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Commentaire linéaire extrait de Regain - Giono

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Par   •  30 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  1 734 Mots (7 Pages)  •  3 449 Vues

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                                     Giono, Regain , ils sont partis par la route                               

Jean Giono est un écrivain français ( 1895 – 1970 ) , né et mort à Manosque , petit village de Provence .  Regain est le dernier volume de la Trilogie de Pan (après Colline et Un de Baumugnes  qui en sont les deux premiers opus) . Dans ses ouvrages, l’auteur magnifie toujours la Provence . Il utilise un registre lyrique pour exprimer  le rapport de l’homme à cette nature tantôt protectrice , tantôt destructrice . Avec Regain, il nous relate  la désertification d’un village imaginaire de Provence, Aubignagne, et de son dernier habitant. Il développe son écriture, toujours si poétique et mythologique, autour des thèmes de la mort et de la renaissance du village, dans une parfaite harmonie avec la terre. Ici, Panturle, le dernier habitant , a entamé une relation avec une étrangère au pays, Arsule . Nous sommes dans la dernière partie du roman. Tous deux  reviennent du marché voisin où ils ont vendu leurs semences . Ainsi , ils ont attiré de nouveaux habitants grâce à leur blé exceptionnel. Mais l’agitation du village les a « séparés », ils veulent se retrouver.

1er mouvement : Un couple fusionnel – l. 1 à 9

«Le groupe nominal « le vrai » , qui introduit cette partie , suivi du présentatif « c’est », insiste sur le besoin primordial du couple Panturle -Arsule, c’est-à dire s’isoler de l’agitation trépidante du marché du village .

L’auteur emploie les temps du discours ( présent -passé composé ) et non ceux du récit et tous les termes marquant que l’énoncé  est ancré . Ainsi les deux adverbes « là » et « ici » correspondent à deux réalités proches d’eux mais opposées :

  • « là », c’est dans leur hameau auquel ils sont en train de redonner vie – le lieu se réfère globalement à ces « grands champs vides » , complices de « leur silence » , et qui vivent lentement à côté d’eux » ( personnification de la terre avant qu’elle germe ). Dans ce cadre, tous deux sont « cimentés, chair contre chair ».
  • « ici » , c’est le monde du bruit , de la foule villageoise, donc l’antithèse de leur campagne bienfaitrice . Car l’effet est inverse : le bruit  « les a tranchés comme un couteau » ( comparaison ) , ils ont du faire des efforts , « se toucher du bras ou de la main »…

Leur complicité est montrée par un rythme ternaire : «  cimentés … à savoir d’avance …/ à connaître le mot avant …/ à connaître le mot quand … »

Puis le discours direct  est utilisé , simplement ( l. 7-8 ) . Un des personnages invite l’autre à rejoindre la  campagne  par un raccourci . Est-ce Panturle ou Arsule ? Ce n’est pas revendiqué par l’un ou l’ autre. Car ils se comprennent , ont les mêmes désirs, invités à « connaître le mot avant qu’il aît dépassé la bouche » -l.3-4

La ligne 9 révèle leur décision : ce sera la « route de Saint-Martin et le premier emploi d’un pronom démonstratif neutre , « ça fait raccourci » .

2ème mouvement : La nature complice – l. 10 à 17

Tout au long de leur chemin , la nature les accompagne, à renforts de comparaisons , de métaphores  de personnifications, d’anaphores .

Personnification : un grand peuplier qui s’est mis à leur parler – l. 10 –

Avec des verbes de mouvement pour des éléments du paysage : le ruisseau … qui les a accompagnés … en se frottant … /  le vent du soir qui les a rejoints et qui a fait un bout de chemin … les a laissés … est revenu … est reparti  .

Comparaison : le ruisseau … en sifflotant comme une couleuvre apprivoisée .

Anaphore : Puis , ça a été le ruisseau  … ; puis , il y a eu le vent du soir…  , puis les a laissés  … , puis il est revenu , puis il est reparti                                                                                     …    en se frottant , en sifflotant …  

L’emploi répété du pronom ça devient mystérieux . Que se cache-t-‘il derrière ce ça ?  Le mystère de la nature ?

De la même façon , Arsule marche en cadence, imitant même avec amusement le pas de Panturle ( l. 16 ).

3ème mouvement : La nuit bienveillante – l. 18 à 23

La nuit sur le plan temporel correspond bien à leur arrivée spatiale dans leur « chez soi ». Elle va se refermer sur eux et ils pourront s’y retrouver , enfin .  

Deux séries d’anaphores annoncent la venue de la nuit :

  • La formule « il est venu alors la nuit » ( deux reprises d’octosyllabes) , simple et neutre . Elle se relie à leur arrivée, introduite par le présentatif « c’était » , joliment formulée par « le moment où …ils allaient glisser dans le vallon … » . C’est comme si la nuit les attendait elle aussi pour faire son apparition .
  • Les relatives précisant la nuit : « celle qu’ils aiment, celle qui a des bras … , celle qui est toute brillante … , celle qui porte la lune . »

La nuit est aussi personnifiée : « vieille » l. 19, « qui a des bras tout humides » l. 20 ( + la comparaison « comme une laveuse » ).  

Enfin , une dernière personnification laisse transparaître une vision animiste , paysanne de la nature : « On entend respirer les herbes … »

La fusion entre les deux éléments du couple, le couple et la nature s’est réalisée . « Ils sont chez eux ».

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