Correction de dissertation sur Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire

CORRECTION DISSERTATION DST : TOUT PEINDRE

Baudelaire écrit dans l’un de ses articles : « Celui qui n’est pas capable de tout peindre […] tout ce qu’il y a de plus doux et tout ce qu’il y a de plus horrible […], celui-là n’est vraiment pas poète dans l’immense étendue du mot. » En quoi cette déclaration vous semble-t-elle correspondre à l’esthétique des Fleurs du mal ?

= Le poète selon Baudelaire est capable de tout peindre

1. Il doit tout peindre du monde car il se doit d’englober l’entièreté du réel

1. Chez Baudelaire, le réel se définit dans une série de tensions, une mise en scène de dualités, il n’est jamais unilatéral ou univoque

(figures majeures : l’antithèse / l’oxymore / le paradoxe)

• le réel est douceur et violence
• la beauté et la laideur
• le pérenne et le transitoire
• l’éternel et le contemporain, le végétal et l’architectural

1. Il crée la surprise en reprenant des motifs ou thèmes traditionnellement considérés comme beaux et en les réécrivant ou en reprenant des formes traditionnellement associées à des motifs positifs en les détournant

1. Sa lucidité s’exerce aussi sur l’humain, et particulièrement sur lui-même, en tant qu’homme comme en tant qu’artiste

1. Il peint l’humain dans son ambivalence, avec lucidité: grotesque ou sublime, soumis ou révolté, en quête d’idéal mais rattrapé par la bassesse de sa condition, le monde matériel. Il utilise pour cela toute la palette du langage (cf VH « Réponse à un acte d’accusation »)
2. Il propose une représentation de l’artiste comme un être éminemment duel : puissant et sublime, pourvu d’un don de déchiffrement des signes du monde sensible et réceptif aux correspondances horizontales mais aussi damné misérable irrémédiablement exclu du monde de ses semblables

1. Il doit tout peindre car il est créateur (étymologie de « poésie »), il fait œuvre neuve

a) Il ne réserve pas son talent aux sujets traditionnellement poétiques, donne une dignité à tous les sujets en les transformant en objets poétiques, par une forme d’alchimie. Le poète exerce son don de voir au-delà des apparences, puis il rend cette vision accessible par un processus qui transforme, transfigure (donc son matériau initial est indifférent). Pour ce faire il :

- travaille sur la musicalité (effets de répétitions / allitérations / mots signifiants à la rime / qualité des rimes)

- donne une force singulière de suggestion à ses images

b) Dans cette volonté totalisante il s’affranchit des différents courants qui se centrent souvent sur un type de sujets : en cela il fait œuvre nouvelle.