 p 126)
• Les dernières strophes de « La Chanson » concentrent donc en elles des thèmes chers à la poésie d’Apollinaire.
=> La perte de l’Amour et de tout sens, la longue errance (menaçant de noyade) ont ramené le Poète à ses premières amours : après avoir erré dans les coours grises des tristes dimanches, il se retrouve dans ses chers cafés emplis de chants tziganes, et retrouve tout son lyrisme, d’une forme multiple et variée …
II / Sous le signe d’un lyrisme divers et multiplié
1- Une expérience personnelle
- Dès l’épigraphe, forte présence du « je » (v 1), référence à une date précise (1903) qui correspond à une étape importante de la vie d’Apollinaire (1ère déception amoureuse) et mention d’une mélodie (« je chantais »)
- Tout cela se retrouve encore à la fin : « mes doigts », « J’erre », « que j’ai tant aimée », « Moi qui sais » + interpellation répétée à la femme aimée « toi toi », comme s’il s’agissait de dire adieu, et d’évoquer le souvenir une dernière fois (cf Passé Composé = action accomplie ; l’amour est fini => on peut passer à autre chose (ou un autre) ) è
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