Commentaire linéaire du chapitre 11 de "Que sur toi se lamente le Tigre" (partie I)

Présentation du roman :

L'originalité du premier roman d'Émilienne Malfatto paru en 2020, Que sur toi se lamente le Tigre, se manifeste dès le titre. Le lecteur comprendra rapidement que le fleuve Tigre est le témoin de l'Irak d'hier et d'aujourd'hui, dans ce récit tragique scandé par les vers de Gilgamesh. Mais l'organisation de ce récit est elle-même particulièrement originale: les courts chapitres donnent chacun la parole à un personnage issu de la famille de la narratrice, par le biais d'une focalisation interne". Situation du passage: Avant le chapitre 11, la narratrice, dont on ne connaît pas le nom, le Tigre, et la tête Baneen, épouse d'Amir, le frère de la narratrice ont déjà pris la parole. Le chapitre 11 a pour titre «Amir », personnage dont on sait déjà qu'il exerce avec intransigeance une autorité paternelle sur la vue narratrice, en exigeant par exemple qu'elle porte, une fois devenue femme et comme le veut la tradition, l'abaya (chapitre 5). Amir a en outre déjà été décrit comme engagé dans la guerre et a la réputa- formule tion d'être « un homme trop violent, trop conservateur » (chapitre 6, 1.14). C'est donc à ce personnage,futur assassin de sa sœur, de prendre ici la parole. Problématisation: Pour autant, le personnage n'est pas réduit au seul statut de bourreau et les choses s'avèrent être plus complexes. Dans la tragédie en marche, lui-même est écrasé par ce qui le dépasse. Problématique (en privilégiant l'interrogative indirecte) : Dès lors, il sera intéressant d'étudier en quoi le portrait qu'Amir livre de lui-même est ambivalent.

Annonce du plan : Si les deux premiers paragraphes montrent le lien qui unit Amir à la mort en tant que futur assassin, le paragraphe suivant décrit ses souvenirs d'une guerre inhumaine. La fin du cha-

Pire serpere puisqu on peu se demander si Ami, a sa manière, n'est as usi une victime.

1)Amir et la mort paragraphes 1 et 2 (l.1-9):

Remarque globale sur le paragraphe : Dans le premier paragraphe de ce chapitre, Amir dresse son autoportrait dans une sorte de monologue théâtral. Il parle en effet à la première personne du singulier et est l'objet du discours. L'emploi du verbe « être » (= mot pris en mention), verbe d'état, qui se manifeste par l'anaphore de « je suis », marque bien sa volonté de se définir. Début de l'analyse linéaire: Amir se définit dès le début du chapitre comme un meurtrier -- il est « celui par qui la mort arrive » (l.1). Il rappelle auparavant qu'il est « l'homme de la famille, l'aîné » (1.1-2) depuis la mort de son père, il est « le frère qui a pris le rôle du père » (1.3-4). On note l'emploi du mot « rôle » qui signale que ce personnage aura bien un effet sur l'action. Ce « rôle » a quelque chose d'inéluctable, de radical puisque Amir incarne « l'autorité masculine- la seule qui ait jamais valu » (l.2-3). On voit en effet comment le décrochage